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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Sans vraiment signer un roman d'anticipation, Chainas a choisi de situer son action dans le futur, mais un futur très proche.

Patrick Martin est une sorte de Mr tout le monde (avec un nom pareil, on s'en doute un peu), mais un Mr tout le monde supérieur. Un CSP+ comme on dit. Cadre, éduqué, friqué. Avec sa femme Sophia, ils forment un couple modèle, deux beaux blonds en pleine forme et bien assortis.

Puis leur voiture percute une barrière de sécurité sur l'autoroute et Sophia meurt dans l'accident.
Le roman débute ainsi, juste après l'accident.
Patrick, hébété, est interrogé par la police, mais il ne se souvient pas bien. Juste une détonation avant de quitter la route. Son récit comporte des incohérences qui intriguent Durantal, le flic chargé de l'enquête. Il faut dire que l'affaire doit être traitée avec délicatesse vu le contexte. Depuis quelques temps, un sniper dégomme des maghrébins sur de aires d'autoroute. Si Patrick et sa femme ont été victimes d'une vengeance à l'aveugle, il ne faudra pas grand chose pour mettre le feu aux poudres, les tensions sociales sont déjà vives, le racisme et la haine bien présents (un groupuscule d'extrême droite a déjà pris possession de la vieille ville) et les élections municipales approchent...
Le noeud de l'intrigue est là: comment l'accident s'est-il produit?
Et aussi: Comment les politiques vont-ils manoeuvrer pour utiliser cet accident de la route comme un détonateur puissant qui les servira?

Chainas alterne les points de vue des différents protagonistes, les personnages sont fouillés, bien construits, mais on ne parvient pas à s'attacher à eux. Ils traînent tous des casseroles qui ne les rendent pas très sympathiques, comme le flic énorme qui s'empiffre jusqu'à l'autodestruction, la fliquette ambitieuse et sans scrupules, Patrick Martin et son absence de sentiments. C'est aussi le style Chainas qui veut ça: froid, détaché, descriptions cliniques voire médicales; le corps réagit mais il n'y a pas de place pour les sentiments.

J'avais aimé ce style dans ses romans précédents, mais il était alors poussé à l'extrême, il ne ressemblait à aucun autre, il traînait avec lui tout un univers (tordu certes mais original). Chainas est un auteur au style très particulier, qu'on adore ou qu'on vomit (qu'on adore vomir?) mais cette fois il va moins loin, il est plus tiède, plus correct (ce qui est un peu paradoxal puisqu'il s'agit d'un roman qui nous parle d'extrême - extrême droite notamment). En mettant de l'eau dans son vin, Chainas a perdu un peu de sa spécificité, ce qui m'a un peu déçue, je n'ai pas trouvé ce que j'étais venu chercher.

CEPENDANT

Pur est un roman intelligent et bien ficelé, qui égratigne un peu tout le monde - les médias, les politiques - et met le doigt sur les dérives de notre société, une société de communication paradoxalement propice à l'enferment, au repli sur soi et la peur de l'autre.

Un bon moment de lecture dont il serait dommage de se priver.

Ceux qui redoutaient d'aborder Chainas (à raison) peuvent avec Pur se lancer sans crainte . Réjouissons-nous s'il trouve de nouveaux lecteurs...
Lien : http://lesgridouillis.over-b..
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Appuyer là où ça fait mal, braquer les projecteurs sur les plaies de notre belle société moderne, évoluée... Telle semble être la marotte d'Antoine Chaînas, quoique le terme a un côté ludique et un peu péjoratif qui ne reflète pas vraiment le travail de cet auteur implacable et exigeant.

C'est cette fois aux dérives sécuritaires, alimentées par le fossé grandissant entre les diverses catégories sociales de la population, qu'il s'attaque. "Pur" dépeint un monde dans lequel la fracture sociale et l'incommunicabilité entre les communautés semblent être parvenues à un point de non-retour. Ceux qui détiennent l'argent et le pouvoir imposent leurs lois, et vivent en retrait d'une réalité qui leur est de plus en plus étrangère, dans l'indifférence tout aussi glaçante de citoyens qui, par lâcheté ou simple commodité, préfèrent se voiler la face.

Et pour donner plus de force à son propos, il crée un contexte inspiré du réel, dont il amplifie certains éléments. Une caricature assez subtile pour lui permettre de rester dans le domaine du plausible, voire d'un futur probable -?-, et c'est bien ce qui est effrayant...

Nous sommes dans une commune du sud-est de la France. Des résidences luxueuses, aseptisées, et ultra sécurisées, abritent, sur des critères d'admission draconiens (être riche ne suffit pas, il convient aussi de montrer face blanche...), les membres d'une élite qui y vit en quasi autarcie. Les groupuscules d'extrême droite, très actifs, écument à la nuit tombée, avec la complicité tacite de la police municipale et des élus locaux, le centre-ville, où ils s'adonnent au bastonnage en règle de tout individu au faciès suspect.

