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Critique de Marquepages


L'histoire :
Marie Grosholtz naît en 1761, « très petit, petit bébé ». Son prénom est aussitôt raccourci en Marie puis elle est définitivement surnommée « Petite ». Cela commence un peu comme un conte qui raconterait l'histoire d'une petite fille promise à un grand DESTIN. Son père disparaît très vite, il ne restera de lui que le morceau de métal qui soutenait sa mâchoire détruite par la guerre. Marquée toute jeune par le suicide de sa mère, Petite est employée en Suisse au service de l'étrange et talentueux Docteur Curtius, sculpteur sur cire. C'est à partir de ce moment que commence l'apprentissage de cette qui deviendra la célèbre Mme Tussaud.

Ce roman restera sans doute parmi mes coups de coeur de 2021 et les raisons sont multiples. Je vous en donne ici quelques-unes.
D'abord parce que l'auteur a su stimuler et frapper mon imagination. Les descriptions me rappellent tout l'univers romanesque fantastique de mon enfance comme celui Frankenstein de Mary Shelley ou le chef d'oeuvre inconnu d'Honoré de Balzac.
« Il me le confia. Comme animé de sa propre vie, le moulage était encore chaud mais ne tarda pas à refroidir. […] Je l'ai examinée : c'était bien Marie, les yeux fermés, avec le nez de sa mère et le menton de son père. Il me semblait exister deux fois ».
Comment ne pas penser au mythe de Pygmalion en lisant ces quelques lignes ?

Ensuite parce que l'histoire rejoint l'Histoire et que c'est une figure féminine qui se bat sans relâche. le lecteur accompagne Petite dans son apprentissage, contrainte de faire le moulage des têtes tombées sous la Révolution pour survivre. Elle traverse les pires massacres sans jamais baisser les bras alors qu'elle aurait eu mille occasions de laisser tomber.
Mais c'est aussi le Siècle des Lumières qui jaillit au fil des pages. On croise Voltaire, on suit les échappées parisiennes de Louis-Sébastien Mercier, chroniqueur infatigable et personnage savoureux (je lui aurais bien offert une paire de tennis !), auteur du Tableau parisien. le roman fourmille de références culturelles sans jamais être didactique. Un subtil mélange de réalisme qui frôle le merveilleux.
Vous découvrirez Versailles comme vous ne l'avez encore jamais vu. Petite dans son placard, ou évoluant parmi les servantes d'Elisabeth, jeune soeur de Louis XVI dans un décor prestigieux mais tellement soumis à l'étiquette. Petite évoluant dans la galerie des Glaces… Et que dire de Louis XVI justement, et de sa passion insoupçonnée ?
Enfin j'ai aimé ce roman parce qu'il est drôle et poétique à la fois. Edward Carey manie avec habileté et délicatesse l'art du dialogue et de la narration. Combien de fois est-il parvenu à suspendre le temps et à me faire sourire ?
« J'ai souhaité une bonne nuit au serrurier, que j'ai laissé sur notre banc de fortune, en compagnie du serviteur en livrée bleue et de son parapluie ». Quelle belle image !

Vous l'aurez compris, ne passez pas à côté de ce roman ! Je vous conseille de découvrir cette femme courageuse, battante, étonnante Petite Poucette du Siècle des Lumières.

Bonne lecture !


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