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EAN : 9781781089385
112 pages
2000 AD (09/11/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
Acclaimed as one of the best comics of 2020, this is the first collection of Dreadnoughts.

Written by Michael Carroll (Judges, Proteus Vex) with art by John Higgins (Before Watchmen, Batman: The Killing Joke) and colour by Sally Jane Hurst (Before Watchmen), Dreadnoughts explores the origins of Judge Dredd's dystopian police state and, in doing so, provides chilling insight into our own historical moment.

The year is 2035 and American ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Changement de modèle de société
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Ce tome se situe dans la mythologie de Judge Dredd, et se déroule avant l'apparition du célèbre juge. Il regroupe les chapitres parus dans les progs (numéros) 2082 à 2086 du magazine 2000AD, et dans les numéros 424 à 429 du magazine Judge Dredd Megazine, initialement parus en 2018 pour 2000AD et en 2020/2021 pour le Megazine, tous écrits par Michael Carroll. L'histoire de 2000AD a été dessinée et encrée par John Higgins, avec une mise en couleurs de Sally Hurst. Celle du Megazine a été dessinée et encrée par Jake Lynch, et mise en couleurs par John Charles. le tome s'ouvre avec une introduction de deux pages du scénariste revenant sur la genèse de la série, et l'objectif de sonder les grandes lignes de la naissance du système des juges, établies dans Judge Dredd : Origines par John Wagner & Carlos Ezquerra. Il se termine avec les 11 premières pages d'un roman court écrit par Carroll, se déroulant à la même époque, et la couverture réalisée par John Higgins, et celle par Cliff Robinson.

Nouveaux territoires : au printemps 2035, il était possible de sentir la nation s'effriter autour de soi. Pendant des années, les meilleurs analystes politiques du pays avaient prévenu que le désastre était inéluctable si les modes de vie ne changeaient pas. Alors on a remplacé ces analystes par d'autres avec des discours plus acceptables. Puis on s'est étonné de découvrir que les problèmes existaient toujours. Les émeutes à Boulder dans le Colorado n'étaient qu'un cas parmi d'autres. Un sénateur avait bataillé pour faire abolir une loi imposant des restrictions sur l'industrie locale. Il avait obtenu gain de cause, et l'usine défaillante avait été vendue à un conglomérat qui avait fini par la fermer. Lors de l'émeute, un manifestant invective avec force un juge qui finit par le sommer de partir et que la manifestation se disperse. L'autre lui tient tête et finit par recevoir un méchant coup de matraque en pleine mâchoire. La manifestation dégénère en affrontement. La capitaine Venn en charge des opérations avait demandé des renforts : Veranda Glover, une unique juge arrive à moto. Alors que la police se bat contre les émeutiers avec leur matraque et leur bouclier, sans dégainer leur arme à feu, conformément aux ordres de Venn, la juge Glover arrive à moto et tire sur les éléments qu'elle juge les plus dangereux.

En 1977, Judge Dredd apparaît dans le numéro 2 du magazine 2000 AD, dans un univers de science-fiction déjà bien défini : un siècle dans le futur, un système politique totalitaire est en place. La démocratie s'en est allée, laissant la place à une forme de fascisme, un gouvernement composé de juges, des policiers concentrant les rôles de maintien de l'ordre, de juge, de juré et d'exécuteur de la sentence. En 1986, une première histoire intitulée Démocratie initie la thématique relative à cette forme de gouvernement. En 2006/2007, le récit Origins décrit à grands traits la mise en place du système des juges et de l'abandon d'un système démocratique. le scénariste situe le présent récit au tout début du déploiement des premiers juges qui concentrent donc les quatre responsabilités précitées et qui commencent à intervenir pour le bien des citoyens, bien sûr. Dans cette première histoire, le lecteur suit l'intervention de la juge Veranda Glover, un nouveau personnage d'une quarantaine d'années. La scène introductive peut rappeler des nouvelles du temps présent, et le scénariste joue le contraste entre le système policier contemporain, et les pleins pouvoirs accordés aux juges, en particulier le respect des procédures policières.

Après l'intervention brutale et définitive pendant l'émeute, la juge Glover prend la responsabilité d'une enquête sur l'enlèvement d'August Suffield, un garçon d'une dizaine d'années. Elle mène l'enquête comme la neutralisation de l'émeute : en usant de ses pouvoirs cumulés, avec un principe de tolérance zéro, et d'action immédiate. le lecteur est happé dans ce quotidien à la fois banal et sombre, grâce également aux dessins de John Higgins, et les couleurs ternes et foncées de Sally Hurst. Les séquences semblent se dérouler sous un ciel plombé, régulièrement en soirée à la tombée de la nuit, avec la pluie régulièrement présente. Les couleurs mettent à profit le gris et le brun, avec une palette restreinte, tout en sachant établir un contraste entre chaque forme détourée pour une lisibilité facilitée. John Higgins dessine dans un registre descriptif et réaliste. Dès l'image d'ouverture qui sert aussi de couverture, le lecteur est face à cette visière qui ne permet pas de voir le regard de la policière et qui reflète l'agressivité de la foule. Il pense tout de suite à des opérations musclées de maintien de l'ordre contre des citoyens venus manifester pacifiquement pour protester contre des conditions économiques indignes, contre un système qui priorise le profit aux dépens de l'être humain, qui harcèle l'individu et protège les grands capitalistes.

