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EAN : 9782070119301
160 pages
Gallimard (10/01/2008)
3.67/5   60 notes
Résumé :
Défiguré à la suite d'un accident, le narrateur émerge lentement de sa solitude, réconcilie la forme et le sans-forme, explore le monde duquel il s'était retiré. Le double regard, celui, distant, d'Almodovar qui le filme et celui, passionné, d'un transsexuel, lui fait comprendre peu à peu qu'il y a une fête au centre du vide.
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« La seule chose qui m'apporte un frémissement continu est l'écriture. le sexe est puissant, il apporte l'invasion, l'oubli, les sensations extrêmes, le silence enfin retrouvé. Je ne crois pas que je pourrais m'en passer. »

24 décembre 2013. J'ouvre ma boite à lettres, je vois une grosse enveloppe blanche. le cachet de la poste ne me laisse pas voir la provenance du paquet. Je décachette précautionneusement et je découvre un livre. le titre m'est inconnu mais il me dénonce sans équivoque le nom de l'expéditeur. Je souris touchée par ce cadeau. Une lettre signée « Père Noël » est glissée entre les pages et la poigne, la verve des lignes, ne laissent aucun doute sur l'identité de cette missive :

« […] Un choc, un grand moment,
le poids des mots, le choc onirique […] »

Me voilà infidèle et ce livre se retrouve dans ma couche durant cinq nuits. Cinq nuits de passion, d'émotion, de jouissance parce que les mots sont puissants et ont éveillé tout ce qu'il y a de plus masculin et de viril en moi.
le théorème d'Almodovar rien que le titre interpelle. Un raisonnement mathématique conjugué au maître de l'ambiguïté sexuelle, un excellent paradoxe qui me laisse présager un choc littéraire.

La beauté physique emprisonne l'individu dans un conformisme social et lui ouvre plus facilement les portes de ce qu'il croit être la félicité et une fin en soi. Mais quand celle-ci s'envole en éclat et que le miroir ne reflète que l'horreur, la peur et le dégout, Antoni doit réapprendre à vivre et faire le deuil de son visage. Il autopsie les abîmes de son inextricable solitude, du besoin de séduire qui ne l'a pas quitté, du regard d'autrui, de l'abstinence, de la mise à l'écart et de sa douleur qui l'ont conduit à un isolement total.

Un Être Magnifique et pénétrant, Lisa, va bouleverser son existence et l'aider à comprendre : « comment une autre fête peut se trouver au centre de l'espace vide ». Une prise de conscience sur les valeurs, le désir, l'identité, le lâcher-prise et l'abandon de soi. Cette biographie de l'auteur est bouleversante de justesse, de respect et de tolérance. le personnage ne tombe jamais dans le pathos. C'est d'un total dénuement entre fantasme et voyage onirique.

L'écriture met nos cinq sens en éveil, un plaisir littéraire furtif mais intense. Pas de pornographie, pas d'éjaculation dans la veine d'un Bukowski. Je parle de jouissance des mots, d'intensité d'écriture. Putain, quel pied ce livre ! Chaque page nous laisse dans le chaos. C'est fort, C'est beau !

Quand deux personnages Almodovarien croisent le chemin d'une Andalouse l'attraction ne peut qu'être fatale.

Le théorème d'Almodovar, quand équation ne rime ni avec « géométrie » ni avec « harmonie »…

« Une larme suffit à faire monter le niveau de la mer. Ce n'est pas mesurable mais c'est réel »

Lien : http://marque-pages-buvard-p..
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Il m'arrive de prendre un bouquin sans raison particulière, juste parce que j'aime le titre du bouquin, juste parce que je ne connais pas l'auteur catalan, juste parce que Pedro Almodovar est un grand réalisateur ou que j'ai envie d'un verre de Chardonnay. Des critères totalement subjectives orchestrés par le coeur et non pas par la raison. Et si suivre le coeur n'était pas la plus belle des raisons. de façon presque impulsive et totalement égocentrique, je plonge dans ce bouquin les yeux fermés, comme dans une bonne bouteille de single malt ou pourquoi pas de cognac. Il est à moi ce bouquin, comme la bouteille. Il devient en moi, comme ce liquide brulant qui s'écoule à l'intérieur de mon corps.

Bon pour ce soir, cela sera un Chardonnay.

