Puis il y eut Sophie, bien des années après, quand il ne pensait plus séduire encore. Cette histoire l’avait pris par surprise. C’était une femme bien, elle aussi, une jolie blonde qui aimait les fleurs. Mais c’était trop tard, l’habitude était prise.
-Se révolter ? Pourquoi ? On va vivre 200 ans, jeunes, en bonne santé, aucun risque de crime, notre enfant ne sera jamais malade et aura…
-Une vie sans hasard, sans inattendu, sans émotions… Bonnes, mauvaises, sans liberté, celle de se tromper et d’apprendre. Une vie sans relief et sans art. La mort, c’est pour la repousser que nous créons. Sans cette peur, pas de création.
Ce qui fait la vie a disparu, a été anéanti, effacé. Pour un confort glacé. Par peur du risque, peur de la vie. Et tout le monde applaudit. La vie a été assassinée et personne ne porte plainte. C’est le crime… parfait.
Le crime parfait, c'est un crime sans faute et sans coupable.
Parfois sans victime avérée !
Un jour, au milieu de son courrier habituel, un bouquet de factures et de catalogues de produits miracles, il trouva une lettre. La nouvelle de sa paternité le surprit, mais c’était une bonne surprise.
L'exploit, c'est de parvenir à trouver une mort encore plus romanesque que n'aura été sa vie. Rien ne vaut un mystère non élucidé pour rester dans les mémoires.
Le nom de Séraphin Bouchet est tombé dans l'oubli. Pourtant notre époque surmenée, étourdie par les sirènes du productivisme, ferait bien de le ressortir des archives alors qu'elle commence à interroger douloureusement son rapport au travail. Séraphin pour son malheur, représente le premier cas de burn-out caractérisé.
Né sur les hauteurs de Belleville d’une mère trop jeune et d’un père incertain, le petit Maurice avait très vite fait de la rue son domaine. Enfant, les bancs de l’école n’avaient guère usé ses fonds de culotte déjà bien minces, mais il avait trouvé à s’instruire à même le pavé. Avec sa bande de minots crottés, il avait perfectionné son adresse en jetant des pierres aux chats errants.