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Dans les derniers chapitres de « Nuages et Eau », Ryokan, presque à l'orée de sa vie, attend le retour du printemps et de sa jeune et bien-aimée Teishin. Son coeur est devenu aussi fragile que les ailes d'un papillon ; la patience et la confiance, infinies. Son amour de la vie (qui peu à peu s'éteint en lui) le fait désormais pleurer certains soirs. Aucun apitoiement sur soi dans ces chaudes larmes, juste le reflet éphémère de la mer qui se retire à l'autre bout du monde.

Lorsqu'ils se voient enfin, Ryokan et Teishin échangent très peu de mots. Comment pourraient-ils être suffisamment entiers et fidèles pour évoquer simplement ce que le coeur dit au coeur ? Ils écrivent juste quelques délicats et subtils poèmes, qu'ils accrochent aux murs délabrés de l'ermitage. Il est peu question d'eux dans ces courtes oraisons et les « je t'aime » n'y trouvent pas leur place. A moins que cela ne soit juste l'inverse… il n'est question que d'Eux et de l'Eternité de l'Amour.
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Ce roman relate la vie du moine bouddhiste et poète japonais Ryôkan qui vécut au XVIIIème siècle. Biographie romancée, biographie poétique, Daniel Charneux raconte d'une plume aussi fine que précise les chemins et le cheminement du moine zen, de ce moine itinérant « unsui, nuage et eau « , de ce moine « fou » qui aimait les arbres et les couleurs des saisons, la lune et les enfants.

« Était-ce lui qui suivait le sentier ou le sentier qui le menait ? [ Il ] pensait le monde et le monde le pensait. »

Daniel Charneux raconte comme un conte – les mots, les images coulent d'une parfaite limpidité – et pourtant, ce récit, c'est également celui de la société impériale japonaise shintoïste, des traditions et de l'administration des shoguns, ainsi que celui de l'art de la calligraphie, de l'initiation au bouddhisme, l'engagement, l'enseignement, la pratique, les voeux, la vie monacale.

C'est également le récit d'une rencontre, celle d'avec la moniale Teishin. La quatrième de couverture insiste sur cet aspect, donnant une image romanesque trompeuse de ce livre. S'il est vrai que cette rencontre réelle entre Ryôkan et Teishin de quarante ans sa cadette est magnifique, que la pureté des sentiments et des poésies qu'ils échangèrent est d'une émouvante beauté, elle n'est exposée à notre lecture que lors du dernier tiers de ce récit consacré au moine, simplement du fait de leur écart d'âge.

« Nuage et eau » raconte l'esprit du zen, le parcours d'Éveil et de poésie que Teishin accompagna les dernières années de vie de Ryôkan.

Daniel Charneux est parvenu à écrire ce livre dans cet esprit sensible « de joie, de découverte, de curiosité souriante « , en calligraphe la fluidité des mots qu'il trace, en spiritualité une lumière qui n'occulte pas « cette souffrance que l'on appelle la vie « , la poésie en transparence. Une narration, des scènes comme des peintures par touches, sensations, émotions, qui s'offrent le temps des paysages, des souvenirs, des méditations; le temps des doutes et des pertes aussi; le temps de s'émerveiller, l'infime et l'infini.

Être « une abeille qui, sans abîmer la fleur, sans lui voler sa couleur ni son parfum, n'emporte que le suc dont [elle] fera son miel. «
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Au XVlll siècle, vivait le moine Bouddhiste Japonais Ryôkan, passionné par les enfants avec qui il joue à la balle. Très vite il devient moine Zen et ermite. Pour lui la poésie fut le plus beau des cadeaux. Très beau livre de Daniel Charneux

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C'est avec ce livre que je découvre l'auteur Daniel Charneux, très éclectique dans ses thèmes de romans si j'en crois le catalogue de son éditeur Luce Wilquin, et surtout, surtout j'ai découvert le moine et poète Ryôkan, qui a vécu au Japon de 1758 à 1831, et j'ai passé un très beau moment !

Dès la petite enfance, Eizo est un garçon original, et son lien à la nature, au monde de l'eau, des oiseaux, son goût de la solitude et de la lecture ne cessera pas, même lorsque, entrant dans le monde des adultes, il reçoit le nom de Fumitata et doit s'initier à la charge de myoshun (maire et collecteur d'impôts pour les shoguns), dont le fils aîné est censé hériter de son père. Un évènement dramatique le conduira tout droit au temple de Kosho où il demande à devenir moine bouddhiste. C'est à son ordination qu'il recevra le nom de Ryôkan, qui signifie « Grand coeur ».

A travers le personnage de Ryôkan, on découvre l'initiation à la vie monastique bouddhiste, à la méditation zazen, à la recherche guidée par l'enseignement d'un maître, à la progression du moine sur le chemin de la Voie. Les longues heures de méditation l'ouvrent à un amour universel qui veut sauver tous les êtres, qu'ils soient humains, animaux et même végétaux. Ryôkan porte bien son nom, lui qui adore jouer avec les enfants, lui qui est capable de se tenir immobile au point que les oiseaux viennent manger sur lui, lui qui ne se lasse pas de contempler les érables et les cerisiers au fil des saisons, la lune son amie argentée, ou de laisser pousser en liberté une petite tige de bambou qui s'est invitée dans son ermitage.

« La vie, la Voie, la poésie » : les trois piliers de l'existence de ce moine qui a vécu en communauté plusieurs années, puis est devenu moine itinérant, unsui, « nuage et eau » et a fini sa longue vie en ermite, continuant à pratiquer une ascèse rigoureuse, mendiant sa nourriture, accueillant toute forme de vie qui passait chez lui, jusqu'à rencontrer la moniale Teishin, « Coeur fidèle ». Ces deux coeurs s'accorderont dans une amitié que l'on peut qualifier de mystique, très pure et très ouverte.