A l'approche des élections municipales, la tension est à son comble : plusieurs meurtres de maghrébins sont imputés à celui que l'on surnomme dorénavant "le sniper de l'autoroute", sans que se profile le moindre début de piste. A cela s'ajoute l'accident qui vient de coûter la vie à une jeune et riche femme blanche, dont le mari, qui conduisait le véhicule, est persuadé que leur sortie de route est le fait de deux arabes croisés précédemment sur une aire de repos.

Patrick Martin, le mari en question, est un personnage froid et sûr de lui. Son travail consiste à élaborer les formulaires qu'utilisent les résidences privées pour sélectionner leurs richissimes occupants, la dimension ségrégationniste de sa tâche ne lui posant aucun cas de conscience. Nous assistons à la macabre croisade qu'il entreprend dans le but de punir ceux qu'il pense coupables de la mort de son épouse, tout en suivant en alternance deux autres personnages...
...Julien, adolescent, habite les Hauts Lacs, une de ces enclaves où les nantis se barricadent, entouré d'un père manipulateur et tyrannique, et d'une mère que les anti-dépresseurs rendent perpétuellement absente.
...L'inspecteur Durantal, en fin de carrière, est membre de l'équipe chargé des enquêtes sur le sniper, et la mort de la femme de Patrick. Il détonne, parmi la galerie d'individus cyniques, cruels et ambitieux brossée par l'auteur. L'extrême perméabilité de cet homme sensible à la souffrance et aux malheurs des autres s'est traduit par une obésité devenue au fil du temps incapacitante.

La succession des chapitres dédiés à ces héros disparates, ainsi que l'écriture directe et précise d'Antoine Chaînas, font de "Pur" un roman à l'intrigue efficace, à la lecture duquel on ne ressent pas cette lourdeur ambiante qui fait d'un "Versus", par exemple, un texte étouffant.
Pour autant, l'auteur nous livre une fois de plus un titre au propos désespéré, sa clairvoyance nous amenant à nous interroger sur les limites et les dangers de ces fléaux -malheureusement- d'actualité : la montée des extrémismes, et la tentation du repli sur soi qui en découle.
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Mon premier Chainas, style intéressant et narration limpide, reste que je n'en ai pas retenu grand chose avec le recul, dommage, mais j'en ai acheté d'autres !
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Dans le Sud de la France, des blancs nantis habitent dans des « gated communities », des propriétés privées surveillées par des caméras, coupés du monde.
Ces dernières semaines, des noirs et des maghrébins ont été retrouvé assassinés sur les bords de l'autoroute de la région.
Sophia et Patrick, qui établit des grilles de codage correspondant à la charte éthique des résidences sécurisées, ont un accident de voiture. Patrick en sort indemne, Sophia y perd la vie.
Ce roman assez noir aborde, à travers les différents personnages, les sujets de fracture sociale, de manipulations politique et de repli sur soi.
L'auteur alterne les chapitres dédiés aux principaux personnages : Patrick, le snipper, le capitaine de police et sa subordonnée. Cela permet de connaître le point de vue et les motivations de chacun et contribue à renforcer le suspens.
Lien : http://www.carnetsdeweekends..
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Ouvrage qui avait tout pour séduire, mais qui finalement reçoit.
Intrigue originale avec un prologue prometteur, des faits toujours d'actualité, une documentation sérieuse, un style original.
Mais vers la moitié de l'ouvrage, ces avantages deviennent des inconvénients : une intrigue qui patine et dont on ne saura jamais vraiment hélas ce qui s'est passé, des répétitions et des remplissages, des personnages qui n'arrivent pas à nous accrocher.
Il reste néanmoins la découverte d'un auteur original.
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Un excellent roman noir, très noir, écrit avec une plume maîtrisée. L'intrigue est claire, limpide même, enchaîne les scène narrées à partir du point de vue des acteurs principaux du roman.

Le thème, qui tourne autour des questions sécuritaires, politiques et de haine raciale, est particulièrement d'actualité.

Il s'agit d'un roman dont la lecture a été très agréable, même si les personnages sont à mon sens un peu trop stéréotypés. La figure de Julien m'a tout de même surpris tout au long de l'histoire.

Je ne sais toutefois pas pourquoi il a été primé par le Grand Prix de littérature policière, bien qu'il s'agisse d'une réussite, il y avait en 2013-2014 des ouvrages plus prometteurs à mon goût.

Pur reste une bonne découverte, que je n'hésite pas à recommander aux amateurs du genre...
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