La malédiction de Venise

J'avais eu une très belle surprise l'année dernière avec le premier roman de Megan Chance, le chant de la vengeance. Cette deuxième lecture est très différente mais pas moins mystérieuse.

Elena, jeune infirmière américaine est envoyée à Venise par ses parents auprès de Samuel, jeune homme qui vient de réchapper d'une dure agression. Sur place, elle le trouve dans le palais à moitié désaffecté d'un ami d'une vieille famille vénitienne. On est directement plongés dans le mystère par tous les aspects de l'histoire : quel est ce lieu peu rassurant où se retrouve Elena ? Qu'arrive-t-il vraiment à Samuel au delà de cette agression qu'il a subie ? Et pourquoi Elena a-t-elle été envoyée ainsi à l'autre bout du monde, elle qui aspire à voyager ?

Peu à peu, des bribes d'élément nous sont dévoilées mais avec toujours autant de mystère. J'avais beau savoir de quoi souffre Samuel, j'oscillais en permanence entre plusieurs autres hypothèses : la folie ? la manipulation ? un fantôme ? Et puis tout du long, nous sommes plongés dans ce climat particulier, le palais peu rassurant, la famille qui y vit assez particulière, les employés qui n'en font qu'à leur tête. Tout s'additionnait pour que rien ne se passe bien pour Elena en fait…

Pourtant, malgré ces mystères, la lecture m'a aussi agacée, les jours passent, tous à l'identique, Elena s'occupe de Samuel, des journées étranges avec chacune son lot de questions. Et je tournais en rond, ne voyant pas l'intrigue avancer. J'avais hâte de voir le dénouement arriver, de comprendre ce que l'histoire cachait. Et j'ai bien aimé ce final, les explications apportées par le passé, le destin de chacun des personnages. Mais, cela n'a pas effacé le sentiment de lassitude que j'avais au milieu du roman, le côté longuet et redondant. Ce qui en fait une lecture qui était sympathique mais dont je m'attendais à mieux.
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Elena se rend à Venise pour s'occuper de Samuel, épileptique. Ce dernier vient de se faire agresser et a été laissé pour mort dans les rues de Venise. Elena est impitoyable avec lui. Finis le laudanum, l'alcool et les plaisirs charnels dont il raffole tant. Elena est la seule à connaître son état d'épiléptique et ses crises croissantes inquiètent ses proches, notamment Nero. Mais Elena connaît bien l'épilepsie et les crises de Samuel n'y ressemblent pas vraiment. Il semble chaque fois entrer en transe et parle en vénitien, langue qu'il ne connait pas. Que se passe-t-il vraiment à Venise ?

Voilà un livre dont je redoutais la lecture car à la lecture de la quatrième de couverture je craignais d'avoir un livre trop sombre et trop fantastique. Alors, oui, sans nulle doute ce roman est assez sombre et empreint d'une certaine dose de fantastique. Mais l'écriture (et donc la traduction) est tellement subtile que cela adoucit le récit.

Une écriture immersive

L'écriture de Megan Chance est envoûtante. Dès les premières pages, j'ai été happée par cette plume si singulière qui nous met immédiatement dans l'ambiance de Venise du 19ème. J'avais l'impression d'y être, de me promener sur le Rialto, de voir l'épaisse brume flotter au dessus des canaux, de me promener en gondole sur le Grand Canal. Et ce palais, presque à l'abandon, qui tombe en ruines. L'ambiance gothique annoncée m'effrayait et c'est pourtant ce qui m'a le plus envoûtée dans cette histoire.

Une pointe de fantastique vient épicer cette histoire. Fantôme, esprit, quelque chose semble rôder autour de la chambre de Samuel. Lorsque ce dernier entre en crise, l'air devient soudainement frigorifique, les rideaux se mettent à ondoyer sous une brise qui n'existait pas quelques minutes auparavant. Et la violence de Samuel progresse et devient de plus en plus forte au fil des jours.

Le personnage d'Elena est intéressant, même si je la trouvais bien trop naïve. Puritaine et chaste, un rien ne la choque. J'ai trouvé que l'autrice insistait vraiment trop sur cet aspect de son caractère. Et j'avais envie de la secouer à plusieurs reprises. Et pourtant, surprise, vers la fin du roman c'est une Elena complètement différente que nous avons, en totale opposition avec celle du début. J'ai trouvé ce changement vraiment trop brutal, il aurait été plus réaliste que ce changement soit plus progressif.

J'ai vraiment pris plaisir à lire ce roman, d'un genre que je ne pensais pas apprécier. Ce fut une très belle surprise et ça aurait pu être un coup de coeur si le personnage d'Elena avait été moins naïf et s'il avait évolué de manière plus progressive.
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