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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En ouverture je voudrais poser la question de savoir si nous vivons bien en démocratie ? Personnellement j'en doute , car pour ce que j'en sais , des versions non modifiées des sources abondantes de l'antiquité classique , sont toujours enfermées sous clefs ( maintenant dans un cimetière numérique ) , sous prétexte qu'elles sont dérangeantes moralement ..

Alors que la pudibonderie menace à nouveau d'enterrer et d'engloutir le peu et le dramatiquement pas assez utilisé , très fantasmé , témoignage ( assez « hot » ) du décalage de civilisation ( je reste pudique ) entre nos belles sociétés libérales et l'antiquité soi-disant presque décadentes ou post soixante-huit hard avant l'heure et à manier avec précaution , surtout en ces temps troublés . Des documents qui pourtant ont eu le bonheur d'echapper à de nombreuses destructions partielles .

Je pense qu'il est de mon devoir absolu d'ami de l'antiquité , de vous rappeler ce que Suétone disait De César : « César était le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris. » . Cet homme , qui a jeté les bases de la notion d'empire en Europe , ne dédaignait donc pas d'être passif et de s'offrir généreusement à des hommes libres !

César avait pour objectif politique de prendre le pouvoir , seul ou pas trop seul , cela s'est modifié au grés des contingences politiques et au fil du temps , au début avec Pompé ensuite seul contre tous .
Il avait pour but de recentrer la République , dans une perspective plus nettement au bénéfice de la plèbe . Quitte à ce que les institutions en soient potentiellement modifiées , mais pas très en profondeur cependant , plus dans leur poids respectifs et dans leur économie globale que dans leur nature .

L'espace celtique continental est à ce moment encore très vaste , même s'il est en repli très net ( devant les poussées germaniques et slaves , indirectement ) , du Languedoc au Rhin et sur une partie des Alpes c'est un espace principalement celtique qui domine .

Rome a déjà fait antérieurement la conquête de la Transalpine ( celtique de la plaine du po ) , de la Narbonnaise ( donc du Languedoc , de la Provence , de Marseille ... ) .

César avait assez peu de soutient parmi les patriciens romains ( hormis Pompée ) .
La conquête de la Gaule chevelue , lui apportera à la fois , deniers en abondance , prestige politique et moyens militaires personnalisés .

Avec César et son passage du Rubicon , avec les guerres civiles qui ont précédées , et celles qui suivront , c'est un climat qui montre et montrera que le régime républicain , qui à bâtit Rome , semblait condamné à évoluer vers autre chose , sous la pression des maisons patriciennes rivales et opportunistes , mais aussi sous la pression des pronunciamientos militaires , et des tensions sociales amenées par une plèbe exigeante et nombreuses .

César , un nom gentilice , en viendra à définir une institution ( César a donné Tzar par exemple ) , la fonction impériale naitra officiellement avec Auguste son « successeur «.

Ce régime continuera d'un point de vue politique à tirer sa légitimité du Senat et du Peuple de Rome , mais également de ses couteuses et efficaces armées populaires et polyvalentes .

Les intérêts de césar sont parfaitement lisibles dans ce texte où il a pour ambition d'asseoir sa légitimité politique au jugé et à proportion de ses compétences et de ses capacités .
Le plus gros du texte est De César et Cicero ( le républicain forcené ) en vantera d'ailleurs les qualités de style , qui font selon lui de ces commentaires , un texte , franc , non excessivement élusif , clair , très factuel ...

Le lecteur appréciera chez l'auteur , l'art subtil de se mettre en valeur sans mépriser et sans trop dévaloriser l'ennemi ( du moins de ne pas le faire systématiquement et sans mesure ) et , sans dévaloriser non plus ses subordonnés , mais au contraire , en montrant qu'il sait les mettre en valeur , mais pas trop non plus non plus et nécessairement . César est l'homme du peuple romain et il aime ses hommes qui ne sont pas que des soldats . le lecteur contemporain ne dois pas l'oublier . Ils sont le peuple de Rome en marche ( pour la plupart encore , à cette période républicaine tardive )

César offre à Rome et à la plèbe de cette citée, la Gaule chevelue sur un plateau , et c'est ses qualités de stratèges et de politiciens aguerris qui lui ont permis de le faire , c'est le message des commentaires .
Cependant césar avait effectivement , beaucoup de qualités , c'est incontestable . le fait est que son égo est très peu surdimensionné en fait et de fait !

