AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Charybde2


S'incarner dans un roman plutôt que dans un personnage : pari inouï et réussi !

Deux ans avant le monumental « CosmoZ », notre traducteur préféré (à part Mélanie Fazi qui est hors concours...) livrait en 2008 son treizième ouvrage, habile et déjanté comme il se doit. Très fin connaisseur et admirateur du romancier au gueuloir, Claro s'incarne, le temps d'un dur et rageur chagrin amoureux, non pas dans le personnage d'Emma Bovary, mais dans le roman de Flaubert lui-même... : « Tomber dans « Madame Bovary », c'est s'abandonner au vertige des mots, aux vices des personnages ; c'est aussi retrouver à chaque page Emma, prototype de la garce dont Estée n'est peut-être qu'un avatar. Tour à tour puce, domino, cravache ou pied-bot, dans le corps d'Homais ou d'Hippolyte, le narrateur traverse le miroir déformant de la lecture. le voilà perdu dans le texte, fantôme hurleur, démiurge délirant. », nous dit avec justesse la quatrième de couverture.

« Oui, le corps d'Emma est une discothèque de province, c'est le Louxor, le Tremplin, le Wake Up ou le Pim's, bref, un de ces night-clubs où il fait bon s'ébattre et suer sans pour autant recommencer les guerres du Péloponnèse. Une lune d'argent pirouette au plafond et fait rissoler ses lucioles blêmes sur les peaux qui s'imbibent selon des rites savants. »

« (Quand j 'étais petit, l'expression « sauter les descriptions » m'insupportait déjà, me croyait-on voué à un parcours hippique, attentions aux haies, plus haut, plus haut, ici une barre, blanche et rouge comme un dégueulis dentifrice figé horizontalement à un mètre vingt du sol, allez, élan, élan, on saute ! Alors que justement les descriptions, qu'elles fussent de corridors ne menant qu'à la désorientation de soi ou d'étangs grouillant d'une faune abjecte, permettaient cette dissolution qu'interdisait la bruyante partie de flipper des dialogues. (...)) »

Moins gigantesque que « CosmoZ », moins radical que « Bunker anatomie » ou « Chair électrique », ce roman constitue sans doute la meilleure introduction possible, toute en plaisir et en jubilation, à l'oeuvre exigeante de Claro – et pas uniquement pour les passionnés de Flaubert !
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}