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Le narrateur, en pleine rupture amoureuse, se réfugie dans la lecture. Se réfugie dans la lecture de Madame Bovary. Au sens propre : il se réfugie dans le texte, dans l'encre et le papier.
Mais je ne saurai dire le résultat de ces/ses perturbations : je n'ai pas pu terminer le roman. Je n'ai pas réussi à y entrer, à me couler dans l'écriture. Parce que je ne connais pas assez le texte d'origine, à cause du tourbillon des mots, des époques ? C'est une sorte de délire littéraire, une sorte de journal de lecture hallucinée. le lecteur est sans cesse bousculé, pris à parti, presque. La lecture de CosmoZ, réappropriation du Magicien d'Oz où les personnages de Baum étaient expulsés de leur roman par la tempête du début m'avait vraiment conquise, scotchée. Dans ce roman-ci, rien de tel, malheureusement. Une écriture trop artificielle, qui donne l'impression d'avoir été forcée.
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Estée a rompu. Notre narrateur se plonge dans la rancoeur, l'alcool et la lecture de "Madame Bovary". Il devient le Madman Bovary, qui ressent, ressasse, vit et revit les scènes et les personnages. Rien ne résiste à son chagrin, surtout pas nous lecteur.ice médusé.e devant les envolées sombres de la prose poétique de Claro. Un titre qu'il faudra relire dans quelque mois après avoir relu le classique de Flaubert.
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Un homme et sa passion déchirée, l'évasion dans la lecture, entrer dans « Madame Bovary, y entrer vraiment, la contaminer, être un membre, un chapeau, un virus, un ersatz d'Homais, re-écrire, rencontrer les personnages, et y mettre sa douleur, l'Estée en-allée, les bruits et chocs de la société actuelle.
Mélanger les temporalités, mais finalement respecter peu ou prou l'avancée du roman qui résiste à ce traitement, les scènes prises comme base aux échapées-apropriations de Madman Claro se succédant en gros dans l'ordre originel, avec le retour obsessionnel au début, l'arrivée de Charles Bovary dans la classe. Résiste le roman, malgré ce qui est fait de Charles, qui prend un relief inattendu et un peu inquiétant, qu'on découvre en punk, drogué etc... à Emma-Estée qui est traitée avec un brutal mépris, et une entêtée tendresse ou attirance.
Et dans ces transformations incessantes chercher l'oubli d'Estée, et surtout se chercher soi et son équilibre perdu, quitte à se voir en SDF tabassé, ou voir avec empathie grande le dit SDF.
Et puis il y a l'auteur, qui dit je mais ne l'ai pas, qui est le regard sur le je et sur le livre, et sur la transformation du livre, qui, par incises, parle de l'écriture de Madame Bovary, sa nouveauté, son faux-naturalisme et sa folie, la franchise brutale de Flaubert, sa sensualité, et donne une esquisse de théorie sur l'écriture contemporaine. Et la voix de l'auteur, de Claro donc, son style, sa façon de faire s'entrechoquer les mots, de jouer de toutes les techniques qui servent son texte, ce délire, pastiche, cut-up, paragraphes lyriques, etc... sans que jamais la tension retombe, avec une construction ferme et invisible, qui nous malmène, nous emporte comme il manipule son matériau. À l'arrivée, entre autres, un beau livre sur la passion.
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Je ne connaissais pas le style de Claro, seulement sa réputation. J'aurais dû me douter que le lire en vue d'un travail de français n'était pas adapté mais j'ai voulu tenter l'aventure. Et Madman Bovary en est une.
Le narrateur ne supporte pas sa rupture avec Estée et décide de se plonger dans Madame Bovary, roman qu'il a déjà lu plusieurs fois, afin d'échapper à sa douleur. Partant, il va s'identifier aux personnages, mais aussi s'inventer des identités bouffonnes (puce, pied bot) pour s'approcher de chacun d'entre eux et les juger, les comprendre, leur inventer des pensées et passés variés. Les rencontres et les bals d'Emma sont actualisés, transformant la rêveuse agaçante en véritable aguicheuse de boite de nuit, rapprochant dangereusement Emma d'Estée. Même Félicité, la servante du couple Bovary, se confond avec le personnage d'Un coeur simple, pour finir par le dissoudre dans la vie du narrateur, glissant de « Félicité » à « Féliestée ». Car quoi que fasse le narrateur pour se perdre dans sa lecture, cette dernière ne fait que le ramener à sa propre existence.
Ce roman est écrit avec une énergie et un humour vraiment réjouissants, les chapitres courts (une phrase : une réaction immédiate, un arrêt dans la lecture) alternant avec les chapitres longs (une description, la jeunesse d'Homais recomposée). Ce rythme et cette variété ne manquent pas d'emballer le roman qui brosse tout le récit de Flaubert au pas de course. La construction des parties et des chapitres laissent volontairement perplexe, et l'on aurait tort d'essayer d'y comprendre quelque chose. Mais l'ensemble n'est pas une fantaisie brouillonne ; au contraire, tout est maîtrisé et s'amuse de nos attentes, de nos habitudes de lecture, volontairement brisées ou interrogées. le langage, les images sont vifs et recherchés, c'est un régal et du pur délire. L'ensemble, malgré la complexité, est une bulle de fraîcheur qui surprend et amène généralement un sourire aux lèvres.
Enfin, Madman Bovary, surnom que se donne le narrateur, rend parfaitement compte du bovarysme à l'oeuvre. En effet, le narrateur joue avec le récit initial, rêve de secouer les personnages, fouille dans les recoins de leur esprit et de leurs jupons, extrapole, regrette, associe à son quotidien, confond, intertextualise. C'est donc un roman dont le personnage fait oeuvre de lecture.
Lecture vivement conseillée mais à ne pas prendre à la légère : à éviter sur la plage ou en lecture du soir pépère. Claro se savoure en prenant son temps et en faisant appel à toute sa concentration.
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S'incarner dans un roman plutôt que dans un personnage : pari inouï et réussi !

