Jeunesse
Jeunesse qui t'élances
dans le fatras des mondes
Ne te défais pas à chaque ombre
Ne te courbe pas sous chaque fardeau
Que tes larmes irriguent
Plutôt qu'elles ne te rongent
Garde-toi des mots qui se dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit
Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard
Jeunesse entends-moi
Tu ne rêves pas en vain.
Au cœur du cœur
Au cœur de l’espace
Le Chant
Au cœur du chant
Le Souffle
Au cœur du souffle
Le Silence
Au cœur du silence
L’Espoir
Au cœur de l’espoir
L’Autre
Au cœur de l’autre
L’Amour
Au cœur du cœur
Le Cœur
Errer
Elle va elle va
La remuante vie
Distançant nos fictions
Devançant tous nos rêves
Tandis que nous errons
D'ébauches en ébauches
Fabriquant sur l'écorce du monde
De frêles abris
Tandis que nous rôdons
Vers l'incernable issue
Mendiants d'éternité
Et de terres mal promises
Les peurs parfois nous déportent
Vers de douteux appuis
Nous enferment parfois
En de sombres bastilles
Sans fenêtres sur l'espace
Sans passage vers autrui.
J'ai traversé des seuils rencontré le partage
J'imaginais des sons des saveurs des reflets
J'inventais une durée par-delà tout naufrage
J'ai gravé l'avenir dans la moelle du passé
Je réduisais les murs
Transperçai les enceintes
J'ai aimanté les mots
J'ai dansé le silence
Sur les nervures du temps
J'ai comblé d'herbes
Les gouffres les brèches les failles
Enroulé de soleils la spirale des nuits
Maison sans racines
Engluée dans tes mailles
Vissée à tes ancrages
Couvant parures et biens
Je me défais de tes cordages
Te laisse à tes façades
A tes entraves de mille riens
Pour célébrer
La Maison sans racines
Entre ses murs dévêtus.
Ensemble
Je chemine vers les fonds de toi
Où le regard est en repos
Ou l'ombre se replie
Où les murs se descellent
Quand j'ai appris
Que ton geste et ton mot
N'étaient que tes saisons
J'ai pris sur moi ce pèlerinage
Pour te franchir porte à porte
O toi qui me conteras notre histoire.
Les habiles, les jongleurs de mots sont plus éloignés de la poésie que cet homme qui - sans parole aucune - se défait de sa journée, le regard levé vers un arbre, ou le coeur attentif à la voix d'un ami.
Je dis aime
J'ai les méninges nomades
J'ai le miroir maussade
Tantôt mobile
Tantôt tranquille
Je moissonne sans bousculade
Je dis Aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis M
Comme un emblème
La haine je la jette
Je dis AIME, AIME, AIME
Du sphinx dans mon rimeur
Paris au fil du cœur
Du Nil dans mes veines
Dans mes artères coule la Seine
Je dis Aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis M
Comme un emblème
La haine je la jette
Je dis AIME, AIME, AIME
Je me démasque
J’ai son côté fantasmatique
Un peu BD et romantique
Réalité un brin magique
Souvent lunaire sous mes tuniques
Je suis ici mais avec lui
J’l’ai dans la peau
J’monte aux tréteaux
Tout seul, moi-même
Avec le cœur barbouillé d’M
Je me démasque
M mon fantasque
Colle à mes basques
Réclame d’autres frasques
Je vais, je viens en compagnie
Avec ce double en utopie
Plus de jeu, plus de masque
Avec mon M toujours en place
Plus de jeu, plus de masque
Lui en dedans, moi en avant
Je me démasque
M mon fantasque
Colle à mes basques
Réclame d’autres frasques.
Le dénué d'amour trace partout des cercles dont le centre n'est pas.