Voilà un gars, Antoni Casas Ros, que je ne connais pas et pourtant qui sait si bien me parler ! Il a su comprendre mes émotions, mes peurs et mes solitudes. Deux êtres, nocturnes et déchirés. Un homme défiguré qui a vu sa femme mourir et ne se promène plus que la nuit pour éviter le regard des autres – le monstre, un transsexuel qui arpente le bitume chaque soir pour donner du plaisir aux autres – autre monstre de la Nature. Ces deux êtres étaient faits pour se rencontrer, se trouver et s'aimer. Deux noctambules, solitaires par défaut.

Je n'ai pas envie de t'en dire plus, parce que ce roman se vit, pleinement, intensivement. Il te proposera une ballade onirique, dans la nuit. Tu vois ce cerf, tu te demandes ce qu'il fait au milieu de la route, il te fixe, ce qu'il fait dans la fontaine, il te fixe toujours, ce qu'il fait sur ton canapé. le cerf l'autre héros de ce petit roman si talentueux. Tu ne sais plus si tu navigues dans un rêve, si tu as abusé de la bouteille de cognac, si une fièvre de cheval te fait délirer. Tu hallucines, mais c'est tellement beau, tellement surréaliste, tellement poignant.

Étrange. Émouvant. Et Pedro Almodovar dans cette histoire, me diras-tu ? Il filme cette histoire, il écrit le scénario, il observe. Comme toi, il est ému. Comme toi, il perçoit cette profonde tristesse qui se transforme en profond optimisme. L'amour guérit certains maux, même les plus profonds. AMOUR.

« le Théorème d'Almodovar », la belle, la bête et le cerf.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Lorsque l'on connaît un peu l'histoire d'Antoni Casas Ros, difficile de résister à l'envie de découvrir celle qu'il couche sur papier. Une découverte, c'est tout à fait le mot.

L'auteur nous propose de pénétrer son univers qui se veut atypique puisque bouleversé depuis l'accident qui le défigura, depuis le cerf. Il s'agit d'un monde qui gravite autour de lui, des murs de pensées et des avenues d'émotions.

Les lois de cet univers sont taillées sur mesure, elles sont physiques pour n'être que plus ésotériques, et si c'est en cela que l'ouvrage s'avère être prenant (envoûtant, même), c'est paradoxalement ce qui l'éloigne de nous. le désarroi que provoquent certaines phrases par leur authenticité porte en lui un sentiment d'absence, d'inachevé. Il n'est pas aisé de faire la distinction entre réalité et fantasme ce qui peut troubler, parfois, la lecture psychologique du protagoniste, celle de l'auteur, toujours. Cette ambivalence (volontaire ou non, d'ailleurs) nous invite néanmoins à regarder de plus près celui qui ne se l'autorise plus, la dissection d'une solitude maquillée qui n'attend que la caresse d'un bout de coton.

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Une autofiction étonnante et énigmatique, de magnifiques pages empreintes de poésie et d'onirisme. de la sensualité, du désir, de la passion.
Une jolie surprise car j'ai hésité à commencer ce livre.
Je vous invite à vous reporter vers les très belles critiques rédigées par certains lecteurs, je ne ferai pas mieux.

Le théorème d'Almodovar : "il suffit de regarder assez longtemps pour transformer l'horreur en beauté".
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Premier roman d'un écrivain catalan français, et jolie surprise pour moi qui aime les romans (mais en est-ce bien un ?) avec une touche de poésie...

En deux mots, le narrateur y raconte son parcours (du combattant) suite à un accident de la route (occasionné par un cerf) au cours duquel il perd sa fiancée, mais aussi son visage... En vrai pigeon voyageur, il déménage régulièrement, vivant reclus en donnant des cours de mathématiques via internet, ne sortant que le soir (pour fuir le regard des gens dits normaux), et vivant surtout la nuit.
Il fera des rencontres décisives, comme un transsexuel prostitué au grand coeur, le cinéaste Almodovar , mais aussi le fameux cerf... Tous trois lui en apprendront un peu plus sur ses peurs et ses doutes.

Les thèmes abordés et les réflexions à méditer dans ce court roman sont légion, comme la guerre civile espagnole et le fachisme, la beauté du corps et des arts, le besoin pour tout personne d'être aimée, le regard des autres, la nécessité de vivre SA vie comme on l'entend, ...Tout cela baigné dans un éther de théorèmes mathématiques, de poésie et de surréalisme nous donne - comme vous l'aurez compris - un roman atypique, voire inclassable sortant du lot, comme on aimerait en lire plus. Chapeau donc à l'auteur pour un premier roman de cette verve!