La manifestation dégénère du fait de l'impatience d'un policier qui brutalise sauvagement un manifestant : en voyant le coup porté, le lecteur est indigné par la force disproportionnée, par la certitude que le manifestant en portera des séquelles toute sa vie. L'affrontement s'engage entre des citoyens poussés au désespoir et des policiers essayant de ne pas faire de victimes. L'ardeur de la foule est immédiatement calmée par l'irruption de la juge qui ne fait pas dans le détail, et qui n'a pas l'intention de faire de prisonniers : seul le résultat et l'efficacité comptent. le lecteur ne voit pas son visage, juste la terrible précision de ses tirs et des coups qu'elle porte. Lorsqu'elle finit par enlever son casque plus tard, il découvre un beau visage fin et élégant, mais dépourvu d'émotion. Scénariste et dessinateur font en sorte que la narration visuelle reste dans le domaine professionnel de la juge, les interventions policières, sans scène avec uniquement des civils, conservant ainsi cette froideur au récit. L'artiste reste dans un registre très factuel sans accentuer la violence, ou les capacités physiques de la juge ou de ses opposants, ce qui rend le récit encore plus plausible, encore plus terrifiant.

Au fur et à mesure, le lecteur prend la mesure du manque d'humanité d'un tel mode d'intervention où une unique personne peut décider de tout et agir immédiatement, même si Veranda Glover est hautement qualifiée et compétente, bien plus que ses homologues policiers. Il est encore plus horrifié par ses erreurs. L'horreur monte encore d'un cran quand chaque erreur de jugement est en fait compensée par des résultats, et rationnalisée au regard de la Loi. le scénariste continue son escalade terrifiante en montrant comment le citoyen ordinaire accepte cette radicalisation policière dans la mesure où elle punit tous les coupables, quel que soit le crime ou même l'infraction, quel que soit le milieu social. Extraordinaire et glaçant.

Le changement de paradigme : en 2140 à Mega-City One, Judge Dredd et un autre juge interviennent chez une antiquaire, à la suite à un cambriolage. Dredd interroge la propriétaire, sur ce qui a été volé. Il présume qu'il s'agit d'un objet déclaré perdu depuis cent soixante ans. En 2034, une équipe de trois juges intervient dans une base militaire de campagne. le juge Deacon entre directement dans la tente abritant les cadavres, et commence à examiner celui d'une femme non identifiée. le brigadier général Corrado, responsable de la base, survient en indiquant que les juges n'ont pas la compétence pour intervenir dans cette affaire militaire. Deacon conclut que les quatre morts ont été victimes d'un agent neurotoxique. Un groupe de quatre militaires, arme au poing, surgit pour neutraliser les juges : ils sont vite mis à terre, et Deacon suggère à Corrado se mettre rapidement à parler.

Le second récit se charge d'établir un lien plus direct entre l'époque du début des juges et celle du temps présent de Judge Dredd. le lecteur en comprend le caractère nécessaire pour pouvoir légitimer cette nouvelle série appelée Dreadnought. le scénariste se montre astucieux en prolongeant un cas partiellement résolu au temps présent de Dredd pour en voir la conclusion. Dredd intervient égal à lui-même, fidèle aux caractéristiques du personnage. En 2034, le juge Deacon se heurte à l'armée et il applique les mêmes méthodes que la juge Glover : avancer avec les pleins pouvoirs, sans ménager personne, en distribuant des sentences à tour de bras. Les dessins de Jake Lynch présentent des caractéristiques différentes de celles d'Higgins : également descriptifs, mais moins intenses, avec une petite exagération des personnages de temps à autre, et une attention aux décors moins élevée. Pour autant, l'enquête est prenante, et la confrontation entre les nouvelles méthodes des juges, et celles établies sur des principes qui semblaient immuables, est également jouissive.

Développer le passé de l'Histoire du monde de Judge Dredd : ça sent la rentabilisation de propriété intellectuelle, opportuniste et facile. Excellente surprise : Michael Carroll est un très bon scénariste, maîtrisant bien les conventions propres au système des juges, trouvant une tonalité personnelle pour cette époque, établissant un nouveau personnage complexe qu'il est aussi facile d'admirer que de détester, confrontant brutalement deux modèles de société avec élégance et pertinence. La narration visuelle de John Higgins s'avère d'une rare intensité, parfaitement en phase avec la nature du récit. La deuxième histoire est très agréable, même si elle ne présente pas la même intensité que la première.
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