La guerre des Gaules est un texte très agréable à lire , que tout à chacun devrait lire , car ces évènements ont finalement modifié radicalement notre pays en profondeur et , en jetant les bases d'une Gaule latine , c'est la France que nous connaissons qui deviendra possible , et c'est un univers culturel entier qui sombrera dans l'oubli en contre mesure ( l'heritage celte ) .

Ces commentaires sont des textes passionnants , très vivants , circonstanciés et très pragmatiques , de portée très éclectique .
Ils sont véritablement une fabuleuse opportunité de découvrir des civilisations , des mentalités , des pays, des climats , des dieux , des temples , des institutions variées et pas seulement politiques , une géographie humaines .

Cependant c'est aussi un texte qui permet de saisir le caractère époustouflant des armées romaines et de leurs nombreuses compétences variées et multiples . C'est ainsi que César fait construire et détruire un pont sur le Rhin en un rien de temps . Vous serez étonnée de savoir que les gaulois portent des pantalons , qu'ils fabriquent des tonneaux , qu'ils ne font pas d'imago de leurs dieux , qu'ils n'écrivent pas les choses sacrées , qu' ils ont le culte des sources , que leur batelerie est d'une efficacité redoutable , que les druides sont les ennemis viscéralement acharnés de Rome , et que les gaulois ne sont pas vraiment des barbares au sens où vous l'entendez peut être .

Cependant ces textes traitent de campagnes militaires ( passionnantes ) et de stratégies avant tout , mais aussi et César l‘a voulu ainsi , ils traitent aussi de civilisation , de religio , et de politique ...
Apres avoir lu ce texte , avec ceux de Strabon ( géographie ) et de Tacite ( vie d'Agricola ) , assez peu de chose donc , vous aurez lu tous ce que l'antiquité classique à trouvé à nous dire sur ces irréductibles gaulois aux coutumes aussi raffinées que brutales , car finalement César n'est pas méchant au point de nous dire tous le mal qu'il aurait pu nous léguer sur la celtique , et oui ...
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J'ai été agréablement surprise par la lecture de cette "Guerre des Gaules" de Jules César.
Contrairement à ce à quoi je m'attendais, je n'ai pas trouvé ici un auteur pompeux et imbu de lui-même, comme quoi les idées reçues, c'est idiot, et César, lui, était loin d'en être un.

J'ai trouvé un texte factuel et prenant de la conquête de la Gaule par César. Certes il avait son ambition politique et personnelle, l'envie de richesses (pour régler ses dettes) et la possibilité ainsi d'avoir sa propre armée, mais il nous narre ici tout de la vie de ses armées, et de la vie, également, de ses "ennemis", gaulois (celtes), germains, et belges. Et il montera jusqu'en Bretagne (la grande, de nos jours), même si brièvement, il y posera les jalons de la conquête ultérieure, ce qui augmentera considérablement son prestige à Rome.

Pour le novice (dont je suis), la pléthore de noms de tribus fait qu'on ne peut pas lire ce livre sans une bonne carte (vous en trouverez sans peine sur le net) des tribus, de leurs mouvements pendant ces guerres, etc.
Avec ça sous les yeux, tout devient bien plus clair.

La narration est simple, directe, sans fioritures, et on entrevoit, grâce à ce récit somme toute relativement honnête, je pense, la capacité de travail et la grande bravoure des unités de guerre romaines. On comprend tout l'intérêt aussi des "via romana", indispensables aux messagers pour rapatrier légions et centurions de leurs cantonnements divers (et d'hiver) quand besoin était.
On ressent que César apprécie ses hommes et son armée, et il se bat à ses côtés. C'est un stratège hors pair et, même si ces textes sont destinés à lui servir politiquement, ils sont, je pense, relativement fiables, eût égard au nombre de "témoins" qu'il y avait.

