Voilà ce qui arrive quand on a un père absent. On croit que n'importe quelle forme d'attention masculine est bonne à prendre.
" Mais arrête ! Tu lui as fait peur !
- Mon fils n'est pas une mauviette, gloussa Cyril.
- T'auras ton mot à dire quand tu t'occuperas de lui."
Ici, on ne placarde pas les visages sur des briques de lait ! A la rigueur sur un tee-shirt, peut-être ? Mais on voit rarement des signalements de personnes portées disparues aux infos.
Il serra la main de Danny qui lui rendit la pareille un peu maladroitement, non parce qu'il détestait son père, mais parce qu'il ne le connaissait pas, tout simplement.
Leur père, Cyril Pennington, n'avait aucun type de femme en particulier. Il avait cinq enfants. Cinq enfants qu'il avait reconnu, de quatre femmes différentes. Mais reconnaître ses enfants ne signifiait pas verser une pension alimentaire, ni s'impliquer physiquement, mentalement ou émotionnellement. Reconnaître ses enfants, pour Cyril Pennington, c'était en gros "être conscient" d'en avoir cinq (d'ailleurs il en avait sans doute d'autres mais il n'allait pas mener l'enquête), se souvenir de leur nom, parfois leur souhaiter leurs anniversaires et leur demander de l'argent quand les temps étaient durs.
L'enterrement de leur grand-mère était prévu un mercredi. Dimple trouvait bizarre de fixer des funérailles en plein milieu de semaine, mais Nikisha lui expliqua que cela coûtait moins cher.
En raccrochant, elle pleura, pour lui, ou peut-être pour elle. Elle avait toujours rêvé d'avoir un père, mais maintenant que c'était le cas, c'était vraiment pourri.
Certes, elle voulait un enfant, mais elle pensait avoir trouvé en Cyril, un homme qui les aimerait et les soutiendrait, et non un pauvre type capable de déballer au pied levé soixante-quinze raisons pour justifier qu'il lui était impossible de payer la pension alimentaire cette semaine, mais qu'il "pourrait sûrement les aider d'ici quinze jours".
" Ça fait bizarre, hein ? observa Dimple.
- Quoi ? demanda Prynce.
- De se faire larguer par son père."
" Assume tes choix, petite soeur. C'est le seul conseil que je peux te donner." (...)
" Toi, t'y arrives ? (...)
- Mes choix se trouvent juste devant toi, répondit Nikisha en montrant Nicky et Amara d'un signe de tête. Je les assume et les vis au quotidien.