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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pourquoi cette interminable tristesse dans le coeur de Gabriele ?
Certes, Nadine l'a quitté, lassée d'un homme qu'elle n'a jamais su aimer.
Une séparation qui l'a mené d'Agen à Cerbère, une envie de mer, de brasses..normal pour un champion de France, pour "il ragazzo di Gallipoli".

Au fond de lui résonne obstinément le bruit de pas sur les cailloux, un cri, un hurlement sur la sirène d'un navire qui s'éloigne, une douleur tapie dans les plis qui le font...celle de sa nona.
De l'exil, il ne connaît que celui de ses parents, un exil paysan, de terre à terre, des Pouilles à la campagne agenaise.
Un exil heureux, source de prospérité, de réussite..alors, pourquoi cette tristesse ?

C'est dans la maison des Fleurs, une grande bâtisse rose abandonnée surplombant le port, qu'il choisit d'enfuir sa solitude.
En acquérant cette demeure, il va découvrir l'existence d'un exil plus violent, celui des réfugiés politiques de la "Retirada" espagnole, après l'avènement de Franco.
Des dizaines d'activistes républicains ou de poètes, cachés dans les montagnes, trouvèrent refuge dans sa maison alors propriété de trois soeurs.
La découverte des carnets de l'une d'elles ainsi que les fresques peintes sur les murs vont le sortir de son engourdissement et faire taire un moment le cri de sa grand-mère.
Trois femmes prises dans la tourmente de la guerre et de ses résistants dont il va suivre la destinée.

Il y a beaucoup d'amour dans ce récit, de la compassion, de la tendresse mais aussi de la pudeur.
Un récit aux couleurs et aux parfums du Sud, des chapitres courts, voire brefs, qui condensent les émotions avec douceur.
Exil du coeur, exil économique, exil politique, voulu ou subi, autant de bessures, d'arrachements à
soi-même avec lesquels il faut composer, qu'il faut apaiser.

Je peux parler d'un coup de coeur tant ma lecture fut empreinte d'empathie et je remercie Félicie pour ce beau cadeau !
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Après son divorce, Gabriele quitte Agen pour Cerbère, dans les Pyrénées-Orientales, à la frontière espagnole. Il jette son dévolu sur la « maison des Fleurs ». Cette bâtisse est appelée ainsi, en raison des prénoms des trois soeurs qui y vivaient : Flora, Bégonia et Rosa. Après le décès de leur mère, leur père et elles s'étaient installées, dans le village, au début des années 1930.


Grâce aux témoignages des habitants de Cerbère, en particulier celui de Clotilde, la boulangère, de tapisseries brodées, de correspondance et de carnets laissés par les trois femmes, Gabriele découvre l'histoire de cette famille. Les trois femmes ont risqué leur vie, en accueillant des Républicains qui fuyaient le régime franquiste, puis des personnes qui voulaient échapper aux nazis. Ces réfugiés sont restés, parfois, plusieurs mois : des amitiés et des amours sont nés. Gabriele reconstitue l'essence de cette maison qui a abrité Clara, Pedro, Anton et tant d'autres, et qui a été témoin de rires et de pleurs, d'abnégation et de trahison, de musique et de peine, de beauté d'art et de lâcheté. Puis, les unes après les autres, les soeurs ont quitté ce lieu de mémoire.


Gabriele est aussi un exilé. Italien d'origine, il n'a jamais affronté ce passé qui le ronge, sans qu'il en comprenne la raison véritable. En reconstituant l'histoire de Flora, Bégonia et de Rosa, il se rapproche de la sienne. Chaque pas le mène vers la possibilité d'acceptation : celle de découvrir sa vérité.


Les phrases sont souvent courtes et percutantes. Dans certaines, la suite du message n'est pas dite, et pourtant, nous l'entendons. […]


La suite sur mon blog...



Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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La Feuille Volante n° 1472 – Juin 2020.

Les trois soeurs qui faisaient danser les exilés – Aurélia Cassigneul-Ojeda – Ateliers Henry Dougier.

