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Critique de Nastasia-B


Quand, sous l'Ancien Régime, un improbable militaire de haute noblesse empoigne sa plume pour rédiger un improbable roman épistolaire devisant d'amours libertines, on parle de curiosité.
Quand ce singulier roman, plus de deux siècles plus tard, malgré les changements de tous ordres et le fossé des classes sociales arrive encore à émouvoir jusques aux tréfonds de la moelle une insignifiante créature roturière de tout juste dix-huit ans, qui sait à peine ce que le mot "littérature" veut dire, on parle de chef-d'oeuvre.
Quand, à travers les époques, ils sont des millions, de tous âges, de tous sexes, de toutes sensibilités, de toutes confessions, nationalités ou conditions sociales à avoir éprouvé un émoi comparable en tous points à celui de l'insignifiante roturière, on vénère l'un des plus grands patrimoines mondiaux de la littérature.
Aaaah ! Combien plus belle, combien plus grande eut été votre contribution aux choses de la littérature qu'à celles des armées, Monsieur le Général Choderlos de Laclos !
La Bruyère écrivait que: "Qui peut, avec les plus rares talents et le plus excellent mérite, n'être pas convaincu de son inutilité, quand il considère qu'il laisse en mourant un monde qui ne se sent pas de sa perte, et où tant de gens se trouvent pour le remplacer ? Combien d'hommes admirables, et qui avaient de très beaux génies, sont morts sans qu'on en ait parlé ! Combien vivent encore dont on ne parle point, et dont on ne parlera jamais !"
Certes, vous n'êtes pas mort sans nous rien laisser, Monsieur de Laclos, mais un seul, un seul malheureux et orphelin petit roman, c'est bien peu, c'est trop peu, quand on sait faire autant.
Que dire maintenant? L'histoire? tout le monde la connaît et si, par chance, vous l'ignoriez encore, ce serait sacrilège que de vous la déflorer. Les turpitudes du Vicomte de Valmont et de la Marquise de Merteuil auprès de la Présidente de Tourvel, sont, je suppose, à peu près connues de tous. Les dommages collatéraux également. Lisez-la, c'est la meilleure chose que vous ayez à faire. Qu'est-ce que vous risquez? Juste une superbe émotion dont vous vous réjouirez encore dans des décennies. Au pire, de l'indifférence... Si! Tous comptes faits, si! Il faut que je vous dise quelque chose, lorsque du haut de mes dix-huit ans, ignorante de tout et même de mon niveau d'ignorance, je lisais ces lettres, j'ignorais la classification des titres de noblesse. Aussi, peut-il être intéressant que je vous glisse cette information qui peut avoir son importance pour la bonne intelligence de deux ou trois subtilités. le titre de noblesse le plus bas est celui de Chevalier, puis Banneret, puis Baron, puis Vicomte, puis Comte, puis Marquis et enfin, le plus élevé, Duc. Président n'est normalement pas un titre de noblesse, mais il peut être utilisé pour désigner une personne noble occupant un emploi élevé, par exemple dans la magistrature. Quant à "Madame", c'est la version féminine de Sire ou Monseigneur et évoque un titre de noblesse accompagné d'un apparentement avec une famille royale, impériale ou princière. Autre précision d'importance, ce roman n'est ABSOLUMENT PAS pro libertinage et n'a ABSOLUMENT RIEN à voir avec les écrits de Sade.
Sachez, pour conclure, que si aujourd'hui je lis des romans, vous y êtes vraisemblablement pour quelque chose, mes trois vibrants mousquetaires, Hugo, Laclos & Corneille. A vous trois, merci, et respect.

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