L'Ange sur le pont

Contemplant Sunset Boulevard à trois heures du matin, je compris que ma terreur des ponts était la manifestation maladroitement déguisée que m'inspirait ce que devenait le monde .

La bizarrerie d'Irene Wryson consistait en un rêve. Une ou deux fois par mois, elle rêvait que quelqu'un - quelque ennemi ou quelque malheureux pilote américain - avait fait exploser une bombe H. À la lumière du jour, son rêve était parfaitement dénué de sens, car elle ne pouvait le relier à son jardin, à l'intérêt qu'elle vouait à l'embellissement de son quartier ou à son confortable train de vie. Elle ne pouvait se décider à raconter à son mari, au petit déjeuner, qu'elle avait rêvé de la bombe H.