Le pire roman qu'il m'ait jamais été donné de lire.
A tel point qu'il a achevé de me motiver à créer un compte ici. Car, attention aux personnes sensibles, ce roman ne propose pas seulement une intrigue brouillonne et rendue inutilement complexe par plus de cinquante (!) personnages secondaires, il est profondément amoral. Vous y verrez une normalisation de la pédophilie, du proxénétisme et même du racisme (Les deux premiers points étant présentés comme profondément souhaitables).
On en parle, en effet, de la façon dont dans cette société il est normal de fantasmer sur un adolescent et d'attendre qu'il soit pubère pour vendre aux enchères sa virginité ? On en parle de l'héroïne qui a dix ans sait déjà tout du coït et attend avec impatience que ce soit son tour ? Mais ne vous en faites pas, promis, elle aime ça ! Elle a une marque magique qui fait qu'elle trouve le plaisir dans la souffrance (Et une régénération de ses blessures rapides aussi).
A quatre ans, dans les premiers chapitres du livre, l'héroïne est vendue.
Pesez bien ce mot, vendue. Elle est ensuite achetée à dix ans par un homme. Achetée, pesez encore ce mot. Ce dernier va la former à satisfaire sexuellement ses clients et clientes, ce qu'on appelle de la corruption de mineur, et ensuite va l'utiliser en tant qu'espionne. Méthode d'espionnage ? Je me donne aux clients et je les fais parler sur l'oreiller après le sexe. On appelle ça du proxénétisme, sur mineur, puisque l'héroïne termine le roman à seize/dix-sept ans.
Mais promis, tout cela est normal dans la société du roman, et même parfaitement souhaitable ! le pays entier vénère après tout un groupe d'anges dont un seul avait un sexe féminin. Cette dernière, Naamah, vendra son corps et le reste du groupe vivra à ses crochets. C'est du proxénétisme pur, qui est présenté comme non seulement positif mais souhaitable puisqu'il est vénéré par notre héroïne, qui ne remettra jamais, de tout le roman, en question cette religion.
Je peux aussi vous parler du côté éducation sexuelle. Malgré le nombre de clients qu'aura l'héroïne, il ne sera jamais, dans tout le roman, fait mention d'une quelconque contraception, d'un quelconque avortement, d'une quelconque grossesse ou stérilité. Je sais que c'est un classique dans la Fantasy que les héros qui peuvent faire l'amour tous les jours sans jamais de conséquence, mais rarement ai-je vu un tel classique poussé à ce point et de façon aussi aveugle.
Parlons également du racisme ! Car ce roman est une version décalquée du monde réel. Il a beau jeu de nous présenter des noms altérés, de se prétendre univers imaginaire, mais il s'agit vraiment juste de changements de noms et de l'ajout d'un système magique. Pour ceux qui connaissent la Manche, même les îles anglo-normandes sont présentes sous un autre nom ! Et l'auteure a bien sûr parfaitement travaillé son sujet : Les germains sont des barbares qui dorment sur des peaux d'ours, les irlandais sont des alcooliques consanguins, les italiens des fourbes qui ne voient même pas une menace imminente à leur frontière et les sultans arabes prêtent les femmes de leurs harems aux dignitaires étrangers. Tout cela c'est dans le roman. J'en suis incroyablement soulagé que l'auteure n'ait pas proposé de personnage africain.
Et si vous pensez que tout cela peut préparer un puissant retournement de situation, abandonnez tout espoir !
L'héroïne finit par être l'amie de la princesse héritière du trône. Cette dernière lui révèle être encore vierge puisque, je cite, "Ma virginité est une arme politique.". Cela aurait pu être l'occasion justement de remettre le reste du roman en question ! Pour les deux adolescentes (
Pesez bien cela : Ce sont encore des adolescentes !) de réaliser que ni l'une ni l'autre n'a jamais profité de son corps comme elle l'entendait. Que toutes deux ont été spoliées de leur propre volonté. Mais non.
A la place, on a droit à un jugement de valeur de l'héroïne qui ne comprend pas pourquoi la princesse héritière n'a pas été comme elle déflorée à quatorze ans par un mec ayant l'âge d'être son père, voire son grand-père.
C'est un roman qui n'est pas seulement mauvais. Il est profondément amoral et dangereux, et je suis attristé pour le genre de la Fantasy en général qu'il ait, d'une façon qui m'échappe, pu devenir un roman culte ayant gagné sa place à vie dans les rayons de nos bibliothèques.