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Citations sur Limonov (221)

Si indulgents que soient les russes pour l'alcoolisme,il ne trouvent plus très drôle que leur président se saoule comme un cochon chaque fois qu'ils les représente à un sommet international. Ils ont carrément honte de le voir,lors de célébrations solennelles ,à Berlin, de la victoire de 1945,dodeliner du chef à la tribune,puis se mettre à battre la mesure d'un air de plus en plus réjoui,enfin se lever en titubant et , sous les regards effarés des autres chefs de Etats,prétendre diriger lui même la fanfare militaire. Page 393
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Rétrospectivement, je me demande pourquoi je me suis privé d'un truc [la guerre] aussi romanesque et valorisant. Un peu par trouille : j'y serais sans doute allé si je n'avais appris, au moment où on me le proposait, que Jean Hatzfeld venait d'être amputé d'une jambe après avoir reçu là-bas une rafale de kalachnikov. Mais je ne veux pas m'accabler : c'était aussi par circonspection. Je me méfiais, je me méfie toujours des unions sacrées - même réduites au petit cercle qui m'entoure. Autant je me crois sincèrement incapable de violence gratuite, autant je m'imagine volontiers, peut-être trop, les raisons ou concours de circonstances qui auraient pu en d'autres temps me pousser vers la collaboration, le stalinisme ou la révolution culturelle. J'ai peut-être trop tendance aussi à me demander si, parmi les valeurs qui vont de soi dans mon milieu, celles que les gens de mon époque, de mon pays, de ma classe sociale, croient indépassables, éternelles et universelles, il ne s'en trouverait pas qui paraîtront un jour grotesques, scandaleuses ou tout simplement erronées. Quand des gens peu recommandables comme Limonov ou ses pareils disent que l'idéologie des droits de l'homme et de la démocratie, c'est exactement aujourd'hui l'équivalent du colonialisme catholique - les mêmes bonnes intentions, la même bonne foi, la même certitude absolue d'apporter aux sauvages le vrai, le beau, le bien -, cet argument relativiste ne m'enchante pas, mais je n'ai rien de bien solide à lui opposer. Et comme je suis facilement, sur les questions politiques, de l'avis du dernier qui a parlé, je prêtais une oreille attentive aux esprits subtils expliquant qu'Izetbegović, présenté comme un apôtre de la tolérance, était en réalité un Musulman fondamentaliste, entouré de Moudajhidines, résolu à instaurer à Sarajevo une république islamique et fortement intéressé, contrairement à Milosević, à ce que le siège et la guerre durent le plus longtemps possible. Que les Serbes, dans leur histoire, avaient assez subi le joug ottoman pour qu'on comprenne qu'ils n'aient pas envie d'y repiquer. Enfin, que sur toutes les photos publiées par la presse et montrant des victimes des Serbes, une sur deux si on regardait bien était une victime serbe. Je hochais la tête : oui, c'était plus compliqué que ça. (p. 310-311)
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C'est en Asie centrale, poursuit Edouard, qu'il se sent le mieux au monde. Dans les villes comme Samarcande ou Barnaoul. Villes écrasées de soleil, poussiéreuses, lentes, violentes. A l'ombre des mosquées, là-bas, sous les hauts murs crénelés, il y a des mendiants. Ce sont de vieux hommes émaciés, tannés, sans dents, souvent sans yeux. Ils portent une tunique et un turban noirs de crasse, ils ont devant eux un bout de velours sur lequel ils attendent qu'on leur jette des piécettes et quand on leur en jette, ils ne disent pas merci. On ne sait pas ce qu'a été leur vie, on sait qu'ils finiront dans la fosse commune. ils n'ont plus d'âge, plus de biens à supposer qu'ils en aient jamais eu, c'est à peine s'il leur reste encore un nom. ils ont largué toutes les amarres. ce sont des loques. Ce sont des rois.
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Je vis dans un pays tranquille et déclinant, où la mobilité sociale est réduite. né dans une famille bourgeoise du XVIe arrondissement, je suis devenu un bobo du Xe. Fil d'un cadre supérieur et d'une historienne de renom, j'écris des livres, des scénarios, et ma femme est journaliste. Mes parents ont une maison de vacances dans l'ile de Ré, j'aimerais en acheter une dans le Gard. Je ne pense pas que ce soit mal, ni que cela préjuge de la richesse d'une expérience humaine, mais enfin du point de vue tant géographique que socioculturel on ne peut pas dire que je me sois beaucoup éloigné de mes bases, et ce constat vaut pour la plupart de mes amis.

Limonov, lui a été voyou en Ukraine; idole de l'undreground soviétique; clochard, puis valet de chambre d'un milliardaire à Manhattan; écrivain à la mode à Paris; soldat perdu dans les Balkans; et maintenant, dans l'immense bordel de l'après-communisme, vieux chef charismatique d'un parti de jeunes desperados. (p.34-35)
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On fait semblant de travailler, et eux, ils font semblant de nous payer.
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« Celui qui veut restaurer le communisme n’a pas de tête. Celui qui ne le regrette pas n’a pas de cœur »
Poutine
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Or, après cinq petites années d'expérience démocratique, tous les sondages concordent et il faut se rendre à cette troublante évidence : les gens n'en peuvent tellement plus, de la démocratie, du marché et de l'injustice allant avec, qu'ils s'apprêtent à voter massivement pour le Parti communiste.
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Les derniers jours étaient poignants. Rire avec un ami, s'asseoir sous un tilleul, remonter l'escalier mécanique de la station de métro et sortir à l'air libre, dans l'odeur du printemps à Moscou : tout cela, qu'on avait fait des milliers de fois sans y prendre garde, on s'avisait avec une sorte de stupeur qu'on le faisait pour la dernière fois. Chaque parcelle de ce monde si familier serait bientôt, et définitivement, hors d'atteinte : souvenir, page tournée qu'on ne pourra pas relire, matière d'inguérissable nostalgie. Quitter cette vie-là, celle qu'on avait toujours connue, pour un autre dont on espérait beaucoup mais ne savait presque rien, c'était une façon de mourir.
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Je me dis, tandis qu'on me fait patienter, que mon reportage commence bien : planques, clandestinité, tout cela est romanesque au possible. Seulement, j'ai du mal à choisir entre deux versions de ce romanesque : le terrorisme et le réseau de résistance, Carlos et Jean Moulin - il est vrai que tant que les jeux ne sont pas faits, la version officielle de l'histoire arrêtée, ça se ressemble.
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la vérité, que personne n'ose dire c'est que la guerre est un plaisir, le plus grand des plaisirs, sinon elle s'arrêterait tout de suite. Une fois qu'on y a goûté, c'est comme l'héroïne, on veut en reprendre.
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