Il soigne dans ce récit son image de clémence, et quand il cède à la sauvagerie (quand il "lâche les chiens", on va dire), c'est par mesure de rétorsion, et donc le récit est tourné en ce sens. Il se peut, effectivement, qu'il ait plus ou moins "interprété" dans le sens qui lui convenait certains événements, mais bon, dans l'ensemble, tout semble plutôt logique et cohérent. (Hélas pour les perdants, ce sont les vainqueurs qui écrivent L Histoire).
Il se met en avant, mais aussi ses légats, ses lieutenants (qui sont tous cités par leurs noms, y compris les morts au combat) ne sont pas en reste, ni le gros de ses armées dont il vante le courage dès qu'il peut, et qu'il semble parfois "excuser" quand ils perdent les pédales sous la pression...

Certes les gaulois ne sont pas moins courageux, mais leur manquent l'organisation, la discipline, la constance, et la loyauté, peut-être, aussi, un peu. Ils sont divisés et n'arrêtent pas, somme toute, de se taper dessus entre eux. Leurs alliances sont aussi soudaines qu'éphémères et vu d'ici, ça fait un peu retournages de vestes au premier coup de vent... Ceci dit, je pense que quand ils voyaient arriver les légions romaines, il y avait de quoi "députer auprès de César" pour demander grâce et faire soumission... le hic étant qu'ils semblent également avoir eu la traîtrise (du point de vue de César) dans le sang (mais bon, en pays conquis, peut-on qualifier ça de traîtrise ?)...

Les remarques "ethnographiques" sont intéressantes, même si assez édulcorées, de même que la narration des contingences "matérielles" de la guerre, il faisait pas bon être agriculteur à l'époque, tu crevais la dalle parce que les armées de deux côtés venaient te piquer le blé et les animaux que t'avais passé l'année à cultiver et élever, et ce qu'ils ne prenaient pas ils le détruisaient pour pas que ça aille aux ennemis. VDM...

Après Vercingétorix et l'énorme bataille d'Alésia, la défaite des gaulois, le massacre et l'esclavage de l'armée, il y aura de nouveau quelques révoltes, vite matées, narrées par le secrétaire de César.
J'avoue qu'à part quelques batailles (Avaricum, Alésia, celle sur la plage en Grande Bretagne, et la toute dernière, Oxellodunum (Capdenac maintenant)) qui m'ont laissé des souvenirs assez précis, tout se mélange un peu dans ma tête tellement ça "bouge", dans tout ça.

Il faut dire que César ne ménage pas ses troupes et les "marches forcées" d'un bout à l'autre de la Gaule (et ça va donc de la grande-bretagne à l'aquitaine, en passant par le centre et après le Rhin... Oo) sont monnaie courante. Ces mecs-là c'était de vrais durs, je suis sûre que les meilleurs des meilleurs barbouzes de maintenant auraient du mal à les suivre... Et moi j'ai du mal à me souvenir de toutes leurs allées et venues ! Mdr !

