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Citations sur Lento (17)

Lento n’en finit pas de naître. Une femme, jambes ouvertes sur la table d’accouchement, face au corps médical stupéfait. Lent glissement vers la lumière aveuglante. Il défie les lois de la nature. Il impose son rythme. Il n’hésite pas à naître mais il prend ses aises, décide du tempo.
Il sort d’abord la tête de la vulve de sa mère, il sent le glissement des chairs sur son front, son nez souple, sa bouche. Le menton passe. La tête entière émerge. Pour l’instant, il décide d’en rester là. Regarder avant d’aller plus loin. Peser le pour et le contre. Naître n’est pas un mouvement anodin puisqu’il implique la mort. Une mort simultanée à la naissance ? Alors pourquoi ne pas attendre ? N’être pas tout à fait né c’est n’être pas tout à fait. Juste la tête pour ne pas mourir.
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La sensation préférée de Lento est celle de ses poils qui se hérissent.
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Je commençais à voir les odeurs, à toucher les goûts, à entendre les couleurs que mon œil percevait.
Les limites attribuées à chaque sens disparaissent, les perceptions s'aventurent hors de leur domaine. La matière joue avec toi comme tu joues avec elle. Les atomes t'écoutent.
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Le moment le plus important de la journée : son voyage vers la lenteur. Remettre le corps en phase, rouvrir la sensibilité, ralentir chaque geste pour trouver le rythme juste, celui qui va l’accorder au monde. Lento aime penser son corps comme un instrument de musique. Les sens sont les cordes, la sensation le musicien invisible qui fait vibrer, l’orchestre le monde environnant. Lento veut rétablir la fluidité, la libre circulation et malgré les séquelles encore visibles du Speedoron, il sent que son corps en élimine peu à peu les traces. À "À travers champs", lui-même s’appelait le sous-marin. Il mettait toute sa force et toute sa volonté dans un périscope qui lui permettait de sortir de soi et de voir le ciel, l’espace infini, la mer, les oiseaux, les avions dont il aimait les sillages de crème dans l’azur. Il avait peint des sous-marins minuscules, flottant dans un espace bleu. C’est l’une de ces peintures qui avait éveillé l’attention de Julie. Elle avait compris la force de l’enfant, le pouvoir salvateur de l’imagination. Elle lui avait raconté comment Reinaldo Arenas avait survécu à des années d’enfermement dans les geôles castristes en imaginant des éléphants royaux. "L’imaginaire est le dernier refuge de la dignité". Elle lui avait fait lire "Arturo, l’étoile la plus brillante". Comment d’autres prisonniers avaient établi un dialogue avec un insecte, un rat, une blatte, une ombre sur le mur. La chimie psychiatrique vide le territoire de l’imaginaire. Le périscope lui avait permis de glisser le long tube dans ce vide, à en transpercer les cloisons, à traverser les flots et à se perdre dans le ciel. Il avait vu la lune, les étoiles, les satellites au mouvement trop régulier. Il avait vu la foudre, les orages, les éclipses, les nuages chassés par des vents rapides. Tout ce que l’enfermement intérieur tentait de gommer.
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Julie s’installe. Lento l’aide à organiser l’atelier. Le papier, les pinceaux, les pots de gouache.
– J’ai recopié cette phrase d’Otto Gross pour toi. Ecrite en 1913. Quand je l’ai lue, j’ai immédiatement vu ton image.
Lento lit la phrase, concentré :
"Je ne suis pas satisfait de l’ordre social existant. Si l’on considère que la normalité est l’adaptation à l’ordre existant, on peut estimer que l’insatisfaction par rapport à cet ordre est signe de trouble mental. Mais si l’on prend pour norme l’épanouissement de toutes les virtualités innées de l’homme et si l’on sait intuitivement, et par expérience, que l’ordre social existant rend impossible cet accomplissement suprême de l’individu et de l’humanité, alors c’est celui qui se satisfait de cet ordre qu’on considèrera comme malade."
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Il sort d'abord la tête de la vulve de sa mère, il sent le glissement des chairs sur son front, son nez souple, sa bouche. Le menton passe. La tête entière émerge. Pour l'instant, il décide d'en rester là. Regarder avant d'aller plus loin. Peser le pour et le contre. Naître n'est pas un mouvement anodin puisqu'il implique la mort. (p.7)
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Lento n’en finit pas de mourir à la mort.
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