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Critique de MarianneL


Comme avant lui « Daimler s'en va » de Frédéric Berthet (1988, éditions Gallimard), « Un petit chef d'oeuvre de littérature » est un livre sur lequel il est difficile de gloser, par peur de faner le ton mêlé de fraîcheur et de désenchantement, la légèreté mélancolique et profondément attachante de ce récit.

Sans doute est-ce aussi parce que le livre de Luc Chomarat est un inclassable, un livre qui chemine hors des conventions et des catégories qui brident écrivains et lecteurs. Et d'ailleurs le livre éponyme, personnage central du récit, ne trouve pas tout de suite à être publié, les maisons d'édition lui répondant, les unes après les autres, que le manuscrit n'entre pas dans le cadre de leurs collections.

Après avoir été boudé par les critiques et les bloggeurs, un petit chef-d'oeuvre de littérature est enfin reconnu pour ce qu'il est : un petit chef-d'oeuvre de littérature. Il se vend à la pelle, est traduit et adapté au cinéma par les Américains. La jubilation de Luc Chomarat est palpable à la lecture de ce livre justement inadaptable où le livre et son auteur, son ami Rastignac, ambitieux séducteur, le critique littéraire, le libraire ou le facteur apparaissent comme des silhouettes qui permettent à l'écrivain de se jouer des clichés, et d'inventer un récit délicieux et absurde où objets et personnes physiques ou morales s'entremêlent, où les auteurs se confondent avec leurs livres et la vie avec la littérature.

« Un petit chef d'oeuvre de littérature » saisit l'air du temps, il parle de lui-même sans rien révéler du récit, se considère à la troisième personne ; il brocarde la littérature trop facile, le caractère moutonnier du milieu littéraire et des critiques qui d'abord assassinent le petit chef-d'oeuvre, avant de se rallier à cause lorsque les ventes s'envolent, sans que personne ne comprenne vraiment pourquoi ; il raille encore le marketing et les stratégies commerciales des éditeurs, le rachat des petits éditeurs par les gros, la folie des médias, la cuistrerie des blogueurs, les titres qui valsent en librairie, la catégorisation absurde des livres, l'absurdité du succès avec laquelle il est aussi difficile de composer et la floraison interminable des lieux communs.

Sous ce portrait critique du monde du livre, le petit chef-d'oeuvre de littérature adore sans sérieux toute une bibliothèque d'auteurs et de livres et compose ainsi une déclaration d'amour à la littérature, à mi-chemin entre la parodie et le terrain de jeu, formant ainsi un pendant littéraire au précédent livre de Luc Chomarat publié chez Marest éditeur, « Les dix meilleurs films de tous les temps ».

Luc Chomarat sera l'invité de la librairie Charybde (129 rue de Charenton, Paris 12ème) le 12 décembre en soirée, ce qui nous fait vraiment très plaisir.

Retrouvez cette note de lecture et et beaucoup d'autres sur le blog Charybde 27 ici :
https://charybde2.wordpress.com/2018/12/03/note-de-lecture-un-petit-chef-doeuvre-de-litterature-luc-chomarat/
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