L’infanterie endure tout un tas de saloperies. Les gars vivent dans des trous creusés dans le sol, ils ont froid, ils sont trempés, enfoncés dans la boue, affamés, ils s’exposent à des tirs au mortier, des tirs d’artillerie, de roquettes, à des bombes, au gaz, aux missiles, aux raids aériens et ils n’ont que du barbelé et des sacs de sable derrière lesquels tirer à la mitrailleuse, mais vous savez ce qu’ils détestent par-dessus tout?
— Les snipers.
— Exactement. La mort aléatoire, celle qui vient de nulle part,
n’importe quand, n’importe où et sans prévenir. À tout instant, tous les
jours. Sans répit. Le stress devient insoutenable. Certains en deviennent
fous, littéralement.
On peut quitter l'armée, mais l'armée ne vous quitte pas. Pas toujours. Pas complètement.
Vous êtes du FSB ou du SVR?
— SVR.
À savoir Sluzhba Vneshney Razvedki, les services de renseignements russes. Comme la CIA aux États-Unis, la DGSE en France et le MI6 en Angleterre.
— Mais nous sommes encore du KGB en réalité, reprit-il. Mêmes ingrédients, nouvelle recette.
Du point de vue stratégique, la Grande-Bretagne était un porte-avions mouillant en permanence au large des côtes européennes et il y avait plus qu'assez de place pour les ponts d'envol.