Deux ans avant le monumental « CosmoZ », notre traducteur préféré (à part Mélanie Fazi qui est hors concours...) livrait en 2008 son treizième ouvrage, habile et déjanté comme il se doit. Très fin connaisseur et admirateur du romancier au gueuloir, Claro s'incarne, le temps d'un dur et rageur chagrin amoureux, non pas dans le personnage d'Emma Bovary, mais dans le roman de Flaubert lui-même... : « Tomber dans « Madame Bovary », c'est s'abandonner au vertige des mots, aux vices des personnages ; c'est aussi retrouver à chaque page Emma, prototype de la garce dont Estée n'est peut-être qu'un avatar. Tour à tour puce, domino, cravache ou pied-bot, dans le corps d'Homais ou d'Hippolyte, le narrateur traverse le miroir déformant de la lecture. le voilà perdu dans le texte, fantôme hurleur, démiurge délirant. », nous dit avec justesse la quatrième de couverture.

« Oui, le corps d'Emma est une discothèque de province, c'est le Louxor, le Tremplin, le Wake Up ou le Pim's, bref, un de ces night-clubs où il fait bon s'ébattre et suer sans pour autant recommencer les guerres du Péloponnèse. Une lune d'argent pirouette au plafond et fait rissoler ses lucioles blêmes sur les peaux qui s'imbibent selon des rites savants. »

« (Quand j 'étais petit, l'expression « sauter les descriptions » m'insupportait déjà, me croyait-on voué à un parcours hippique, attentions aux haies, plus haut, plus haut, ici une barre, blanche et rouge comme un dégueulis dentifrice figé horizontalement à un mètre vingt du sol, allez, élan, élan, on saute ! Alors que justement les descriptions, qu'elles fussent de corridors ne menant qu'à la désorientation de soi ou d'étangs grouillant d'une faune abjecte, permettaient cette dissolution qu'interdisait la bruyante partie de flipper des dialogues. (...)) »

Moins gigantesque que « CosmoZ », moins radical que « Bunker anatomie » ou « Chair électrique », ce roman constitue sans doute la meilleure introduction possible, toute en plaisir et en jubilation, à l'oeuvre exigeante de Claro – et pas uniquement pour les passionnés de Flaubert !
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Tu t'appelles Claro, tu es un auteur (et traducteur oké) complètement barré et faire une critique d'un de tes bouquins revient à peu près à nager dans l'espace avec des requins dinosaures, sous LSD, et du Hank Williams en bande sonore.

Alors comme c'est superilleux, j'ai carrément décidé de pomper un de tes textes et de l'accommoder façon Loubard. Maintenant tais toi, je justifiais l'action c'est tout, JE REPRENDS DONC.

Tu t'appelles Claro, tu as écrit Madman Bovary et putain mon cerveau est en demande de mots comptent triple au Scrabble, de phrases alambiquées et de métaphores qui se contentent à peu près de t'arracher toute ta surface capillaire. Tu t'appelles Claro et non je ne te considère pas comme un génie puisque tu vaux beaucoup plus que ça et je me demande même si ce serait possible de t'avoir comme mentor pour des cours d'écriture.

Tu profites d'une rupture amoureuse entre ton narrateur et Estée pour t'introduire dans le roman de Gustave Flaubert, Madame Bovary, au milieu de cette bourgeoisie du 19ème siècle et voilà que sans prévenir tu nous martèle les yeux, les sens de tes maux, de ta bile, de ton encre. Tu lâches tout, sueur, sang, encre, neurones et sperme.