Enfin bref, je suis contente d'avoir lu ce bouquin (un peu par hasard, je crois que c'est Sabisab qui l'a validé dans le challenge "historique" de BazaR sur le forum des Trolls, et ça m'a donné envie). (et ayant visé le palier "Jules César", c'était la moindre des choses... Mdrrrrr !).
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César dicte "la guerre des gaules" mois après mois, au fil des batailles, des traités, des camps retranchés.
L'empereur s'y entend pour mettre en avant son personnage mais le récit est assez moderne et vivant même si l'on n'est pas spécialiste d'histoire antique.
L'on marche avec les armées De César appréhendant ses actes d'héroïsme, ses renoncements et sa diplomatie.
C'est un texte accessible, intéressant, qui souffre parfois de petites longueurs, mais qui a su traverser les siècles pour nous faire revivre cet épisode de la fondation de notre pays.
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J'ai toujours eu un faible pour cet auteur. J'en entends déjà certains hurler. Je m'explique: lorsque je devais faire des versions latines, je savais qu'avec César je n'aurais aucun souci de phrases complètement alambiquées, de syntaxe sordide, de termes manquants etc... bref, tout ce qui constitue la difficulté majeure pour quiconque se frotte à cet exercice difficile de traduction. César, pardonnez-moi l'expression, est "carré". Concernant son témoignage maintenant, en fin stratège, il se met en scène, hyperbolise ses interventions afin de servir sa propagande. Manipulateur de première, il le sera jusqu'au bout de la plume, allant jusqu'à parler à la troisième personne. Au lecteur d'être suffisamment critique pour ne pas tout prendre pour argent comptant. Il ne s'agit pas d'un texte historique, au sens pur du terme, mais d'un témoignage dans lequel la subjectivité est sans cesse sous-jacente. Mais c'est aussi ce qu'il y a d'extraordinaire chez César car son avis ne transparaît pas de prime abord. Ceci est fait avec brio, sans choquer ni alourdir.
Bien entendu, si tout n'est pas à prendre au pied de la lettre, il n'en reste pas moins que ce texte a constitué une source remarquable d'éléments afin de mieux connaître ces huit années de guerre.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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La Guerre des Gaules commentée par Jules César. Je croyais a une histoire simpliste du style je suis le plus beau, le plus fort, j'ai un ennemi et je l'écrabouille. Hé non, César, c'est que du complexe. Il est pourtant d'un style simple et très clair sauf que sa Guerre des Gaules c'est je négocie, je conclu des alliances, je marche en avant, je recule, je fortifie une position, je l'abandonne, je renegocie, je casse une alliance, j'en achète une autre, j'avance, je fortifie, je recule, j'avance encore,je trahi, je suis trahi, peu importe au final j'occupe tout le territoire et j'en tire un énorme profit. le cerveau de César c'est un super ordinateur face à des calculettes périmées ou des bouliers grippés. Il n'arrête pas de calculer. Au bout d'un moment, je zappe. C'est bon César, là tu m'embrouilles dans tes commentaires. Je sais que tu vas gagner au final, que tes légions te sont fidèles et que tu es un as des coups de poker et un amoureux des jolies femmes. Rien que pour cela tu me fais rire et je t'aime bien.
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Né à Rome en 100 av J.C, le 13 de Quinctilis (qui devint juillet en son honneur) plus précisément, Caïus Julius Caesar fut assassiné par Brutus le 15 mars 44, en plein sénat. On se souvient de cette phrase: "Tu quoque mi fili" (toi aussi mon fils) que le célèbre orateur lança à celui qu'il considérait comme son fils adoptif avant de s'écrouler.

Brillant orateur, César réussira sa carrière politique, passant tour à tour de tribun militaire à questeur, édile et enfin prêteur. Jusqu'en 63, rien ne devait l'arrêter. Fin stratège, il se fit aimer du peuple (la plèbe) pour qui il avait fait voter une loi agraire accordant des terres aux vétérans, et à qui il donnait également des jeux d'une rare somptuosité. ll n'hésitait pas à emprunter pour que ces jeux soient les plus spectaculaires possible. Ruiné par autant de dépenses, il devint gouverneur de la Gaule Cisalpine et transalpine puis gouverneur d'Espagne. Une brillante campagne lui permit de refaire fortune.

César soutenait le parti des populares contre le sénat. Son retour à Rome, en 60, fut marqué par son alliance avec Crassus et Pompée. le premier triumvirat était né. Il devient consul en 59. de 58 à 52, il entreprend la fameuse Guerre des Gaules et accumulent les victoires sur les peuples du Nord.

