Aussitôt, elle revoit des bribes de sa vie, par flashes. Elle, enfant, courant dans les rues du village où vivait la mère de son père ; les beignets scintillants de sucre ; et le petit jardin tout éclaboussé de soleil, où bourdonnaient des guêpes ivres de figues.
Elle chasse ces images du temps d'avant, du temps de l'insouciance et des rires. Même les souvenirs heureux sont dangereux, à présent.
Quoi ! C'est ainsi qu'on traite la bête ? Elle n'a pas eu assez des plaies, de la fuite, il faut maintenant qu'elle endure le soupçon ? (p.64)
Tout son visage, pour quelques secondes, le temps de ce bref rire silencieux, laisse deviner l'enfant qu'il était sous l'homme qu'il devient. (p.46)
Tous les corps d'ici, dans ce wagon de métro, racontent des choses à l'insu de leurs propriétaires. Rage détourne les yeux, elle ne veut pas lire en eux. Son corps à elle est clos comme un tombeau, verrouillé comme une prison. Et c'est bien ainsi. (p.9)
Une pensée étrange lui vient: ce qui sépare le plus deux êtres humains, ce n'est pas l'âge, la langue, la fortune ou la culture.
Ce qui les sépare le plus, c'est la souffrance qu'ils n'ont pas partagées
Elle se retrouve marié au fleuve des morts.
Écoute, ma chérie, c'est juste des amis. Juste une fête. On a le droit, on ne fait rien de mal. Et personne ne nous en fera. Tu m'entends ? Personne ne te fera de mal. Je suis la.
Pauvre Artemis ! Si forte soit-elle, elle n'a rien pu faire pour celle qu'elle était autrefois, pour la petite Asabé, quand... Non, ne pas y penser. Laisser les bêtes enfouies au fond.
Sa naïveté lui serre le cœur. Elle en ressent un mélange de mépris et d’envie. Se peut-il qu’il y ait encore des innocents sur cette terre, qui ne voient pas plus le mal qu’ils ne le font?