J'ai été vraiment très touchée par la vie et l'oeuvre de Ryôkan. J'ai été frappée par les correspondances très marquées entre les moines bouddhistes et les moines chrétiens : peu importe le dieu ou le personnage de référence, ce qui compte, c'est la décision de vivre à l'écart du monde tout en continuant à porter ce monde et tous les êtres vivants dans la prière ou la méditation, l'appel à l'ascèse, à l'épure, au détachement de soi, l'exil intérieur vers une forme de vie nouvelle, en ce monde ou dans l'au-delà, tout en gardant bien les pieds sur terre par le travail, l'accueil des hôtes, et même la mendicité.

Jusqu'à la fin de sa vie, Ryôkan ne cessera pourtant de penser aux siens, à ses parents, à ses nombreux frères et soeurs, les liens, bien que purifiés par la distance, ne seront jamais tout à fait tranchés, ce qui le rend tellement humain et proche. Son amitié avec Teishin, alors qu'il approche de la mort, lui rendra « une mère, une soeur, une épouse, une amie » dont il sera « le père, le frère, l'époux, l'ami ». Tous deux sont aussi poètes, ils manient sans cesse « la pierre et l'encre, le papier et le pinceau » pour exprimer leurs sentiments dans des haikus et autres formes poétiques très codifiées qui parsèment le livre.

J'ai vraiment aimé ce temps de contemplation, de silence intérieur, de recherche auquel nous invite Ryôkan. J'ai parfois été un peu gênée, au début, par l'écriture très codifiée elle aussi de Daniel Charneux, qui emploie de nombreuses énumérations qui vont toujours par trois ou par quatre. Mais cela correspond peut-être aussi aux rituels qui rythment l'existence du moine et je m'y suis très vite habituée. C'est aussi une belle méditation sur la vie et la mort, sur l'impermanence des choses, sur l'importance de goûter l'instant présent… toutes choses qui peuvent parler à nos coeurs et nos cerveaux peut-être rassasiés de vitesse, souvent obligés à la rentabilité.

Une très, très belle découverte en forme de coup de coeur, qui n'a pas été dans me rappeler les estampes d'Hiroshige, et qui m'incite à découvrir encore davantage l'univers de Daniel Charneux
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Daniel Charneux : "Nuage et eau"
Unsui ”, nuage et eau, moine itinérant. D'une écriture fluide, pure et simple, Daniel Charneux raconte la vie de Ryokan (1758 à 1831), moine zen japonais. Une vie intense, proche de l'essence du monde, en communion avec la nature, comblée par le vol des oiseaux, les jeux des enfants, le vent dans les feuilles, la croissance d'un bambou et les ricochets à la surface de l'eau. de sa belle écriture calligraphiée, Ryokan fige ces bonheurs purs pleins de sérénité avec des haïkus transcendés au crépuscule de sa vie par une rencontre avec une moniale, sage et aérienne, de quarante ans sa cadette, avec qui il entretint une correspondance poétique.

Ce roman biographique, “Nuage et eau” (Luce Wilquin, 230 pp., env. 20 €), Daniel Charneux – professeur de français et directeur d'école –, l'a écrit après avoir reçu le prix Charles Plisnier en 2007 pour “Norma, roman”, comme s'il avait fallu un signe. Et si le récit de cette vie d'ascète semble si juste, empli d'images poétiques, c'est parce que Daniel Charneux a lui-même pratiqué le zen plusieurs années.

Comment avez-vous découvert Ryokan ?
Par les haïkus. J'ai acheté un recueil de Ryokan par hasard et j'ai immédiatement été fasciné par son oeuvre et, plus tard, grâce à une biographie, par sa vie.
Vous avez publié “Pruine du temps”, un recueil de haïkus. Qu'est-ce que ce genre représente pour vous ? Quelles sont les contraintes ?
Un haïku, c'est un regard instantané sur les choses. Comme une photographie avec des mots. le haïku classique contient dix-sept syllabes en trois séquences, il existe aussi des haïkus libres mais j'aime cette musique de dix-sept syllabes, les contraintes techniques sont indispensables à toute forme d'art.
La fluidité et la simplicité de l'écriture ressemblent à la beauté pure du haïku.
En tant que professeur de français, la beauté existe quand il y a adéquation entre la forme et le fond. Si cela fonctionne, cela me réjouit. J'ai essayé de raconter cette histoire de la manière la plus limpide, la plus classique, sans effets de manche.
La vie de Ryokan est-elle exemplaire ?
C'est un idéal que vous partagez ? Oui. Il suffit de s'interroger un peu sur nos vies. On ne comprend plus rien au monde, on passe le plus clair de son temps à des choses pas très nécessaires, il y a une phrase qui dit “on perd sa vie à la gagner”. Notre vie est faite de superflu et on oublie souvent l'essentiel. Ryokan comprend qu'un bol, une hutte, le vêtement qu'il porte et la lune dans le ciel suffisent. Les meilleurs moments que l'on a vécus sont toujours liés à l'émotion, une rencontre, un chevreuil qui passe dans un bois… rien de matériel. Ce retour à l'essence même des choses est l'idéal bouddhiste, il pourrait aussi être mon idéal.
Dans la vie de Ryokan, il ne se passe rien et, pourtant, elle est si riche, si remplie…
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La vie de Ryokan, né au Japon en 1758 de l'ère chrétienne amené à reprendre la charge de myoshu (chef de village héréditaire), il deviendra moine bouddhiste zen puis ermite. A la fin de sa vie, c'est une moniale qui prendra soin de lui.
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Ce roman retrace librement la vie de Ryokan, moine bouddhiste zen japonais (1758-1831) et auteur de poèmes et de contes.
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