Il avait toujours ce regard un peu voilé qui lui donnait des frissons. Ce qui était curieux, puisqu’il ne révélait rien. On disait que les yeux étaient les fenêtres de l’âme. Dans le cas de lord Ripley, les rideaux étaient tirés. Ce qui valait sans doute mieux.
De mon côté, j’avais mes raisons pour accepter. Je me croyais prête. Mais le mariage, c’est le Grand Inconnu. On pense connaître une personne, surtout quelqu’un comme lui, dont tout le monde parle depuis toujours, mais comment serait-ce possible ?
Ripley préférait ne pas s’appesantir sur l’évocation de l’acte conjugal. Cela faisait un certain temps qu’il n’avait pas eu de relations avec une femme et, pour l’heure, il pouvait difficilement remédier à cet état de choses. Son esprit, pourtant, trop aisément troublé par le deuxième cerveau qui se trouvait sous sa taille, n’était que trop enclin à imaginer comment réparer cette lacune.
C’était bien beau de se montrer insolent, débauché, et de se soucier comme d’une guigne de la bonne société. Mais si un homme demandait la main d’une fille, il ne devait pas lui fournir la moindre raison de ne pas se présenter à la noce. C’était d’une légèreté inqualifiable.
Seule une folle prendrait ses jambes à son cou plutôt que d’épouser l’un des hommes les plus séduisants, les plus riches, les plus puissants du royaume.
Elle avait six frères et, bien que née deuxième, elle comptait pour rien parmi les garçons. C’était « dominer ou être dominée ».
Certains la disaient trop dominatrice pour une fille. Mais cela n’aurait plus d’importance lorsqu’elle serait duchesse.