Urgence sanitaire

Nous allons devoir coexister avec ce virus. Mais celui-ci doit d'ores et déjà nous interroger sur notre mode de vie. Il est nécessaire d'y réfléchir car le principal risque que nous courons est, en fait, la survenue d'une nouvelle épidémie alors que nous sommes loin d'en avoir fini avec celle-ci. Car les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il faut donc écouter son message et réfléchir à un autre mode de développement plus social, plus solidaire, et plus écologique, si c'est possible.

Le fait de prononcer le mot "guerre" n'est pas anodin et renvoie à l'introduction d'une législation d'exception : la suspension de l'état de droit et son remplacement par un état d'urgence sanitaire qui allait courir jusqu'à mi-juillet. Il fallait donner un cadre légal à la suppression de beaucoup de libertés, du fait du confinement : celle d'aller et venir, de se réunir, de se rendre sur son lieu de travail, d'entreprendre... L'état d'urgence sanitaire est voté précipitamment le 23 mars 2020. Certains parlent de "dictature sanitaire". Sans aller jusque-là, il est peu contestable que les libertés individuelles ont été sacrifiées sur l'autel de la santé!

C'est la destruction accélérée des habitats des animaux, et principalement de la forêt, qui explique notre vulnérabilité croissante aux agents infectieux qu'ils hébergent naturellement. L'urbanisation anarchique et l'industrialisation croissante entraînent la déforestation qui met de plus en plus en contact des animaux sauvages et des hommes. Les agents infectieux passent ainsi de l'animal à l'homme ; ils deviennent pathogènes et responsables de pandémies du fait de l'absence de toute immunité.

L'urbanisation anarchique et l'industrialisation croissante entraînent la déforestation qui met de plus en plus en contact des animaux sauvages et des hommes. Les agents infectieux passent ainsi de l'animal à l'homme ; ils deviennent pathogènes et responsables de pandémies du fait de l'absence de toute immunité. Lorsqu'on abat les forêts, les animaux se rapprochent de l'habitat de l'homme, et les contacts deviennent très fréquents.

Nous en sommes à la quatrième infection émergent depuis le début du siècle ( MERS, SARS, grippe A/H1N1 de 2009, Covid) dont trois liées à des coronavirus. Il est difficile d'imaginer qu'il faut se préparer à la suivante alors que l'on n'est même pas sorti de celle-ci. Pourtant, il le faut. Mais que cela ne nous empêche pas d'apprendre à revivre en protégeant les personnes fragiles, dont nos anciens.

Comme voyageur et spécialiste de médecine des voyages, je m'interroge sur la place de l'avion dans notre économie et dans notre vie quotidienne. Une fois constaté qu'il s'agit d'une maladie du voyage, transportée par les voyageurs, il faut réfléchir à diminuer les voyages aériens. Ceux-ci concourent à la pollution, au réchauffement climatique, sont le véhicule d'un tourisme de masse, autant de vecteurs de la destruction d'un environnement qui pourra de moins en moins laisser une place à tout le monde si l'on continue comme ça.

La seule certitude est que la naissance de ce nouveau virus est due au franchissement de la barrière d'espèce, un phénomène de plus en plus constaté dans le monde du vivant. La barrière d'espèce est la frontière qui protège l'homme des agents microbiens hébergés par les animaux domestiques et sauvages. Elle empêche les microbes de passer facilement de l'animal à l'homme.

Il faut une dizaine d'années pour former un médecin, trois ans pour former une infirmière, et il n'y a pas de volonté politique de rouvrir des lits ou des hôpitaux. C'est théoriquement possible, car beaucoup des hôpitaux, vidés de leurs malades et de leurs lits, n'ont pas encore été réutilisés à d'autres choses. Mais, de toute façon, il nous manquerait les médecins et les infirmiers pour s'occuper des malades. C'est la pénurie de personnel qui est le principal problème ! On n'imagine pas le nombre de médecins occupés à faire autre chose que de la médecine...

J'espère simplement que les erreurs initialement commises ne se reproduiront pas. Mais j'ai des doutes.
Errare humanum est, perseverare diabolicum.
Les mêmes hommes sont aux commandes, les mêmes errances semblent se reproduire. Il n'y a toujours pas de pilote dans l'avion.

La culture et le sport font partir de la vie et ne doivent pas être victimes des erreurs passées, comme lors de rassemblements religieux, tenus à une époque où les gestes barrières n'avaient pas été respectés. Mais cela ne peut s'envisager sans un protocole sanitaire strict. L'enjeu est de taille. la vie doit reprendre.