Citations sur Pense à ceux que tu aimes... (15)
Tout le monde était resté à distance, à mater, du moins tous ceux qui ne s’étaient pas échappés de la soirée, plus soucieux de cacher leur ébriété que de venir en aide à la victime. Nous étions sous le choc, voilà comment j’avais tenté de nous justifier. Mais, aujourd’hui, je savais que cette paralysie n’était que de la culpabilité. Et si la fille était morte dans les minutes qui avaient précédé l’arrivée de la police, elle serait morte seule.
Parfois, la vie bifurque sans qu’on s’en rende compte. On dit au revoir à une amie du lycée en juin sans savoir qu’elle va déménager pendant l’été et qu’on ne la reverra jamais. On s’inscrit en classe de microbiologie sans avoir conscience que cela va changer le cours de votre carrière. Ou alors un mardi, par hasard, on rencontre la personne qu’on va épouser.
Il était joueur, buté, affectueux et il rentrait parfois dans sa coquille lorsque les choses n’allaient pas comme il le souhaitait. Il me forçait souvent à endosser le rôle du parent sévère avec les enfants et il détestait les conflits – assez pour éviter d’évoquer ses désirs de divorce ?
Mon mari a la carrure nerveuse de l’universitaire qu’il est et son nez rougeoyait au milieu de son visage pâle. Il est très beau. Ce n’est pas quelque chose qu’on dit facilement d’un homme, mais c’est vrai : un sourire à fossettes, des cheveux en bataille qui invitent aux caresses et de grands cils dont, par bonheur, les enfants ont hérité. Mes yeux à moi sont cerclés de cils riquiqui, qui ne se remarquent que par le truchement miraculeux du mascara volume.
À ce moment précis, l’être en face de moi n’avait plus rien d’humain. C’était un animal aux abois, le corps tendu, le souffle court.