Je remercie l'éditeur de m'avoir fait parvenir cet ouvrage.
Quand on achète une vieille maison, on acquiert aussi un peu de son histoire, de celle des gens qui l'ont habitée, surtout si on y découvre de vielles photos, des souvenirs cachés, de vieux cahiers, autant de jalons, de bribes de souvenirs laissés par les anciens occupants. C'est ce qui arrive à Gabriele, la quarantaine, fraîchement divorcé, fils de pauvres immigrés italiens des Pouilles, qui vient de faire l'acquisition, un peu par hasard d'une vieille bâtisse où il vit seul, à Cerbère, cette ville coincée entre la mer et la montagne, à la frontière espagnole. On appelle cette maison rose « La maison des Fleurs » parce ses dernières habitantes, trois soeurs espagnoles bien différentes les unes des autres, parties depuis longtemps, s'appelaient Bégonia, Rosa et Flora et y vivaient avec leur père Diego Sevilla, un artiste peintre. Après leur défaite en 1939, les républicains, fuyant à pied le franquisme, y ont été accueillis, une façon pour elles de gommer la culpabilité d'avoir été épargnées par cette guerre fratricide et meurtrière, alors que la France, « pays des droits de l'homme », les recevait si mal. Gabriele retrouve des clichés, des lettres, des carnets, des traces de cette période de la « Retirada », rédigés par Flora, l'aînée, qui témoignent de la détresse, du désespoir de ces pauvres gens qui ont tout abandonné, un peu comme ses parents partis des Pouilles. C'est comme un livre de bord qui témoigne de l'histoire de Clara, d'Alfredo, Eleidora, Raoul, Pedro qui ont passé ici quelques jours, cachés, pour repartir ensuite dans des camps indignes de la France, « les camps de la honte » a-t-on pu dire, avec la misère et la mort ou vers un autre destin d'exilés. Ils ont marqué leur passage dans cette maison et les « Fleurs » en ont gardé la mémoire. Plus tard, après la déclaration de guerre, ce seront des juifs en fuite, les maquisards et la Résistance, malgré les Allemands et l'Occupation, (plus tard des rapatriés d'Algérie s'y retrouveront) et toujours cette chronique en pointillés, entre témoignages, confidences et non-dits. Bien sûr, au cours de cette période troublée, les « Fleurs » ont connu l'amour, la peur, la cruauté, la trahison, le désespoir, la honte, le deuil, la lâcheté, la solitude et finalement ont quitté chacune leur tour cette bâtisse, son histoire, ses fantômes pour un ailleurs… Grace à ces vies qu'il a connues, en quelque sorte, par effraction, Gabriele s'est retrouvé lui-même à travers les carnets de sa mère qu'il n'avait pas pu lire auparavant .
Plus qu'un roman, c'est une évocation de cette période qui a déchiré l'Espagne et qui s'est prolongée par une dictature de quarante années, privant pour longtemps les républicains de leur pays, les contraignant à s'établir ailleurs où ils n'ont été que des étrangers, condamnés plus que les autres à réussir leur vie en oubliant leur langue et leurs racines pour s'intégrer à leur nouvelle patrie. Cette obligation d'exil rejoint, mais dans un autre contexte, celle des parents de Gabriele qui eux aussi ont été des « ritals » à leur arrivée en France, un peu trop vite qualifiée de « pays de la liberté ». Cet ouvrage est d'une brûlante actualité quand les immigrés frappent encore aujourd'hui à nos portes.
C'est une réflexion sur la mémoire, sur la vie de ces trois femmes qui ont vu dans cette maison se dérouler sous leurs yeux une page d'histoire, une réflexion sur la manière dont on mène sa propre vie, à la recherche légitime du bonheur, concept un peu vague construit intimement à coups de certitudes personnelles, de rêves de jeunesse, d'espoirs et d'illusions, qui peut être un rendez-vous manqué sans qu'on n'y puisse rien parce que des événements extérieurs ou simplement les autres sont venus bousculer cette quête et en ont fait une impossibilité définitive, douloureusement frustrante. Flora, l'auteur de ces carnets fait en quelque sorte le bilan de leurs vies aussi contrastées qu'elles ont été différentes et cela consacre l'effet cathartique de l'écriture, des mots écrits qui conservent la mémoire, qu'on ne garde plus pour soi et qu'on confie au fragile support du papier pour exorciser sa souffrance intime.
