l'étrange histoire de P. S ( sous titrée l'homme qui a vendu son ombre) est une variation humoristique savoureuse sur le thème du pacte diabolique, un grand classique de la littérature allemande - chez
Goethe,
Faust vendait son âme, chez Hoffman, un homme vendait son reflet.. et chez Chamisso, le héros commet la gaffe de vendre son ombre.
L'argument est classique: P. S. ( oui j'ai la flemme de réécrire son nom à coucher dehors à chaque fois!), un homme pauvre, rencontre par hasard lors d'une fête un étrange petit bonhomme en gris qui est capable de tirer n'importe quoi ( un tapis persan, une tente avec tous ses accessoires, une carriole avec tous ses chevaux) de ses poches, sans que cela semble étonner quiconque. a l'issue de la fête, il se voit proposer un étrange marché: l'inconnu lui offre la bourse de fortunatus, une bourse d'argent inépuisable, en échange de son ombre. Il reviendra un an plus tard pour renégocier le marché. N'importe qui , sain d'esprit, se dirait qu'il y a un problème, mais voilà, Peter est dans la dèche, et naturellement cupide, il se dit qu'il fait là un marché très avantageux: des sous à voloté contre quelque chose d'aussi immatériel et sans intérêt qu'une ombre.
Erreur fatale, car ce marché complique singulièrement sa vie: tout le monde se rend compte que quelque chose cloche, et le voilà obligé de justifier auprès des badauds médusés la perte de son nombre ( avec des arguments aussi farfelus que : "l'hiver dernier il a fait très froid, elle a gelé et ne n'ai pas pu la décoller", "j'ai été malade, j'ai perdu mes cheveux, mes ongles et mon ombre, les cheveux et les ongles ont repoussé, mais l'ombre prend son temps", ou encore " un lourdaud a marché dessus et y a fait un trou, je l'ai amenée à repriser mais elle n'est pas encore réparée"), enfin, sa vie devient très compliquée, la vie sentimentale encore plus ( quelle femme sensée accepterait de sortir avec un homme dépourvu d'ombre, il doit être sacrément négligent pour l'avoir ainsi égarée!).
Evidemment, c'est un conte moral: l'argent, les femmes, le pouvoir, tout ça ne vaut rien si c'est au prix de son intégrité. Mais j'ai beaucoup aimé ce conte fantastique pour son humour, d'autant qu'il fait intervenir plein de références folkloriques ou littéraires:
Faust en premier lieu, la légende du juif errant, tout un tas d'objets magique: la bourses de fortunatus, mais aussi, les bottes de sept lieues, le nid d'invisibilité ( on le porte sur la tête et on devient invisible.. hormis l'ombre justement), ancêtre direct de la cape d'invisibilité d'Harry Potter.
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