Jade semble tout savoir, tout comprendre, son regard intense est poignant. Bientôt, enfin, les sourires réapparaissent. Jade fait face à la vie avec une maturité désarmante...
Passé le premier choc, nous comprenons que tous ces tubes, tous ces drains, toutes ces machines sont indispensables à sa vie. Le progrès, même s'il peut sembler effrayant, est un privilège merveilleux.
Et malgré les sédatifs, les antidouleurs, les calmants, les machines, lorsque nous nous approchons de son berceau, Jade sent notre présence. L'amour, plus fort que tout : ses cils bougent, comme pour nous signifier : "Je sais que vous êtes là... Je suis impressionnante, mais ça va, je gère..."
J'éprouvais une sensation étrange, il y avait la souffrance du manque de la famille que nous avions perdue, et en même temps ce bonheur merveilleux, inestimable : je découvrais enfin ma mère.
Mon père, ce fou d'aventure qui n'avait jamais quitté le rivage, est enfin parti ainsi avec un petit clin d'œil.
Je l'aimais à la folie, ce père qui s'était volatilisé et qui était revenu. C'était un homme infiniment généreux, mais extrêmement perturbé aussi, sensible, tendre, excessif et parfois violent. Mais pas avec moi, et jamais physiquement en tout cas.
Malgré tout, j'idolâtrais mon père. J'étais dans le déni pour beaucoup de choses et mon jeune âge me permettait de le visualiser comme une sorte de héros.
La vie ainsi se brise sans que rien ni personne puissent le présager.
Mon existence tout entière, mon amour absolu seraient pour elle, mon enfant, ma fille.
- Après la vie, il y a la vie, me dit-elle. Différente peut-être, mais la vie.
Partager. C'est ce que j'ai voulu faire en écrivant ce livre. Transmettre un peu de la force qui me reste pour vous aider, si je le peux, à avancer, vous qui souffrez comme je souffre.