C'est un témoignage poignant fort bien écrit avec des descriptions poétiques somptueuses. Cela fut pour moi un bon moment de lecture et un réel plaisir. ©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite
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Une très bonne lecture de cette rentrée, avec "l'enfant céleste". Malgré le nombre important de personnages et les nombreux voyages dans le temps (habilement gérées par l'auteure), j'ai tout de suite adhéré à cette histoire pleine d'humanité. Au fil des pages et à travers les paroles du "racontant", Gabriele, on se rend compte que c'est le problème de l'exil qui est traité, et la conclusion, très explicite ajoute encore une dimension à ce récit. Au fil des pages, Aurélia Cassigneul-Ojeda a su maintenir une tension et une ambiance de mystère qui sont particulièrement prenantes. Nulle longueur dans son travail. le découpage du récit en chapitres brefs, la succession des "prises du vue", donne un rythme plutôt soutenu au déroulement de l'histoire.
Ses personnages principaux ou secondaires, sont attirants et dépeints de façon pittoresque. On imagine peu à peu la vie trépidante qui a animé la vie de la grande maison acquise par Gabriele.
Dans un passage du livre est évoqué le rôle joué par la maternité d'Elne dans les Pyrénées Orientales. En complément à ce roman évoquant le dévouement des "trois soeurs" peut-être pourriez vous lire ou relire le très beau livre "Les enfants d'Elisabeth" d'Hélène Legrais ; je vous le conseille.
En résumé, beaucoup d'humanisme et aucun misérabilisme dans ce livre qui traite de la "Retirada" des réfugiés républicains espagnols en particulier, et de la douleur de l'exil sur un plan plus général. Un beau talent de plume qui donne envie de découvrir d'autres ouvrages d'Aurélia Cassigneul-Ojeda.
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Gabriele arrive à Cerbère empli de doutes et de peurs. La mer, la nage sont ses seuls remèdes à un mal être profond. Il se rappelle peu de sa vie avant son exil, seul subsiste le souvenir de sa grand-mère, de son odeur, de ses cajoleries et son cri déchirant quand ils ont pris la mer.
Gabriele divorce, part loin de cette vie qui est loin de lui correspondre. Une identité bafouée, des origines mises sous silence, un déracinement qui perdure depuis plus de quarante ans. Il s'épuise dans les vagues fuyant une vérité dont, lui-même, n'a pas encore conscience. La maison des Fleurs s'érigent comme un phare dans sa vie. Un coup de coeur, une passion naissante pour ces murs où sont emmurés des secrets, des vies, des souvenirs, des larmes, des cris, des horreurs. Malgré l'abandon, cette villa respire la vie, la joie. Gabriele fait ainsi un premier pas vers ses origines en l'achetant. Tout en la retapant, il se reconstruit, morceau par morceau. Lorsqu'il trouve le carnet de Flora, il s'immerge dans les souvenirs d'un autre temps mais qui résonne tant encore. Pages après pages, mots après mots, la douloureuse vérité s'égrène au rythme des rires, des larmes, des violons, des couleurs. Une multitude de vies, de noms, de visages anonymes et figés dans une souffrance silencieuse indue à l'exil. La guerre d'Espagne frappe. Les Républicains tombent sous les balles des franquistes. La fuite, la survie, l'échappatoire vers un refuge neutre, La France. La maison des Fleurs, première étape vers une liberté qui n'a de sens que lorsqu'ils échappent aux camps de travail qui fleurissent le long de la côte. Guêpier mortel. Les soeurs dans leur villa, chantent, dansent la vie, essuient les larmes, requinquent les vies démolies. Puis l'Espagne ne rejettent plus d'âmes en peine. Viens le temps où la France doit faire face à ses démons. Les Nazis s'installent, la résistance se met en branle, un nouveau combat pour les soeurs. Et puis la vie fait son oeuvre, la mort, les amours éclatent la famille.