Si Rome l'encense - sa notoriété n'est plus à faire - la révolte commence à gronder en Gaule avec, à sa tête, Vercingétorix. Malgré son échec à Gergovie en 52, César réussit à gagner sa lutte contre Vercingétorix qui, en 51, sera obligé de se rendre. Plus d'un million de Gaulois y laissèrent la vie. Son éloignement de Rome pendant cette guerre des Gaules marqua un tournant. Crassus était mort dans une expédition contre les Parthes et Pompée, resté seul, était devenu l'homme fort de Rome. César eut beaucoup de mal à accepter cela. Il décide de se présenter aux élections consulaires tout en restant en Gaule Cisalpine avec son armée. Or, on lui demande de se présenter seul, en ayant congédié son armée. Passant outre, César marche sur Rome le 10 janvier 49, franchissant le Rubicon. " Alea jacta est" (le sort en est jeté) dira-t-il. Pompée s'enfuit en Grèce. En deux mois, César est maître de l'Italie. En 48, il devient consul. Il veut anéantir toutes les armées pompéiennes et poursuivra ce dernier en Grèce (bataille de Pharsale). Pompée se réfugie alors en Egypte, demandant l'aide du jeune pharaon dont il avait autrefois protégé le père. Mal lui en a pris puisqu'il sera assassiné par Ptolémée XIII. César reste en Egypte. En 47, il règle le conflit opposant Cléopatre à son frère Ptolémée en mettant celle-ci sur le trône. Puis il se rend en Asie pour réprimer Pharnace, fils de Mithridate, un des ennemis de Rome, qui a profité de la guerre civile pour reconquérir des territoires. La victoire, rapide, fera dire à César: "Veni, vidi, vici" (je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu). En 46, il part en Afrique. Ce sra la bataille de Thapsus où il détruit littéralement les armées républicaines de Scipion, de Caton et de leur allié, le roi Numide Juba Ier. La Numidie s'ajoute à son panel de victoires.

A partir de là, César se retrouve en possession du pouvoir absolu. Apprenant que les fils de Pompée ont levé une armée en Espagne, il ira les combattre et triomphera le 15 mars 45. S'ensuit toute une série de changements. César nomme lui-même les magistrats supérieurs pour éviter toute corruption, il réforme les impôts. Cependant, un complot se met en place. Les conjurés, voulant soit-disant, (ce sujet est encore sensible) une république et non une dictature, se regroupent auprès de son protégé, Marcus Junius Brutus. le 15 mars 44, en plein sénat, César sera victime de 23 coups de poignard.
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Les Commentaires sur la Guerre des Gaules incarne la puissance de l'Histoire au service de la propagande d'un homme : Jules César. Tout juste prolongé au pouvoir comme proconsul de cette Italie qu'est la Gaule Cisalpine, le gars entend prendre de la distance sur Pompée, son allié triumvir rival, mais aussi gendre (ça tombe mal, c'est toujours un peu vicieux les gendres, mais ça c'est une autre histoire). Il se lance donc dans une démonstration de force qui aboutit à l'unification de la Gaule sous le joug romain.

"Du joug comme le... comme du joug-fleur ?"

Non, le joug, la domination d'un territoire immense, occupé par de si nombreux peuples gaulois que vous pourriez gagner vos cinquante prochaines parties de Scrabble avec. La Guerre des Gaules a la particularité d'être à la fois une compilation de notes précises sur les différentes campagnes de César à destination du Sénat, une source historique impressionnante de détails sur les peuples, coutumes, vie politique, alliances de la Gaule celtique et un récit bien ficelé, simplement écrit et accrocheur. Quelques passages font exception, comme la seconde campagne de Bretagne ou le petit roadtrip derrière le Rhin, et sont un peu plus faibles en terme de puissance narrative.

Côté militaire, on ne peut qu'admirer la rigueur des soldats qui établissent systématiquement un camp que ce soit pour y rester un soir ou plusieurs jours d'affilée, le déploiement de ces légions romaines ou encore l'esprit de résistance gaulois (bon, pour ce qui est de la constance dans les alliances ou de la réalisation des attaques, on repassera). L'art militaire était porté à un degré d'excellence par les Romains. César les montre capable de résister aux pires situations, de renverser la vapeur sur un champ de bataille par une tactique ou par des exploits individuels.

La Guerre des Gaules est d'un autre côté un document historique sans équivalent sur le passé d'un territoire qui deviendra la France écrit par un contemporain des évènements. A travers le récit de la conquête, on perçoit les conflits territoriaux entre peuples Germains, Gaulois, Belges ; les disparités politiques même entre les peuples gaulois ; la vie quotidienne (les castes, les traditions, les serments, la joie d'avoir un lopin de terre et de se faire bazarder ses vaches par des soldats en jupette ou "vie paysanne").
Le livre décrit aussi sans ambages les pratiques romaines : la soumission des peuples par le massacre et la force ou la corruption et le favoritisme quand il est possible de porter au pouvoir des chefs favorables à Rome. Les peuples alliés fidèles sont préservés ou récompensés. Il y a une vraie volonté de César d'appliquer une politique romaine sur ce territoire et pas seulement d'effectuer une conquête rapide pour bien se placer en vue du second consulat.

