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Citations sur Magpie, tome 3 : L'envol des Magpie (6)

C’était probablement là un choix indiscret, l’aristocrate le savait, mais il refusait de s’en soucier. Ils s’étaient envoyés en l’air et avaient eu une vraie discussion pour la première fois depuis deux semaines, à cause de l’agenda toujours plein du magicien, et il n’allait pas gâcher ces quelques heures de plaisir volées en exigeant que Stephen se faufilât par l’escalier des domestiques comme s’il n’était qu’une liaison sordide. Les pourboires qu’il offrait aux portiers de son immeuble étaient suffisamment généreux pour qu’il ne fût pas dans leur intérêt de causer le moindre souci concernant ses allées et venues. Et il n’avait pas l’intention de s’inquiéter de l’idée d’être jeté au trou simplement parce qu’il descendait un escalier en compagnie d’un autre homme. Il avait passé sa vie d’adulte en Chine, où tout un chacun se foutait pas mal de qui partageait sa couche, et il n’aimait pas la façon dont les lois et les mœurs de l’Angleterre commençaient à s’insinuer dans sa conscience, le poussant à s’inquiéter de ce qui jusque-là avait toujours été sa normalité. Aussi avait-il fait tourner Stephen vers la porte de devant quand ce dernier avait été sur le point de partir par l’arrière, et c’est de concert qu’ils sortirent dans la rue glaciale.
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Crane le pénétra tout en parlant, sans ménagement, et Stephen rua, arquant le dos en réaction à cette invasion. Il poussa un cri, une fausse protestation, tout en sachant qu’elle serait ignorée, et sentit que le comte le soulevait encore plus du sol. L’aristocrate tirait pleinement avantage de sa taille et de sa force désormais, l’empalant jusqu’à la garde. Stephen était submergé par l’éclat de ses sens : la brûlure de la pénétration, l’impact électrisant de chaque coup de reins qui faisait sursauter violemment la chevalière qu’il portait autour du cou et la nuée de pies qui se rassemblaient autour d’eux dans l’éther alors que le pouvoir qui dormait dans le sang de Crane prenait vie grâce à la magie de Stephen.
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Stephen n’avait jamais vraiment eu de rêves, et même s’il en avait eu, il n’aurait certainement pas osé rêver d’une personne telle que Crane. Tout ce qu’il voulait, c’était survivre, s’en sortir, garder le contrôle de sa vie et de son travail sans que les choses tournassent mal, et il l’avait fait d’une manière plutôt satisfaisante.

Désormais, il avait un amant et une vie qui lui paraissaient tirés d’un roman fantastique, et cela le conduisait à la distraction. Chaque minute qu’il passait avec Lucien était volée à son devoir, chaque minute passée au travail était volée à son amant, et chaque chose qu’il accomplissait faisait qu’une chose encore plus importante était laissée en suspens.

J’aimerais avoir du temps pour lui, pensa misérablement Stephen. J’aimerais…
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Foutus chamans. Foutus menteurs. Foutu Stephen. N’y avait-il donc entre eux pas assez d’amour, de loyauté et de souvenirs de vies sauvées de justesse pour que Stephen lui dît la vérité, ne fut-ce que quelques fois ? Pour qu’il acceptât au moins de l’écouter ? Pour qu’il cessât d’endosser les maux du monde entier et laissât Crane l’aider à porter son fardeau ?

Il se mit à frapper de la main gauche, évacuant sa frustration. Stephen vivait constamment sur les nerfs, il partait en vrille. Ils pouvaient difficilement avoir une conversation sans que cela dégénérât en dispute. C’était exaspérant.

Et inquiétant. Stephen était à bout, surmené et à vif, mais il ne s’apitoyait pas sur son sort et se refusait à tout égoïsme. Il était l’un des hommes les plus fervents que Crane eût jamais rencontrés. Mais il avait des points faibles : Crane, d’une part, son équipe de régents, son sens écrasant des responsabilités d’autre part, et tous ces points faibles semblaient être mis à mal en même temps. Au moment même où ils avaient le plus besoin de se serrer les coudes, le stress de Stephen semblait les séparer.
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— Je ne sais pas qui vous êtes, dit-il à Fairley, avec une digne tentative d’autorité. Mais je suis un officier de la loi…

— Il le sait. Il est membre du Conseil. Taisez-vous, Rickaby.

Stephen entendit sa propre peur et essaya de paraître plus rassurant :

— Faites ce qu’ils disent et tout ira bien.
— Non, je ne pense pas que tout ira bien, contra Fairley. Tue-le, Newhouse.

Le peintre émit un petit sifflement de plaisir, et son scalpel fendit le portrait. Le coup sembla n’avoir laissé aucune trace pendant un instant figé, puis les deux pans de la toile s’ouvrirent, et au même moment, une entaille rouge foncé sembla se peindre d’elle-même sur le visage de Rickaby, entre ses yeux, incisant sa bouche ouverte, descendant le long de sa gorge. Ses traits s’affaissèrent de chaque côté, puis vint l’éclat de sang.

Stephen ferma les yeux, mais il sentit aussi bien qu’il entendit le bruit sourd du corps qui heurtait le sol.

— Voilà.

Fairley avait l’air satisfait.
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Tandis que la bataille aérienne canalisait l’attention de tout le monde, Crane s’était débrouillé pour mettre ses bras menottés devant lui et ils étaient désormais serrés autour du cou de Fairley. Crane tirait de toutes ses forces, utilisant la chaîne de fer qui reliait les deux menottes comme garrot, les maillons mordant la gorge du traître grassouillet. Le Conseiller s’agitait dans tous les sens, le visage rougi de sang accumulé, incapable de se défendre physiquement ou par magie. Crane s’était fendu d’une grimace de concentration farouche, lèvres écartées. Stephen ne voyait plus que très rarement les marques de la famille Vaudrey dans ses traits, il n’y voyait plus que Lucien, lui seul, et non son père brutal ou son meurtrier de frère, mais alors qu’il observait son amant étrangler un homme, cette ressemblance qu’il détestait était bien là, austère et vicieuse, et Stephen en était profondément heureux.
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