Gabriele au détour des pages pansent ses blessures profondes, comprend l'insaisissable, devient l'homme qui l'a toujours voulu, un homme avec son histoire et ses origines, ses racines.


LES TROIS SOeURS QUI FAISAIENT DANSER LES EXILES est un roman électrifiant, saisissant, intemporel. Aurélia Cassigneul-Ojeda y raconte les vies avec une certaine volupté. Celles fracassées, révoltées, enragées, passionnées. L'exil est un thème fort quelque soit le contexte dans lequel il s'opère. Qu'il soit dû à l'économie où à la guerre, il ne laisse aucunement indifférent. L'auteure choisit la puissance des mots pour peindre un tableau subjuguant et terrifiant où la douleur côtoie le bonheur, où la résilience fait route avec l'abnégation, où les couleurs explosent à leur contact. Une écriture puissante qui enserre le coeur.
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
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Bonjour, je vous parle aujourd'hui d'un roman que j'ai adoré "Les trois soeurs qui faisaient danser les exilés" d' @aurélia cassigneul-ojeda aux éditions Ateliers Henry Dougier. Nous sommes dans les années 70, Gabriele après son divorce s'installe à Cerbère à la frontière de l'Espagne pour se reconstruire. Il achète la maison des fleurs et va revivre au travers de dessins et de textes qui ont été laissés par les précédents habitants toute une époque, celle de la guerre civile espagnole, celle de l'exil, de la seconde guerre mondiale. L'importance qu'ont eu les trois fleurs de cette maison. Cette plongée dans l'histoire va le plonger aussi dans la sienne. Il va revivre la vie de ces trois jeunes femmes amour, joie, peine, et nous la faire revivre aussi. Un livre sensible, humain poétique. Je me suis régalée et je vous le conseille vivement.

Quatrième de couv.Un homme, une maison dans les Pyrénées et les souvenirs de trois soeurs au coeur de la guerre civile espagnole puis de la résistance française...

" Elles s'appelaient Flora, Begonia, Rosa. Elles étaient trois, elles étaient soeurs. Elles habitaient cette maison, à Cerbère, cette grande maison qu'aujourd'hui j'habite. Sous leurs fenêtres l'histoire roulait des flots d'hommes et de femmes. Sous leurs fenêtres la mer se balançait. Un jour elles sont parties, ont tout abandonné. "

Seul, blessé, Gabriele s'installe à Cerbère pour commencer une nouvelle vie. Il achète la Maison des fleurs, une grande bâtisse rose qui surplombe le port, abandonnée depuis des années ; il plonge alors dans la vie de trois jeunes femmes, trois soeurs qui l'habitaient, prises à leur insu dans les griffes de l'histoire, de la Retirada espagnole à la résistance française. À trente années d'écart Gabriele revit leurs peurs, leurs joies, leurs amours et la mémoire de l'exil.
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Une très belle écriture, fluide et poétique. On ne lâche pas ces trois soeurs dont l'histoire, bien au-delà d'un simple récit mémoriel bien documenté, résonne avec nos propres quêtes et les vides qui les accompagnent. Les tensions et les joies sont mêlées dans un rythme qui relance sans cesse la lecture et le plaisir qu'on en tire. Bravo !
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Les trois soeurs font danser les exilés et nous emmènent nous, lecteurs dans le tourbillon de leur vie . En même temps que Gabriele on se laisse prendre, on suit le fil de leur histoire mais aussi celle de Gabriele. Certains seront touchés par l Histoire, la guerre et l'exil faisant écho à leur passé, d autres par la vie intime de ces personnages , les épreuves qu'ils traversent et la force qu'ils ou elles ont. On oublie que c est Gabriele qui lit les carnets et on voudrait qu'il ne les referme pas.
L'écriture est parfois saccadée et presque brutale comme les épreuves que traversent les 3 soeurs , les non dits inséparables de la clandestinité ; elle peut être au contraire déliée comme les longues brasses de Gabriele le nageur , mais elle est surtout poétique emmenant le lecteur de Cerbère en Andalousie en passant par les Pouilles pour un voyage beaucoup plus intime touchant ce que chacun a en soi de plus profond, la quête de son identité et de son passé.... plongez dans cette lecture , vous « survolerez les époques » et comprendrez que « le temps n est rien ».
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