Un bon écrivain est un écrivain mort

Marc Levide et Guillaume Muzo pourtant sur la première marche au classement des best-sellers avaient été oubliés, voire superbement ignorés.

Le courrier précisait qu'autour de cette ronde censée déclarer officiellement ouverte la cérémonie de la sacro-sainte rentrée littéraire étaient convié dix grands écrivains à succès, triés sur le volet, figurant tous la liste des meilleures ventes de l'année : Frédéric Belvédère, Michel Ouzbek, Amélie Latombe, Delphine Végane, David Mikonos, Kathy Podcol, Tatiana de Roseray, Christine Légo, Jean de Moisson et Yann Moite.

Je vous accuse, tous ensemble comme un seul, mais aussi un à un.
Frédéric Belvédère, vous vous prenez pour le fils spirituel de Salinger et de Sagan, alors que vous n'êtes qu'un fils de pub trop timoré pour oser frapper à la porte de Salinger et tout juste bon à rédiger les slogans d'un Jacques Cegala à Rolex. Je vous accuse de lâcheté.
Amélie Latombe, en dehors de porter des chapeaux ridicules et de vous donner un genre d'adolescente attardée - à l'âge que vous avez, c'est pathétique -, vous confondez taylorisme et écriture. Vous produisez vos quatre-vingts pages annuelles et poussives, pour assurer le chiffre d'affaires et la rentabilité de vos marchands de livres. Je vous accuse de cupidité.
David Mikonos, pour écrire vos... pages - je ne peux décemment pas appeler ça des romans -, vous pillez régulièrement les rédactions de collégiens de vos petits neveux et nièces ainsi que de leurs camarades de classe, sans leur reverser le moindre centime de droits d'auteur. Je vous accuse d'indélicatesse.
Christine Légo, vous parlez trop, écrivez mal, et faites se retourner Marguerite Duras dans sa tombe. Vous êtes trop pleine à la fois de vous-même et de haine. Je vous accuse de nombrilisme.
Michel Ouzbek, vous sombrez dans la facilité en jouant la provocation sur des sujets racoleurs et poujadistes. Et, par pitié, habillez-vous, coiffez-vous, prenez un peu soin de vous. Je vous accuse de paresse.
Yann Moite, vous avez de sang-froid abandonné une carrière d'écrivain qui se promettait à vous pour une illusoire et éphémère célébrité télévisuelle, avec pour Graal la bienveillance éternelle de Laurent Roquet. Je vous accuse de manque d'ambition.
Jean de Moisson, vous avez dirigé le Gorafi, vous vous regardez écrire et vous vous écoutez parler. Il faut que cela cesse, de grâce, pour nos yeux et nos oreilles. Je vous accuse de brassage d'air.
Delphine Végane... votre mère, votre mère, toujours votre mère ! Elles ont bon dos les mères. Je vous accuse d'ingratitude.
Tatiana de Roseray, il fallait changer d'éditeur. Je vous accuse de médiocrité.
Kathy Podcol, par pitié, arrêtez d'écrire. Je vous accuse de tout.
Accusés, avez-vous quelque chose à dire pour votre défense, vous qui méritez de périr sur le bûcher des vanités ?

Des frères franciscains récollets y fondèrent leur couvent en 1633, à l'époque de la Réforme catholique. Récollets signifie « recueillis ». Mais j'imagine que vous le savez déjà, surtout vous, monsieur de Moisson, n'est-ce pas ?

Pourquoi écrivait-elle ? On ne cessait de lui poser la question. A laquelle elle répondait toujours la même chose : « J'écris parce que je ne peux pas faire autrement. » Elle avait commencé à l'âge de dix-sept ans, sans savoir ce qu'elle faisait.