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Citations sur V13 (101)

Ce ne serait pas non plus servir justice et vérité de nier que les conditions de détention de Salah Abdeslam sont très dures. Six ans à l'isolement, c'est très dur. Olivia Ronen l'a dit avec véhémence dès la première audience. […] Je l'écoutais, j'étais d'accord avec elle, en même temps je pensais à ce mail qu'à reçu Franck Berton, le précédent avocat d’Abdeslam, pour avoir dénoncé la surveillance vidéo dont son client est l'objet, 24 heures sur 24 :
« Maître
Depuis sa soirée au Bataclan, ma belle-fille est aussi sur surveillance vidéo, 24 heures sur 24, à l'hôpital.
Cette situation ne la perturbe pas car elle est dans un coma profond.
Elle ne perturbe pas non plus mon fils, qui repose au cimetière.
Je respecte votre travail et vos convictions mais il y a des limites face aux gens qui souffrent. » (p.33)
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"A la fin du récit, il a dit à Nadia : ta fille et les autres, ils sont des shahid, martyrs, et entendre de la bouche de ce policier égyptien que les martyrs c'étaient eux, par les tueurs qui s'attribuaient cette dignité dans leur ignorance crasse et manipulée, c'était comme si le monde se remettait à l'endroit."
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Ce ne sont pas des faits qui s'énumèrent et s'épuisent, mais des voix qui se déploient, et toutes - enfin presque toutes - sonnent juste. Presque toutes ont l'accent de la vérité. C'est ce qui fait que cette longue séquence de témoignages n'est pas seulement terrible mais magnifique, et ce n'est pas par curiosité morbide que nous qui suivons le procès ne changerions nos places pour rien au monde ni n'envisageons calmement la perspective d'en rater une journée. J'ai lu, entendu dire et quelquefois pensé que nous vivons dans une société victimaire, qui entretient une confusion complaisante entre les statuts de victimes et de héros. Peut-être, mais une grande partie des victimes que nous écoutons jour après jour me paraissent bel et bien des héros. À cause du courage qu'il leur a fallu pour se reconstruire, de leur façon d'habiter cette expérience, de la puissance du lien qui nous unit aux morts et aux vivants. Je me rends compte en relisant ces lignes qu'elles sont empathiques, mais je ne sais pas comment le dire moins emphatiquement : ces jeunes gens, puisque presque tous sont jeunes, qui se succèdent à la barre, on leur voit l’âme. On en est reconnaissant, épouvanté, grandi. (p.55-56)
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Il faut l’avouer : les gens qui ont le goût des procès, chroniqueurs judiciaires de métier ou d’occasion comme moi, ce sont les coupables qui les fascinent, plus que les victimes. Les victimes, on les plaint, mais ce sont les coupables dont on cherche à comprendre la personnalité. Ce sont leurs vies qu’on scrute pour repérer l’accroc, le point mystérieux où ils ont bifurqué vers le crime. Au V13, c’est le contraire. Les cinq semaines de témoignages des parties civiles nous ont bouleversés, dévastés, et presque quatre mois plus tard ce qui remonte ce sont leurs visages mis à nu par la tragédie. Les accusés, après ça ? On pensait que ce serait passionnant, leurs interrogatoires, en réalité ça ne l’est pas vraiment parce qu'ils n’ont rien à dire. Enfin, rien... C'est bête de dire rien, ça veut surtout dire qu'on n'a pas su écouter. Pas cherché à comprendre. Oublié le grand précepte de Spinoza : ne pas juger, ne pas déplorer, ne pas s'indigner, seulement comprendre. (La position inverse a été défendue par notre Premier Ministre de l'époque, Manuel Valls, en ces termes vertueusement outrés : « Comprendre, c'est déjà excuser. » Je ne suis pas d'accord avec Manuel Valls.)
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"La raison essentielle, c'est que des centaines d'êtres humains qui ont en commun d'avoir vécu cette nuit du 13 novembre 2015, d'y avoir survécu ou d'avoir survécu à ceux qu'ils aimaient, vont se tenir devant nous et parler. Jour après jour, nous allons écouter des expériences extrêmes de mort et de vie, et je pense qu'entre le moment où nous entrerons dans cette salle d'audience et celui où nous en sortirons, quelque chose en nous tous aura bougé. On ne sait pas ce qu'on attend, on ne sait pas ce qui arrivera. On y va."
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J'ai compris que j'avais été grièvement blessée en voulant retirer de mon visage la chaussure d'une personne au-dessus de moi. Je me suis aperçue que ma joue était entièrement détachée et pendait le long de mon visage. J’ai enfoncé ma main droite à l'intérieur de ma bouche pour retirer mes dents pour que je ne les avale pas parce que ça risquait de me faire tousser et d'attirer l'attention des terroristes. (Gaëlle.). J’ai pensé : voilà, c'est ici, c'est maintenant. Cette respiration, c'est ma dernière respiration. La seule pensée qui m'apaisait, c'était de ne pas avoir d'enfant. (Thibault.) (p.73-74)
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Même leurs défenseurs reconnaissent que Mohamed Usman et Adel Haddadi auraient dû participer aux attentats. Même le ministère public reconnaît qu’ils n’y ont pas participé. Arrêtés dans l’île de Kos, ils ont été retardés dans leur voyage. Le 13 novembre, ils auraient dû être à Paris, ils étaient en Slovénie. En justice normale, c’est ce qu’on appelle un alibi en béton, qui conduit à l’acquittement même si on avait de très mauvaises intentions. En justice antiterroriste, non, l’intention suffit et les deux hommes encourent 20 ans de prison. On n’est pas loin de Minority Report, le film de Spielberg d’après une nouvelle de Philip K. Dick, où on arrête les gens avant qu’ils aient commis le crime qu’un logiciel prévoit qu’ils commettront. C’est totalement contraire au droit mais, dans ce cas particulier, presque unanimement accepté. Pourquoi dans ce cas seulement ? Il y a d’autres crimes horribles et, comme l’a remarqué Ménya Arab-Tigrine, avocate d’Ali El Haddad Asufi, on n’en est pas encore à arrêter préventivement comme pédophile tout homme portant une soutane.
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C'est toujours plus ou moins comme ça, la justice : le Code pénal a été inventé pour empêcher les pauvres de voler les riches et le Code civil pour permettre aux riches de voler les pauvres.
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"Vous allez être quarante zigues à répéter la même chose et feindre la même émotion que vous n'éprouverez pas : la dignité humaine...le devoir de mémoire...plus jamais ça...Les trois premiers, s'ils sont bons acteurs, auront un peu de succès, mais à partir du quatrième : on va dire : "Assez !Assez!"
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"Les accusés, après ça ? On pensait que ce serait passionnant, leurs interrogatoires, en réalité ça ne l'est pas vraiment, parce qu'ils n'ont rien à dire. Enfin, rien...c'est bête de dire rien, ça veut surtout dire qu'on n'a pas su écouter. Pas cherché à comprendre. Oublié le grand précepte de Spinoza : ne pas juger, ne pas déplorer, ne pas s'indigner, seulement comprendre. La position inverse a été défendue par notre Premier ministre de l'époque, Manuel Valls , en ces termes vertueusement outrés : "Comprendre, c'est déjà excuser. Je ne suis pas d'accord avec Manuel Valls.)"
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