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Critique de Kalgan


Arthur C. Clarke, auteur des cycles de L'odyssée de l'espace et de Rama, a également écrit des romans indépendants qui contribuent tout autant à son oeuvre (Les fontaines du paradis, Les enfants d'Icare), caractéristique des grands écrivains de science-fiction du XXè siècle tels qu'Herbert, Asimov ou Heinlein. La cité et les astres offre une rare poésie au sein de la littérature de science-fiction.

Dans un futur vraiment lointain, l'homme est confiné à Diaspar, ville éternelle où les individus renaissent perpétuellement. À sa majorité Alvin découvre pourtant qu'il n'est né qu'une seul fois. Ce qui le rend unique, ce sera surtout sa volonté de se lancer dans une aventure, visant à ouvrir Diaspar au monde, et à reconstituer les morceaux manquants de son histoire.

Le premier tiers du livre est un chef d'oeuvre utopique. Arthur C. Clarke décrit ici une des seules utopies valable que la littérature ait imaginé. La plongée dans la découverte de Diaspar est d'une grande douceur, pleine de poésie; rassurant, berçant le lecteur de la chaleur de son soleil éternel. Il semble qu'une lumière s'éteigne lorsqu'on ferme le livre durant cette partie.

Du point de vue technique, Arthur C. Clarke trouve un moyen ingénieux pour que l'homme puisse être immortel sans en ressentir l'ennui et les effets de la folie. La cité de Diaspar est conçue comme une technologie parfaite et immuable, infaillible (elle l'est réellement), introduisant un chaos organisé grâce à des bouffons, et non contrôlé par l'intermédiaire d'Alvin par exemple. L'homme s'adonne aux plaisirs de l'art et de la science, sans réelle motivation. C'est là que s'arrête l'utopie, car Diaspar est bien le dernier degré d'évolution que peut atteindre l'homme, il n'y a rien au-dessus, donc plus de progrès.

C'est donc par l'aventure et la compréhension de son passé que l'homme peut de nouveau aller de l'avant, initié par l'étincelle d'Alvin. Lorsqu'il sort de Diaspar, il subit avec le lecteur un retour brutal à une Terre prosaïque en totale opposition avec le cadre onirique de Diaspar. Les deux autres tiers du roman sont réservés à des thèmes dépassant l'analyse des relations humaines d'une société parfaite qui occupait le premier tiers, pour se tourner vers une introspection du genre humain, sa place dans l'univers, sa cohabitation avec d'autres espèces intelligentes, ses ambitions et ce qui le dépasse.

La cité et les astres montre comment le roman est parfois plus adroit dans sa réflexion, plus captivant, plus intime avec le lecteur que l'est l'essai philosophique (sans généralisation excessive). Arthur C. Clarke atteint ici une maîtrise littéraire qui légitime la science-fiction dans sa noblesse.
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