AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de MartinEden87


« J'étais parti pour raconter les Ritals, je crois qu'en fin de compte j'ai surtout raconté papa. »

C'est avec tendresse et un soupçon d'humour que François Cavanna - co-fondateur de Hara-Kiri et Charlie Hebdo (première époque) - se remémore son enfance de fils d'immigré italien dans la ville de Nogent sur Marne - dans les années 20/30. Une emphase effectivement est mise sur les souvenirs liés à son père. Immigré italien et ouvrier illettré, dont le caractère volontaire et maladroit - accentué par son accent italien (dialetto) a couper au couteau - ne manque jamais d'émouvoir le lecteur. C'est aussi une peinture burlesque de la France de l'entre deux guerres. Un pays partagé entre la tentation Front Populaire et le fascisme. On voit que très tôt le jeune François a eu conscience de l'hypocrisie de la morale bigote religieuse, outil d'asservissement des riches sur les pauvres. Peu étonnant qu'il ait été à l'avant-garde de cette génération qui avait comme désir farouche de « bouffer du curé », des décennies plus tard.

« Nogent est laid, Nogent est con, Nogent est mort. Comme tout le reste. »

C'est suite au lobbying d'une connaissance que je me suis penché sur cet ouvrage. À ma grande surprise, et résidant dans une des communes limitrophes de Nogent sur Marne, certains noms évoqués ne m'étaient pas inconnus. Évidemment, le Nogent évoqué par Cavanna s'est considérablement métamorphosé, comme toutes les communes de la petite couronne parisienne. Accroissement de la population, immeubles de béton, construction de la A4 aux abords de la Marne. le charme bucolique d'antan a cédé sa place à un paysage urbain qui ferait lâcher une larme aux plus nostalgiques.

On se laisse facilement emporter par la plume de l'auteur, un ton populaire proche du langage parlé. François Cavanna signe une biographie entre « Les 400 coups » de François Truffaut et « Mort à Crédit » de Céline. Je dis ça pour donner une idée de la tonalité générale. Je ne pense pas qu'il y avait une volonté de Cavanna de se situer dans le sillon d'un auteur quelconque. Sinon, retranscrire avec ses mots à lui - un langage perdu et plus parlé depuis des lustres - les joies et les peines d'être né enfant d'immigré italien : un Rital !
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}