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Critique de Zakuro


Zakuro
29 septembre 2014
Dans le cadre de la Voie des Indés, j'ai lu ce livre-hommage de Jana Cerna à sa mère Milena Jesenska née en 1896 à Prague et morte dans le camp de Ravensbrück en 1944. Je remercie les éditions de la Contre Allée de réediter ce texte écrit en 1967 pour faire connaître à de nouvelles générations l'engagement de cette femme exceptionnelle dont la vie est loin de se résumer à sa relation d'amour épistolaire avec Franz Kafka.
Témoignage filial, récit historique de la Tchécoslovaquie de l'époque, je pense surtout que "Vie de Milena" est un hommage au métier de journaliste et à la manière dont Milena le pratiquait.
Jana Cerna qui a perdu sa mère à l'âge de 11 ans écrit avoir hésité longtemps à parler de Milena car elle n'avait pas la certitude de tout dire d'elle. C'est donc par ses souvenirs d'enfant, des témoignages oraux et d'articles de presse que l'auteure parle de sa mère. Ce qui peut expliquer le ton assez neutre que j'ai pu ressentir dans ces pages où l'émotion est tenue à distance. Mis à part le moment très bouleversant où Jana Cerna retrouve sa mère pour la dernière fois.
Dans le milieu bourgeois de Prague, Milena fréquente les cafés littéraires avant de partir pour Vienne où elle fait ses premiers pas en tant que journaliste :" Milena a choisi sa profession en toute lucidité, avec une certitude absolue.A tous points de vue, le journalisme lui allait comme un gant : le contact direct avec son lecteur lui était aussi nécessaire que l'engagement dans la vie politique du moment". Milena parle au monde et à tout ce qui fait leur quotidien mais écrit aussi des articles très avant-gardistes sur les grands concepts sociétaux comme le bonheur dans le mariage. D'ailleurs, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ces extraits très modernes et pertinents (point de rupture entre Milena et F. Kafka).
Très proche des gens des rues, Milena les aide à sa manière avec son sens de la solidarité et de la générosité.
De retour à Prague, elle écrit dans des journaux communistes avant de s'opposer et de publier dans des journaux clandestins. A partir de 1939, elle s'engage activement dans les réseaux d'aide aux Juifs. Arrêtée, Milena est internée pour dissidence politique.
Fine observatrice de son temps, elle écrivait et agissait en fonction de ses convictions plus que par idéologie.
Je n'oublierai pas Milena.

Je remercie infiniment Libfly et les éditions de la Contre Allée.

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