Annaîck Labornez, destinée à la célébrité sous le nom de Bécassine, eut pour première demeure la métairie que ses parents cultivaient à Clocher-les-Bécasses, non loin de Quimper.
Sa naissance ne fut pas signalée, comme celle des héros de l'antiquité, par des tremblements de terre et des pluies de feu. On remarqua seulement à cette épôque un fort passage d'oiseaux sauvages: oies, canards et bécasses.
< < ... Et puis, c't'idée de l'appeler Annaïk ! Avec toutes les Annaïk qu'y a dans le village, ça fera de l'embrouille. Quand dans la rue, je crierai : Annaïk ! ça sera vingt fillettes qui arriveront.
Faut lui trouver un surnom > >
Le signal du départ arrêta ses réflexions.
Ce fut un beau baptême. La propriétaire du château Mme la marquise de Grand-Air, chez qui la mère d'Annaïk allait travailler en journée, vint assister à la cérémonie. Les Labornez ne furent pas peu fiers en la voyant arriver dans sa chevaux.
A la sortie de l'église l'oncle Corentin jeta à la volée des quantités de dragées et de sous aux gamins ; puis aux sons du biniou, on dansa sur la place.
Les deux petites filles avaient été installées à l'ombre d'un grand chêne. Annaïk riait de toute sa figure ronde, annonçant son heureux caractère, tandis que sa cousine était plus que jamais Marie Qui-Louche.
L'heure du dîner sonna. Tous les estomacs criaient famine, mais il y eu un moment d'inquiétude : l'oncle Corentin a disparu.
Qu'est devenu le parrain ? Il arriva enfin.
< < Pendant que vous dansiez, j'ai été chasser...
Tenez, ma nièce, mettez rôtir vivement ces bestioles. Ça ne fera pas le plus mauvais plat du dîner > >
Puis revenant à son idée d'avant le baptême et regardant Anaïk :
< < C'est-y dommage tout de même qu'elle ait pas au milieu du visage, un nez comme ces oiseaux-là ! > >
Ce disant, il prit une des bécasses qu'il apportait, cacha le corps dans sa large main, et présenta le bec devant la figure de sa filleule.
< < Une vraie petite bécassine, dit en riant Quillouch...
Eh mais ! oncle Corentin, le voilà le surnom que vous cherchiez ! > >
< < Oui, oui, cria toute l'assistance... Bécassine ! Bécassine !
Ma foi, avoua Corentin, ça lui va comme un gant ! > >
Et c'est ainsi que, malgré les protestations de la mère, Annaïk Labornez devint Bécassine.
Annaïk Labornez destinée à la célébrité sous le nom de Bécassine, eut pour première demeure la métairie que ses parents cultivaient à Clocher-les-Bécasses, non loin de Quimper.
Sa naissance ne fut pas signalée, comme celle des héros de l'antiquité, par des tremblements de terre et des pluies de feu. On remarqua seulement à cette époque un fort passage d'oiseaux sauvages : oies, canards et bécasses.
Anaïk Labornez était un gros poupon, rose et dodu. Elle avait des yeux et une bouche minuscules, son nez était si petit qu'on le voyait à peine.
Et cela désolait ses parents qui chaque jour, mesuraient le pauvre petit nez :
< < Y pousse pas, disaient-ils. Quel malheur ! On va être la risée de tout le pays ! > >
On est en effet, persuadé à Clocher-les-Bécasses, que l'intelligence est en proportion de la longueur du nez. Cette croyance bizarre tient sans doute à ce qu'on voit dans le petit bourg, à l'époque des bains de mer, un grand savant, membre de nombreuses académies, qui est doté d'un appendice nasal formidable.
Ce nez trop court navrait d'autant plus les époux Lebornez que leur fille avait une cousine presque du même âge qu'elle, Marie Quillouche, qui ne laissait rien à désirer au point de vue du nez.