Il va sans dire que son livre 'Enigma' (sortant en juin en poche) compte déjà un lecteur impatient de voir sa sortie en librairie..
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Un jour, j’ai vu une chanteuse de jazz qui tournait le dos au public. J’ai trouvé ça beau. Je voyais son dos bouger. La voix sortait de la totalité de son corps et pas seulement par la bouche. Le langage, les mots reliés directement à la totalité du corps. C’est de cette manière que j’écris. Ce n’est pas une opération mentale, c’est un acte beaucoup plus physique. Mon ventre écrit, mes pieds écrivent, la totalité sensorielle de mon corps écrit et l’esprit n’est là que comme une sorte de relais, de traducteur, qui exprime le vrombissement étrange d’un corps. Lorsque les mots émergent, je suis toujours étonné. Je suis parfois choqué qu’une phrase avec sa structure puisse émerger d’un univers de palpitation indicible.
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Cette nuit-là, Sandra est morte lorsque la voiture s’est écrasée contre un platane. Sa peau est la dernière que j’ai eu contre la mienne, son regard, le dernier regard amoureux qui est agrandi ma pupille. Alors qu’elle avait détaché sa ceinture de sécurité pour s’assoupir la tête posée sur ma cuisse droite, un cerf est apparu, hypnotisé par les phares comme j’étais hypnotisé par son apparence mythique. La 4L a fait une embardée fatale. Nous étions ivres, nous venions de fêter ma maîtrise de mathématiques. Lorsque je suis sorti du coma, une nouvelle vie a commencé. Une longue expérience de la solitude, tout cela à cause d’un cerf surgi de la forêt, les naseaux fumants !
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-Tu n'as jamais été tentée par l'opération ?

-Non, moi j'aime bien être actif et beaucoup d'hommes recherchent ça. Ils sont attirés par la sodomie mais pas assez pour la tenter avec un homme. Avec nous, la peur tombe. Ils se sentent pas homos. Ils voient un visage de femme, un corps de femme et ils sentent quelque chose qui les pénètre... une autre demande. Plus ambiguë.
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J’imagine le cosmos entier composé de suspensions hétéroclites. Une orange croiserait une équation, un arbre un papillon, un rhinocéros une danseuse de flamenco, et moi, mes quarks dansants, éparpillés, je jouirais de ces rencontres fortuites. Sans la pesanteur des corps, nulle fatigue. Les articulations resteraient souples. On verrait de nobles vieillards s’amouracher d’un foetus qui oscillerait, encore androgyne. Les chances de rencontre seraient multipliées à l’infini. Tout cela pourrait se mettre en équation. Je pourrais écrire l’ouvrage qui bafouerait les principes sociaux, politiques et relationnels les plus élémentaires : "De la flottaison des corps". L’aventure, la vraie ! Toute la problématique psychologique serait remise en question. Le monstrueux nombrilisme exploserait. L’impossibilité même de nouer une relation de plus d’un millième de seconde rendrait tout lien aussi léger qu’une plume d’albatros. Les êtres sauraient enfin qu’il n’y a pas de solitude, de devoir, de destin, de passé et de futur. Une suspension des sentiments et des désirs, les sexes jouiraient d’être toujours entourés d’étendue. Les philosophes s’exprimeraient légèrement, ce qui n’est pas leur spécialité. Ah ! Cette légèreté que bien peu connaissent, les philosophes et les autres, et à laquelle j’aspire ! Ce serait en quelque sorte l’Éden mathématique. Voilà à quoi j’occupe mon temps. Ce genre de rêverie m’exalte au plus haut point. Il m’arrive de passer sept ou huit heures sur ma terrasse, plein sud, vue plongeante sur le port de Gênes, sans un mouvement, sauf celui du bras qui va et vient en direction d’une bouteille de cognac.
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J'ai toujours remercié le ciel de ne pas avoir perdu l'un de mes sens. C'est peut être ma chance. Quand on ne peut rien faire, la sensibilité s'exacerbe, où l'on peut sentir, goûter, voir et rêver en se délectant d'une couille de taureau, plat barbare entre tous, que le Catalan se fait un point d'honneur de déguster.
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