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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un immense coup de coeur ...Une pépite... qu'il faut surtout lire à un rythme ralenti...tant les phrases sont compactes, ciselées...et débordant de toutes part !

"Elle avait toujours refusé d'exposer ou de vendre cette sculpture, comme si ce qui s'y disait d'amour et de plénitude eût pu souffrir d'une telle mise à nu, souscrivant inconsciemment à cette idée que les grands bonheurs sont si fragiles qu'un regard malintentionné suffirait à les faire voler en éclats. (p. 22)"

Un choix déterminé par les sujets... et des lignes convaincantes de camarades babéliotes... m'ont fait choisir ce roman... En regardant de plus près, je me rends compte qu'il y a un certain moment, j'avais lu son premier texte (1999), "Cérémonie ", qui m'avait emportée...Des thèmes et
un style magnifique, avec des personnages féminins, très forts !!...

Dans cette nouvelle fiction, une femme,Médée, mère, sculptrice renommée en dépit d'une discrétion maladive... Son jardin secret,sa force, l'expression de son indépendance naturelle...vit heureuse depuis 30 ans... avec un mari, chirurgien...trois grands enfants... et un jour.... le cataclysme absolu... le départ brusque, inexpliqué, sans le moindre mot, ni signe avant-coureur... La fuite de l'homme adoré se déroule dans un aéroport... deux de ses enfants tentent de l'aider, dont son fils qui reste à proximité.... en ange protecteur.... Elle s'est installée dans une chambre d'hôtel à proximité de cet aéroport...comme prostrée, tétanisée, tentant de juguler la violence de cet abandon..;Son fils, Adam, lui dépose devant sa porte des petits blocs de
pâte à modeler... pour l'inciter à reprendre la sculpture... ce qui adviendra avec une rencontre "miraculeuse", Tanya, une réfugiée , [ayant perdu dans la guerre mari et fils...] elle a réussi à rejoindre la France, en voulant protéger ses deux autres enfants; Pour gagner sa vie, elle se voit embaucher comme "dame-pipi" dans cet aéroport où Médée s'est retrouvée "abandonnée" par son époux... La rencontre de ces deux femmes combatives , qui , chacune à leur manière ont touché le fond du désespoir...Cette rencontre merveilleuse va redonner l'Espoir à notre artiste, Médée...

La puissance de vie, la bienveillance envers les autres, L'Art..: des secours inestimables pour surmonter les fractures écrasantes qui peuvent détruire les êtres, au fil de leur existence !!

"Oui, répond Médée. Nous survivons. Je vois déjà en moi le début d'un après. (...) Nous sommes si promptes à organiser la vie sur les décombres de ce qui est perdu, n'est-ce pas là le comble de la folie ?
L'amour sans limite nous tient debout au milieu des cendres, alors que nous voudrions mourir là, mais il suffit que le chat de la maison ait survécu, nous voilà entêtées à lui porter du lait, l'éclat d'une prunelle d'enfant nous remet dans le devoir du jour. (...)
Pourquoi devenons-nous les héritières des guerres que nous n'avons pas menées, ni voulues ? " (p. 101)

Il est question de douleur, de perte... des femmes face au chagrin, de la destruction, des guerres menées par les Hommes ! Et l'Art, la création artistique féminine qui leur permet de transcender toutes ces blessures... notre héroïne, va renaître grâce à son art de sculptrice,de l'abandon brutal
de l'homme aimé, après 30 années de fusion amoureuse...


Un texte très dense, dont il faut savourer lentement chaque phrase, à la forme des plus ciselées !
"....toujours ce sont les mères, les épouses, les filles, qui demandent l'intercession des puissances sacrées pour alléger les peines, faire advenir les voeux, comme si seules elles étaient en charge de l'intimité des êtres, des espoirs, des douleurs, tous mouvements de la vie." (p. 40)

Un regret : aucun texte de cette auteure à ma médiathèque... Je voulais découvrir un autre roman antérieur, aux éditions Actes Sud " La mort est un enchantement"...Curiosité juste reportée !

Résilience, les pouvoirs curateurs de survie et de mémoire apportés par la création artistique..."