Ce texte demeure néanmoins une propagande bien huilée. Les erreurs sont imputées à des subalternes irréfléchis (comme la destruction de la légion et demie de Cotta/Sabinus ou l'échec de l'assaut à Gergovie) ou à la vaillance bestiale des Gaulois. Certains ratés sont masqués par des tartines sur telles ou telles thématiques socioculturelles. Les victoires sont mises au crédit de l'intelligence et de la réactivité de César, parfois de ses légats et tribuns. Pour le coup, si y'a quelque chose pour lequel il n'est pas chiche, ce sont les mises en avant de ses soldats. Sachant que les Commentaires étaient aussi lues par les soldats, quoi de mieux pour attiser la fidélité et donner du coeur aux troupes que de créer des exemples ? Les héroïques mouvements de troupes orchestrés par des tribuns, la résistance du collectif ou la téméraire bravoure de quelques légionnaires. On aura retenu les fameux centurions, Pullo et Vorenus, dont la rivalité les fait se surpasser et les sauve d'un assaut nervien. D'ailleurs, après avoir servi pour César, ils ont été recrutés par HBO pour tourner l'adaptation live de leurs aventures. Et ouais, il faut bien manger.

Bref, au-delà d'un aspect propagande politique éclairé par les notes, on peut se dire que le récit ne doit pas être si éloigné des faits, sinon par la façon d'amener les choses. Commentaires sur la Guerre des Gaules est et restera un document historique inestimable par sa richesse et sa contemporanéité des évènements. Sans cet ouvrage, jamais nous n'aurions eu le bonheur de voir Christophe Lambert jeter ses armes et s'agenouiller aux pieds de Alain Chabat, crachant des pépins de raisin.
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J'ai adoré lire ce récit de la Guerre des Gaules par César lui-même. La Rome antique est une période de l'histoire que je trouve passionnante et j'apprécie tous les récits, historiques ou fictifs, qui peuvent m'en apprendre plus sur cette période.

Pour commencer, j'aimerais vous parler un peu de l'homme avant de vous parler (plus brièvement) du livre.

Caius Julius Caesar est né à Rome en 100 avant JC, le 13 du mois qui sera nommé juillet en son honneur. Avant cela, les Romains nommaient le mois de juiller Quinctilis (dans lequel on reconnaît le mot cinq, juillet étant le cinquième mois de l'année à Rome). Comme tout le monde le sait, il a été assasinné au Sénat, le 14 mars 44 après JC.

César était issu d'une famille patricienne et était unanimement reconnu comme quelqu'un d'extrêmement intelligent, mais souffrait malheureusement d'épilepsie.
Comme tout patricien romain qui se respecte, il se lance dans la carrière politique. le succès est au rendez-cous, et il est élu tribun militaire (magistrat romain, fonction proche de celle de consul), questeur (magistrat chargé des finances de Rome), édile (magistrat chargé des édifices publics, de l'approvisionnement de Rome en denrées et de la police de la ville et des marchés) et préteur (magistrat chargé de rendre la justice; on distingue le préteur urbain, qui juge les citoyens romains, du préteur pérégrin, qui juge les étrangers ou pérégrins).

César devient ensuite gouverneur de la Gaule cisalpine et transalpine. de retour à Rome, auréolé de son triomphe sur les Gaulois, il s'allie avec Pompée et Crassus. Les trois hommes forment donc le premier triumvirat de Rome: une association de trois généraux romains pour s'emparer du pouvoir.
De 58 à 62, César, devenu alors consul de Rome, entreprend la conquête de la Gaule, qu'il nous conte dans sa Guerre des Gaules. L'un des (nombreux) événements marquants de cette conquête est la soumission de Vercingétorix à César.
Je ne vais pas vous parler de toute la guerre civile romaine qui a donné lieu à la prise de pouvoir de Rome par César, ce serait trop long. Pour ceux d'entre vous qui voudraient en savoir plus, je leur conseille la magnifique série Rome réalisée par HBO. La première des deux saisons se concentre sur César. Et Ciaran Hinds est excellent dans le rôle!

