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Citations sur Les derniers jours (20)

Qu’en est-il du sens de pareille existence, sans échappée possible, ni vers les au-delà de paradis promis jadis par les religions, ni vers les satisfactions de l’esprit fournies par une culture aujourd’hui rabaissée au rang de loisirs, mais dont le seul et unique soin restera l’entretien de cet organisme précieux qu’est son corps, enchaînant jour après jour de pénibles exercices musculeux rassemblés sous le nom de fitness, la pratique des sports devenue obsessionnelle dans la poursuite de plus en plus nauséeuse de la performance, de sorte que, née de rien et promise à rien, cette carcasse soit un jour encore, un jour de plus, capable de satisfaire pleinement, sans erreur, sans retard, sans humeurs, aux horaires, aux agendas, aux commandes, aux impératifs d’une profession et aux illusions d’une vie sociale – clubs de rencontres et « réseaux sociaux » - dont la nécessité et l’utilité auront cependant cessé d’être visibles ?
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La télévision est caricaturale. Elle charge, elle grossit, souligne, exagère les défauts, sélectionne les étrangetés, les curiosités, les êtres qui surprennent, effraient ou scandalisent. Elle est devenue le champ clos du grotesque, de l’odieux, du barbare, du désinvolte et de la provocation. Son ton est nécessairement goguenard, et la goguette est en effet son but.
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"La journée sera sombre et pluvieuse. il tombe des cordes. me voilà ramené à mon enfance, lorsque je me trouvais privé de pouvoir sortir et rejoindre mes copains, prisonnier dans la chambre.
Derrière les vitres, poudrées de petits cristaux de pluie, grandit dans une lumière assombrie mon envie de lire et d'écrire.

Autrefois, je lisais pour ralentir mes impatiences, la lecture était capricieuse. Lire aujourd'hui réchauffe un froid intérieur et elle exige temps et continuité."
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Comment le déroulement continu et plat d’un texte dans le « vacuum » électronique pourrait-il permettre pareille appréhension ? Qu’attendre de cette préparation sur la plaque de verre de l’ordinateur, dans laquelle on peut à loisir « couper/coller », opérer des prélèvements comme sur une paillasse de laboratoire, les examiner et les analyser, comme le font les « doctorants » d’aujourd’hui, le regard abîmé sur l’écran, fiers d’être admis désormais, en relevant les « mots clefs » et en calculant, dans les écrits de Proust ou de Zola, les occurrences et les paramètres, au rang de « chercheurs en sciences humaines » ?
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« Jamais la lumière n’a été aussi belle… » Cet émerveillement, que Bonnard eut un jour devant un ciel mouillé de Normandie, ce matin, je l’ai devant la lagune.
Pourquoi cette simple notation me touche-t-elle ? « Jamais la lumière », déchirement entre un état éternel, la lumière de toute éternité, et l’irruption d’un moment, ce moment qui ne reviendra pas… « jamais », jamais plus, « a été », toutes ces formes d’un passé à jamais défini, à quoi s’oppose enfin, sur une note haute, le « aussi », l’intensité, l’éclat de cette lumière-là, amenée au seuil d’une perfection dont nous percevons parfois l’éclat.
C’est alors cet éclair même qui nous convainc que le beau a été, durant un instant, à portée de notre œil. L’intuition de l’éternel nait de l’instant, et le sentiment du divin d’un hasard naturel dans lequel vacille la beauté.
Je comprends en ce sens le mot de Goethe, appelant en mourant la lumière.
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La culture survit quelque temps à la mort des religions. Parfois même, elle semble un moment plus brillante que du temps où elle était la servante de la foi. Comme si, par quelque phénomène symbiotique, restait quelque chose du terreau ancien, sur lequel pousseraient les fruits d’une arrière-saison, une pourriture noble qui donnerait naissance à des vidanges tardives, à des récoltes d’un vin doux, sucré, mais qui a perdu toute vigueur.
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Cette classe, dont j'avais tant envié la fortune et l'aisance, et dans laquelle je serai, fût-ce à reculons, entré, cette "intelligentsia" tant admirée mais dont j'avais redouté l'arrogance, face à ces enfants de bourgeois qui me faisaient une peur de chien quand je les rencontrais, il m'apparaît aujourd'hui qu'animée de la joie mauvaise du refus des distinctions et du respect des commandements, elle aura trahi, installée qu'elle est de par sa propre volonté et par sa propre promesse, dans un exil culturel permanent et profond.
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J'ai tant aimé ce monde d'ici-bas, les choses matérielles, dans leur poids et dans leur rugosité, dans leur matière et leur facture, j'ai tant voulu ces biens qu'ont été les livres, les objets d'art, les outils du savoir, les créations de la culture, et j'ai fini, alors même que je n'en avais rien, par en acquérir assez pour me juger heureux.
J'éprouve aujourd'hui le sentiment d'une trahison.
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L'Église aurait-elle honte d'avoir été celle qui a été à l'origine du plus prodigieux trésor visuel connu ?
Cette religion de la représentation, de la réflexion de la figure, et du respect du visage, qui ne prône ni la Loi ritualisée du judaïsme ni le détachement du monde des bouddhistes, ni le dépouillement des réformés, ni l'iconodulie des orthodoxes, la religion catholique m'est apparu longtemps comme la plus respectueuse du témoignage de sens, la plus attentive aux formes et aux parfums du monde. C'est en elle aussi qu'on rencontre la plus profonde et la plus surprenante tendresse. Le catholicisme me semble avant tout une religion non pas du détachement, ni de la conquête, ni d'un Dieu jaloux, mais une religion de la douceur.
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Là sans doute a été et demeure aujourd'hui la grandeur de l'Église : elle est née de la contemplation et de l'adoration d'un enfant qui naît, et elle s'est fortifiée de la vision d'un homme qui ressuscite. Entre ces deux moments, la Nativité et Pâques, elle n'a cessé de lutter contre "la culture de la mort", comme elle le dit justement.
Un Dieu sans la présence du Beau est plus incompréhensible qu'un Beau sans la présence d'un Dieu.
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