(...) ils se sont quittés trois jours plus tôt, après qu'elle l'a convaincu de partager ce projet d'une statuaire pour dire ce qui n'est plus mais qui continue d'être toujours tant qu sont vivants ceux qui gardent en mémoire ce qui a disparu dans la violence de la guerre, la désaffection de l'amour, l'oubli organisé par la nécessité de survivre, au sein d'un monde pressé d'effacer les traces des perdants, faisant précisément de la perte une sorte d'opprobre dont il convient d'éviter poliment l'évocation (...) "(p. 127)

Il y aurait beaucoup à dire ou à chercher sur les motivations de l'auteure quant au choix du prénom du personnage central féminin... Pouvoir de la magie, de la passion destructrice , l'âme humaine, ses lumières et ses ombres terribles , etc. J'avoue être perplexe quant à ce choix, car "notre" Médée, en dépit de la trahison insupportable qu'elle subit, qu'elle doit "encaisser"... elle reste hiératique et solaire...Un portrait de femme -mère-épouse-artiste saisissant de force et de détermination...
Ces deux adjectifs qui la qualifient sont soufflés par ce flux souterrain , constant, infini que représente la sculpture...qui l'habite de façon permanente. Son bouclier, sa force, et sa liberté , conjugués !...

Je vais cesser mes "bavardages"... car il y aurait encore "immensément" à dire sur ce texte merveilleux...Roman puissant charriant une multitude de sujets essentiels de l'Histoire des Humains, la place complexe du féminin, les pouvoirs gigantesques de la médecine, d'un côté, et de l'autre, la puissance de la Création artistique [avec des passages renversants, décrivant le travail, les gestes de la sculpture ].... et bien sûr , les affres , les lumières et les cauchemars (tour à tour) provoqués par l'AMOUR...constructeur ou dévastateur...

****intéressant lien à consulter : http://www.linflux.com/arts-vivants/personnage-mythique-medee/

© Soazic Boucard- Janvier 2019

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Médée est sculpteuse, mariée depuis 30 ans à Ismaël, chirurgien , et mère de trois grands enfants. Elle part accompagner son mari en Australie lorsqu'il l'abandonne à l'aéroport.

Court mais intense roman , servi par une écriture exigeante mais sensible , faisant cohabiter les sentiments, les minéraux, les images , la dureté de la vie. Une belle prouesse.
Le roman est celui de la tentative de reconstruction d'une femme après une lourde épreuve et sera l'occasion de montrer que l'on est tous des réfugiés : D'un homme ou d'une femme, d'un lieu, de l'enfance...
L'introspection de Médée est l'occasion de dévoiler les liens si particulier d'un mère à ses enfants , de se questionner sur les erreurs qui ont amenés l'homme à fuir, de retracer son cheminement professionnel. cette introspection éclaire différemment les actes passés.
C'est aussi le livre d'une rencontre entre deux échouées: Un du monde occidental et l'autre d'un pays en guerre. Confrontation des réalités , mise en parallèle des souffrances communes ...et relativisation obligée que le départ d'un mari ou d'un femme. La reconstruction reste possible. Pas, ou plus difficilement, pour les réfugiés de guerre.

Très beau roman , sublimement écrit.
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Nous essayons de lire de bons livres et parfois on tombe sur une pépite, et je pense que c'est le cas avec ce troisième opus de Y.Chami, arrivée au mitan de sa vie.
Ses romans sont toujours axés sur le pays de ses racines, le Maroc, sur la famille, les souvenirs.
Cette fois, la chaleur , le soleil, la famille, les enfants surtout , sont toujours présents mais comme des souvenirs douloureux. Et on ne se prénomme pas Médée par hasard.
Médée est sculpteur, son talent est reconnu, et des expositions de ses oeuvres se retrouvent dans les grandes capitales, mais Médée, superbe femme, est avant tout une épouse, une amante, une mére attentionnée, et elle veut que chacune de ces fonctions soit exercée à plein temps…
Son mari, chirurgien neurologue requiert tout son amour depuis trente années lorsqu'un jour en transit à Paris tous les deuxà Roissy (elle l'accompagne à un séminaire) il s'absente pour quelques instants mais ne revient pas la chercher. Abandonnée, et malgré l'affection de ses enfants accourus auprès d'elle, Médée s'isole avec son malheur dans un chambre d'hotel de l'aéroport.Elle est dévastée, , elle en sort au bout de quelques jours ,trouve de l ‘argile laissée par son fils sur le pas de la porte,il pressent comment la sauver, elle est aidée par une dame-pipi exilée aussi, de là elle essaiera de renaître de par son Art, qui était passé à la seconde place dans sa vie,et à ses dépens.
L'amour, l'art, sont la trame de ce texte magnifiquement écrit et que je relirai c'est certain.
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Yasmine Chami livre un roman introspectif, les révélations intimes d'une femme abandonnée par son mari, les meurtrissures de l'abandon. Naufrage et renaissance d'une femme blessée.

