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Critique de mumuboc


Une femme lit le journal et cette femme se nomme Lydia Cassatt. Elle est la soeur aînée de celle qui tient le pinceau, Mary Cassatt, peintre et graveuse d'origine américaine faisant partie du mouvement impressionniste de la fin du XIXème siècle dont je dois avouer que les toiles m'étaient connu mais dont je ne connais ou n'avais pas retenu le nom de leur auteure.

Lydia est la narratrice de ce roman, découpé en 5 tableaux dont elle est l'élément principal. La famille s'est installée à Paris où Mary expose et fréquente le milieu artistique mais on détecte chez Lydia la maladie de Bright qui va l'emporter en 1882. Elle évoque sa vie, sa relation avec sa soeur et Edgar Degas, ami de Mary, souvent présent pendant les longues heures de pose dont elle décrit très précisément tout le déroulé et le travail de création de sa soeur.

C'est une famille très marquée par les deuils : perte de plusieurs enfants par le passé et la maladie de Lydia laisse planer à nouveau la mort dans le foyer. La relation entre Lydia et Mary est forte, protectrice de la part de Mary, qui semble vouloir garder des traces de Lydia sachant que celle-ci s'efface de plus en plus de la vie. Lydia noue avec Degas une relation ambigüe faite à la fois de sentiments mais aussi de jalousie vis-à-vis de cet homme dont elle a l'impression qu'il lui ravit sa soeur.

J'avais déjà vécu cette expérience qu'une auteure se glisse dans un personnage d'un tableau avec Gaëlle Josse et Les heures silencieuses et imaginer la vie de celui ou celle qui est représenté, ses pensées, son quotidien, le pourquoi de sa présence sur la toile est un postulat de départ qui m'intéresse car moi-même je me pose souvent la question et je bâtis des scénarios lorsque je visite une exposition, un musée.

Harriet Scott Chessman dessine à travers cette biographie romancée mais inspirée des travaux autour de Mary Cassatt, le portrait du Paris artistique de la fin du XIXème siècle, du travail d'élaboration d'une peinture, du choix du cadre, des poses, de la lumière et des couleurs mais également un regard porté sur deux femmes, l'une active, créatrice, l'autre immobile, observatrice qui se sait condamnée.

Les oeuvres de Mary Cassatt sont d'une rare délicatesse, ses modèles étant principalement des femmes et des enfants, des scènes de la vie quotidienne, avec un sens du flou, de la couleur et de la douceur, des instantanés de vie de l'époque.

Harriet Scott Chessman attire notre attention sur ce que la peintre voulait faire passer dans ses toiles : le temps, l'amour maternel, tout est dans le geste, le regard, l'instant. Chaque chose, objet a son importance, tout est souvent lié et c'est également un regard porté sur la vie de cette époque.

J'aime cette façon romancée de mettre le projecteur sur un(e) artiste, de façon directe ou indirecte (par un tiers) surtout quand, comme dans le cas présent, l'écriture est aussi juste et délicate que les toiles évoquées. J'ai d'ailleurs trouvé très judicieux d'inclure dans chaque partie le tableau évoqué, en couleurs, permettant ainsi de s'y référer au fur et à mesure des détails fournis, des couleurs, lumière etc....

Une femme fait son entrée dans la lumière du monde artistique, l'autre s'enfonce de plus en plus dans l'ombre, s'efface peu à peu et en regardant les cinq portraits réalisés sur trois ans on ne peut qu'être touchés par le visage qui perd de sa fraîcheur mais dont on ressent toute la tendresse du peintre pour son modèle.

"Empreinte d'une tranquille assurance la main de la mère s'attarde dans l'eau de la bassine, et elle se penche au-dessus de son bébé, et le bébé ne la quitte pas des yeux. A l'extérieur de la pièce, la vie poursuit son cours, avec ses bateaux et ses trains, ses républiques, ses lointaines colonies, son industrie, son injustice, ses guerres, sa terreur. le monde n'est plus qu'une vue de l'esprit quand il s'agit d'autre chose que de cette tranquillité, cet espace clos, cet amour attentif. (p104)"
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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