Vers la fin de leurs études, mes deux filles ont dû se soumettre à toute une batterie d'examens et écouter des heures de conseils pédagogiques très élaborés sur la manière de bâtir sa carrière. Le seul conseil qu'on nous donnait de mon temps était bien plus simple et nettement moins coûteux : "trouvez ce que vous aimez faire le plus au monde, et ensuite trouvez quelqu'un qui soit prêt à vous payer pour que vous le fassiez." C'est à ce jour la meilleure recommandation que j'ai reçue.
Je n'ai jamais compris le discours des Britanniques sur "le narrateur peu fiable". C'est l'obsession des critiques. Tous mes narrateurs sont fiables. Ils présentent sans détour la vérité sur le monde. Je ne vois pas l'intérêt de lire un livre dont le narrateur serait un escroc !"
(page 58)
"D'après moi, les notes d'humour dans certains de mes romans permettent d'évacuer une bonne partie du malaise que ressentent les adultes quand ils doivent confronter des enfants à des sujets difficiles." L'humour : une façon très maligne effectivement d'être subversive... mine de rien.
(page 48)
C'est ainsi, Anne Fine ne peut pas s'empêcher de dire la vérité, de la chercher sans relâche, d'affiner son point de vue sur les choses et d'avancer dans son intelligence du réel : "J'écris des livres pour adolescents et pour adultes lorsque quelque chose me tracasse et que je veux trouver quelle est ma position face à ce problème. Avec L'Amoureux de ma mère et Madame Doubtfire, je m'interrogeais de toute évidence sur les conséquences du divorce et du remariage pour les enfants. J'ai reçu des tas de lettres d'enfants qui en avaient fait l'expérience et qui déclaraient que le dénouement heureux de L'Amoureux de ma mère était, comme ils disent souvent, "bidon". Je me suis attelée au Jeu des sept familles pour revenir sur les familles recomposées. Je crois que le meilleur moyen de se rendre utile, pour un auteur, c'est de montrer aux gens à quel point la vie est compliquée".
(page 46)
Il est écrit dans Mauvais rêves : "Quand quelque chose te tarabuste, jette-le sur le papier, ça aide toujours."
(page 40)
Anne Fine a coutume de citer la phrase de Jan Mark : "Les écrivains n'écrivent pas sur les gens qu'ils connaissent. Ils écrivent ce qu'ils connaissent sur les gens." Rien d'étonnant à ce que beaucoup des livres à venir nous apparaissent , dans leur construction, comme de véritables "portraits".
(page 37)