Cependant, de même que Léonard poursuivait ses recherches sur les forces naturelles avec une sorte de ténacité inspirée, de même nous le sentons, dans le Saint jean, serrer de plus près la forme, pénétrer plus avant dans le mystère, jusqu'à sembler faire partie de ce mystère. C'est pourquoi, de même que ses contemporains, nous ne le considérons plus comme un homme de science, cherchant une vérité démontrable, mais comme un magicien, comme un homme qui, par sa connaissance profonde des lois de la nature, a surpris un troublant secret de la création.
La meilleure manière de poser le problème réside dans la question suivante: qu'est-ce qui aurait le plus intéressé Léonard ? Un tableau de Jackson Pollock ou une radiophotographie de la Lune ? La réponse ne fait pas de doute.
Les plus grands progrès scientifiques s'accomplissent lorsque la mémoire, l'imagination, le sens du calcul rencontrent une sorte d'instinct technique. C'est là ce qu'aurait été pour Léonard le sens de l'art, et les neuf dixièmes de ce qu'aujourd'hui nous qualifions ainsi ne lui auraient paru qu'insignifiante décoration.