J'aimerais juste encore vous préciser que, malgré la croyance populaire très répandue, César n'a jamais été empereur romain! Il a été consul et puis dictateur à vie. le premier empereur romain est Auguste, le successeur De César.

En ce qui concerne la Guerre des Gaules en tant que tel, je ne peux que paraphraser la présentation de l'éditeur: c'est un magnifique témoingnage. Non seulement César nous parle des faits militaires qui se sont déroulés lors de cette conquête, mais il nous permet aussi de faire connaissance avec les coutumes et les caractéristiques des différents peuples.
Un petit clin d'oeil aux fans de la série dont je vous ai parlé: il est fait mention par César de deux soldats nommés Lucius Vorenus et Titus Pullo, tout comme les héros de la série.
Je ne peux que conseiller la lecture de cet ouvrage, et pas seulement pour son intérêt historique. César est aussi un très bon conteur, qui parvient à nous entraîner sur le champ de bataille en compagnie de ses troupes.
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Vous aimez l'histoire. Voici un compte-rendu d'époque de la conquête de la gaule par les romains, et ce, par Jules César lui-même. Il n'y a rien de mieux que l'histoire par ceux qui l'ont faite. C'est sûr que César se donne le beau rôle, mais c'est un bon moyen d'en apprendre plus sur les tactiques des légendaires légions romaines et de leurs qualités d'ingénierie. Une belle tranche d'histoire.
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Jules César (Caius Iulius Caesar pour ses intimes qui parlaient latin -ce que je suis bien incapable de faire) est le chef de guerre soucieux de son "image" dans l'opinion publique de la Rome de son époque, républicaine mais pour peu de temps encore.
Chef de guerre victorieux de la "Guerre des Gaules", mais ayant attisé les intrigues, les ragots (sur ses moeurs sexuelles, entre autres), la jalousie de nombreux de ses concitoyens romains César ne laisse à personne d'autre que lui-même le soin de faire sa propagande.
La Guerre des Gaules sera décisive dans l'Histoire de ce que l'on ne nomme pas encore l'Europe. Cette conquête modifiera profondément et durablement le destin des multiples peuples de la Gaule, et modifiera aussi le destin de Rome en faisant de César le premier Imperator (Imperator Iulius Caesar Divus, pour les intimes).
Jules César, avant la "Guerre des Gaules", a connu des victoires fulgurantes : le fameux et lapidaire "Veni, vidi, vici" (je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu) après une guerre-éclair contre un roi d'Asie mineure. La conquête de la Gaule se révèlera pour le stratège ambitieux bien plus difficile.

Si la Guerre des Gaules fut longue et parfois ardue la lecture du récit qu'en fait César ne l'est pas. le livre est relativement bien écrit et suit de façon chronologique les étapes de cette guerre. Certes Jules César parle de lui-même à la troisième personne, mais cela me semble être une convention de narration plutôt que le trait d'un ego démesuré.

César n'est pas qu'un homme de guerre doublé d'un excellent stratège. C'est aussi un fin observateur des pays, des paysages, des peuples qu'il rencontre. Oui, il est là pour faire la guerre, pour conquérir, mais il fait aussi oeuvre de géographe, d'historien, d'anthropologue quand il retranscrit tant de détails de la vie des Gaulois et de la Gaule qui, sans lui, seraient ignorés.

La Guerre des Gaules est une oeuvre de propagande écrite par César pour sa plus grande gloire (on n'est jamais si bien servi que par soi-même). Mais cette oeuvre est aussi un irremplaçable témoignage sur cette guerre -qui fut longue- et sur les ennemis gaulois de César "race d'une extrême ingéniosité, et qui a les plus grandes aptitudes pour imiter et accomplir tout ce qu'elle voit faire."
Une lecture plus que recommandable, même plus de deux mille ans plus tard.
Lien : https://www.amazon.fr/LArtil..
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