« Qui n'est pas réfugié de quelque part ? D'une enfance, d'un amour, de sa propre jeunesse enfuie, des liens cassés, d'un pays en guerre, d'une perte qui n'a pas de nom ? »

C'est dans l'aéroport de la ville lumière – en escale pour Sydney depuis le Maroc - que Médée est abandonnée par son mari Ismaël, la plongeant dans une sombre épreuve de douleurs et de peines.

Médée, mariée depuis plus de vingt-cinq ans, mère de trois enfants, est envahie par de fragiles pensées mouvantes, submergée de chagrin, encaissant la violence du choc.

Lâchement laissée là par Ismaël, elle appréhende de renouer avec le mouvement, craignant de quitter une situation léthargique, cet instant sur pause – une absence à soi-même - avant d'éprouver l'abandon brutal et soudain.

Rupture acérée et nette, car le chirurgien renommé qu'est Ismaël agit comme il sait faire, trancher vif dans la chair comme au scalpel, mesurant « avec une précision maniaque la portée de son geste pour défaire les liens inextricables… »

Il y a ce rêve incessant qui revient et s'impose à elle…, prémonitoire, le vide, la tempête, la chute…
C'est la violence de l'abandon contenue dans la solitude d'une chambre d'hôtel, et Médée l'assimile dans son coeur aimant et incisé. Belle femme assaillie par le chagrin, elle ressent sa grâce envolée, Ismaël a fui, et Médée qui est portée par « l'intuition de la beauté, pas son évidence » sent sa beauté se perdre, prête à s'enfuir.

Un abandon subi et l'expression d'une exploration chirurgicale du ressenti de Médée, qui tient à éprouver au fond d'elle-même la douleur « je cherche le silence et la nuit pour pleurer ».

C'est à l'image de la pierre, du marbre, de la terre, du bois, qu'elle travaille et façonne avec ses outils, ses fils de chanvre, d'acier, de laine, car Médée est sculptrice, elle donne vie, de ses mains, à ses créations artistiques ; Ismaël, neurochirurgien, répare et sauve de ses mains des vies.
Médée oscille sur un fil, funambule …

Le départ d'Ismaël plonge Médée dans des abysses affligeants de souffrances. Elle semble comme ses « créatures de pierre gisant couchées » de son atelier.
Et telle une devineresse des temps antiques, Médée voit clair en la décision d'Ismaël et ce qu'il adviendra de lui…
« Ismaël réorganise la chair vivante depuis trente ans, il intervient au coeur des cellules endommagées, il coupe, il tranche, et là, tout le vertige de Médée gît dans cette certitude : il s'est trompé, il a coupé ce qui permet la vie, les liens ramifiés, souterrains, subtils, profonds qui les unissent mais aussi organisent ce qu'ils sont, non seulement l'un pour l'autre mais aussi l'un sans l'autre, chacun investissant dans l'espace où s'exerce sa propre maîtrise l'énergie fluide, chaude, générée par cet amour déployé depuis si longtemps ».

Dans les réminiscences du passé, sanctuaire intérieur d'errance de la mémoire, fuite incontrôlable et tourmentée, Médée entame sa traversée – enjeu de sa survie – des nuits et des jours à accueillir cette désolation imposée, vide sidéral, fracas vertigineux, meurtrissure. « (…) fracassée, allongée béante sur ce lit anonyme (…)».

C'est une trahison incompréhensible et dévastatrice qu'elle analyse, disséquant ses pensées, affrontant pleinement sa colère, intégrant son chagrin, pour sortir de l'abîme grâce à l'art qui lui insuffle puissance et résilience.
Puis il est des rencontres dans la vie, qui réveillent, qui révèlent en nous ce que nous sommes. L'ultime sursaut.

Médée saura-t-elle percevoir la lumière qui surgit, l'élan de vie instinctif, sentir le souffle vital, extirper de ses mains en sculptant le chagrin, les pertes, sublimant une métamorphose en espoir, vie, amour universel.
La force créatrice libératrice capable de « faire surgir la beauté au coeur du désastre ».
*
Une écriture subtile et sensorielle, sophistiquée et intime, qui décrypte toute la complexité du sentiment amoureux dans la force du lien. Très esthétique, de toute beauté.

