Citations sur La disparition d'Audrey Wilde (13)
Notre quatuor n'est plus stable, il se disperse à tous vents. Je tente de combler le fossé entre mes soeurs et moi, spécialement entre Pam et Flora, mais c'est comme courir après des graines de pissenlit dans le pré.
Je me rends compte que [ ma tante ] doit souffrir du fait que maman, qui porte si légérement sa maternité, a des filles à n'en avoir que faire alors qu'elle, qui a pris son rôle de mère très au sérieux a perdu son enfant unique.
Ça ne semble pas ravir Pam. Moins nous sommes pour nous disputer l'attention de Tom, mieux c'est. Elle a déjà le charmant obstacle de Flora : bien que notre aînée se dise " déjà aux trois quarts amoureuse d'Harry", elle répugne à couper la corde à laquelle Tom pendille aussi, en volant égoïstement le coeur des garçons, au lieu de partager le gâteau avec Pam.
Elle prend une photo de Romy [ sa fille ] campée à ses côtés avec un déplantoir - une pose dont la mise en scène n'a pris que vingt minutes - et l'envoie par texto à Will, preuve du bonheur de leur nouvelle vie , puis la poste sur Facebook. La scène lui vaut quarante " like ". Ce qui la réconforte un peu.
Mais il semble qu' Harry puisse seulement exister torse nu dans les collines des Costwolds, parmi des rivières et des près, dans cet été brulant, tout en désir et rêve. En ville, il se dissoudrait dans la bruine.
Personne ne raconte jamais toute l'histoire. Celle de notre famille est bâtie sur des strates de silences. Elle ressemble à la berge, près de l'embouchure de la Tamise, où l'on dit qu'il suffit de frapper le sol pour que l'eau souterraine en jaillisse. Notre famille est comme ça, mais avec des secrets.
Les maisons ne sont jamais simplement des maisons.
(...), elle m'a dit que maman nous "élevait comme des chats". J'ai acquiescé en sirotant ma limonade. Il semble que nous ayons autant de vies, forcées d'ajuster nos allégeances et nos manières aux divers mondes que nous habitons, apprenant à dire ce qu'il faut, ou à taire certaines choses, quand nous passons de notre famille bohéme à la discipline flegmatique de Squirrels ou aux salons polis de nos amies de Londres, soutenues par l'éclat naguère brillant de notre patronyme. Flora et moi avons appris à enfiler plusieurs personnalités comme des chaussettes.
Elle prend une photo de Romy ( sa fille ] campée à ses côtés avec un déplantoir - une pose dont la mise en scène n'a pris que vingt minutes - et l'envoie par texto à Will, preuve du bonheur de leur nouvelle vie , puis la poste sur Facebook. La scène lui vaut quarante " like ". Ce qui la réconforte un peu.
Les maisons ne sont jamais simplement des maisons. J'en suis sûre à présent. Nous laissons des particules, de la poussière et des rêves, des empreintes sur des papiers peints jaunis, notre pas dans l'usure des marches. Et nous emportons des traces des maisons avec nous.