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Critique de Sharon


Le temps a bien changé depuis L'affaire Protheroe. Miss Marple n'est plus une détective débutante, elle est au contraire reconnue pour ses compétences, au point que son amie d'enfance, Ruth van Rydock, lui confie une mission très importante. Il n'est pas question ici de découvrir un meurtrier, la mission est beaucoup plus délicate : il faut protéger une future victime. Contre qui ? Les éléments sont très minces. Néanmoins, miss Marple choisit de se fier aux pressentiments de son amie et de se rendre auprès de Carrie-Louise. Rendons ici justice au talent de Miss Marple : elle se glisse à merveille dans le rôle (l'amie pauvre qui, après-guerre, a besoin de se recouvrer sa santé et qui est trop digne pour demander de l'aide) inventée par Ruth, afin que personne ne se doute de rien. Miss Marple se retrouve alors dans un univers complètement étrange et décalé. Si elle ne perçoit pas d'où vient la menace, elle a très vite la certitude qu'elle est bien réelle.
 
La famille tient un grand rôle dans cette histoire, un rôle moderne si j'ose dire car elle est recomposée. Carrie-Louise, en dépit de ses trois mariages, a su maintenir des liens affectifs très fort avec chacun des enfants de ses conjoints successifs. Il suffit de lire à quel point Christian, le fils de son premier mari est soucieux de sa santé. Elle a également élevé sa petite-fille, Gina, dont la mère, sa fille adoptive, est morte en la mettant au monde. On ne pourrait imaginer contraste plus grand avec sa fille Mildred : cette grande enfant (elle approche de la cinquantaine), cette veuve respectable, n'hésite pas à cracher à haine à sa nièce, la trop insouciante Gina, mariée à Walter, un (humble) américain.
 
Lorsque le meurtre a lieu, Miss Marple doit faire la part entre les apparences et la réalité. Les deux seuls personnages à ne pas jouer sont Walter et Carrie-Louise. Walter, étranger à la famille, étranger aux complots, étranger tout court ai-je envie de préciser, est le coupable idéal. Comme il est innocent, sa défense est d'une simplicité rare : dire la vérité. le cas de Caroline Louise est différent. Tous veulent la protéger, tous la croient fragile, et surtout, en-dehors des réalités de la vie, alors qu'elle est une des rares personnes à aller au delà des apparences.
 
Agatha Christie effectue là un beau travail de mise en abîme. Plus qu'une intrigue policière, c'est à un drame shakespearien que nous assistons. Drame, mais aussi comédie : Gina et Walter, à leur manière, ont été Kate et Petrucchio. Toujours habile, c'est au moyen d'une lettre, envoyée à Ruth van Rydock, que la fin de l'intrigue nous est dévoilée : l'effet de réel est encore accru.
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