J'avais pu découvrir l'auteure grâce à Babelio avec « Dans sa chair » l'histoire de cet abandon du point de vue d'Ismaël.
J'ai beaucoup aimé « Médée chérie » - le point de vue de Médée – un premier volet qui a ma nette préférence.
*
La main est l'instrument des instruments (Aristote).

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Un petit bijou !

1er récit de Yasmine Chami que je découvre.
Magnifiquement écrit, ce récit introspectif est tout à la fois dense, poétique, intime.
Médée sculpteuse renommée accompagne son mari neurochirurgien à un congrès en Australie.
Mais Médée est abandonnée sans explication à l'aéroport lors de la correspondance entre leurs 2 vols. Ismaël qui lui a demandé de patienter quelques instants près d'un kiosque à journaux n'est pas revenu.
Sous le choc, Médée est tétanisée par cet abandon survenant après 30 ans de mariage et d'amour.
Ses enfants informés de la situation la rejoigne à l'aéroport pour la prendre en charge. Médée refuse. Elle souhaite prendre une chambre dans un des hôtels de l'aéroport et vivre seule sa douleur.
N'arrivant pas à la convaincre de les suivre, ses enfants lui réserve une chambre et la laisse digérer sa peine.

Médée va passer plusieurs jours enfermée dans la chambre d'hôtel à passer en revue sa vie, les évènements joyeux, les sacrifices et tenter de détecter les signes qui auraient dû lui mettre la puce à l'oreille.
Plusieurs jours de dérive, de chagrin, d'introspection sur sa vie personnelle et professionnelle.

Et puis un jour, Médée tente une sortie jusqu'au hall de l'aéroport. Une rencontre avec une femme empathique, courageuse et attentive qui a beaucoup souffert. Cette rencontre sera une lumière dans le tunnel de souffrance que vit Médée depuis la rupture si radicale. Depuis combien de jours d'ailleurs ? Médée est incapable de dire depuis combien de temps elle végète dans cette chambre.
Cette rencontre sera le départ d'un processus de reconstruction.

L'écriture est subtile, précise, authentique et profonde.
Un roman puissant !

Je vais donc me procurer d'autres récits de Yasmine Chami !



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Commencer la rentrée littéraire en BEAUTÉ !

« J'ai donné les clefs de ma vie à cet homme rencontré trente ans plus tôt, il me les a rendues, mais je ne sais plus m'en servir. »
Médée s'est enfermée dans une chambre d'hôtel, elle voudrait disparaître. Quelques heures auparavant, après trente ans d'amour fou, elle s'est fait quitter par son mari à l'aéroport. « Attends-moi ici, je reviens » lui a-t-il dit avant de partir définitivement.

Ce sont ses enfants devenus adultes qui viendront la recueillir et la soutenir.

Dans la douleur et la stupéfaction, Médée revient sur son histoire d'amour, sa vie de femme et d'artiste. Car Médée est sculpteur. Depuis toujours, elle modèle le marbre et s'écorche les doigts en représentant la tension des corps. Au début de son mariage, elle s'était aménagée une pièce dans les combles de la maison, pouvant ainsi répondre à ses devoirs d'épouse et de mère. Lorsque ses deux premières filles sont nées, elle a mis sa carrière de côté, mais pour Adam, le petit dernier, elle a réussi à concilier les deux, et c'est Adam aujourd'hui qui chaque jour la soutient et vient lui déposer une boule de pâte à modeler près de sa chambre d'hôtel.

Au fil des réflexions et des rencontres d'aéroport, Médée va progressivement retrouver l'espoir de vivre, grâce, encore et toujours au pouvoir réparateur de l'Art.

Plus q'une histoire, ce roman est une poésie, une ode à la vie. Les mots, les phrases et le rythme sont d'une beauté à couper le souffle.

Très intéressant aussi, l'angle maternel choisi : souvent les artistes n'ont pas d'enfant ou alors on n'en parle pas, toute leur force créatrice est dévolue à leur oeuvre. Ici, Médée est mère de famille, et comme toutes les femmes elle cherche à concilier son travail et ses devoirs d'épouse. Mais à trop vouloir se mettre de côté, à se cacher presque pour exprimer son art sur les temps impartis, il semblerait que cela ait pesé encore davantage sur les siens.



Lien : https://agathethebook.com/20..
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