Le quatrième de couverture encore solidaire et cohérent quelques instants seulement avec le début du roman, part complètement en vrille, te prends de haut, te montre du doigt, toi pauvre petit lecteur qui comprend à peine ce qui se déroule sous tes yeux. C'est un cauchemar-rêve à vivre en live, un peu pédant certes. Mais on est d'accord, on ne lit absolument pas l'histoire de quelqu'un qui chouine d'avoir perdu sa grosse non, l'action se déroule VRAIMENT dans le roman de Flaubert.

T'as cru que la rupture c'était l'enfer ? bah y'a pire. Se lancer dans la lecture/relecture de Madame Bovary juste après avoir perdu ta moitié mon gars. C'est un peu comme si Gaspard Noé prenait le contrôle de tes émotions et disait "EH PETIT FAIS MOI CONFIANCE JE TOUCHE JUSTE A DEUX TROIS TRUCS".

Bah voilà, si t'es déjà niqué du capiton niveau sentimental tu vas bien te fendre la poire ma belle Hélène, pour les autres, ça sera surtout du grand n'importe quoi pour bobo-cocaïnés qui aiment se la secouer niveau lis- tes-ratures. Ta lecture peut commencer. Tu t'appelles Madman Bovary et ton créateur s'appelle Claro, si l'on peut appeler créateur quelqu'un qui fait tomber les ombres.

Pour moi c'est un grand oui, je m'incline. Mec t'es un héros, tu passes quand tu veux à la librairie ch'te paye un kawa et tu m'apprends à écrire, kodak ?

Love love,
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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"Fallait pas m'quitter, tu vois. Il est beau le résultat..."
Hé bé, Claro a vraiment mal pris de s'être fait larguer par sa copine...
Pour essayer de s'en remettre, il décide de lire Madame Bovary et là commence la lecture la plus fiévreuse qu'il m'ait été donné de lire.
On pourrait penser qu'il part dans tous les sens et qu'il accumule des délires plus ou moins inspirés par le roman de Flaubert. L'écriture donne absolument cette impression, avec des numéros de chapitres qui s'agrègent ou qui vont à rebours, des chapitres averbaux d'une phrase ou encore des répétitions abusives. Mais naturellement, le travail d'écriture est réel et tout est construit pour créer cette ambiance.
On parle assez peu d'Emma au final, on se concentre plus sur Charles et Homais. Même Rodolphe et Léon sont absents. Je pensais "lire" le roman en compagnie de l'auteur mais ce n'est pas le cas. Il se sert du roman pour parler de son déchirement sentimental et il le fait dans l'excès. On peut dire que son projet est réussi.
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Paru en 2008, "Madman Bovary" est un roman de l'écrivain français Christophe Claro, également auteur d'"Eloge de la vache folle", "Bunker anatomie" ou plus récemment de "CosmoZ".

Comme je l'ai signalé il y a quelques jours, j'avais prévu de clôturer mon "cycle Bovary" par la lecture de "Madman Bovary".
Hélas, dès les premières pages, j'ai rapidement senti que ce roman n'était pas du tout fait pour moi.
Pourtant l'idée de départ de ce détournement littéraire avait tout pour me tenter : l'histoire d'un homme qui, suite à sa rupture avec une certaine Estée, décide de se replonger dans une énième lecture de "Madame Bovary", avec l'espoir de se guérir de son chagrin d'amour.

Une belle illustration du pouvoir de la lecture et des résonances que peuvent avoir certaines oeuvres dans nos vies, me disais-je.
Etant fraîchement sortie du roman de Flaubert, je m'attendais à retrouver certaines de mes impressions de lectrice.
Or rien ne s'est passé avec ce roman. Si j'ai bien compris que l'intention du narrateur était de se glisser dans les moindres recoins de "Madame Bovary", allant jusqu'à se substituer au chapeau de Charles, à la jambe fracturée du père Rouault ou à la cravache d'Emma, je suis restée complètement hermétique au "trip" de l'auteur.
J'ai buté sur chaque mot - incapable de suivre le fil de cette écriture vertigineuse - pour finalement jeter l'éponge page 74.
Il serait difficile et quelque part injuste de ma part de vous dissuader d'une lecture que je n'ai à l'évidence pas comprise ( et abandonnée de surcroît) ...
En revanche, je vous encourage vivement à feuilleter ce roman en librairie afin d'évaluer si son style particulier est en mesure de vous plaire...
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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[Comme d'habitude, je m'engage à lire 10% du livre et s'il me plait je continue]
La narration semble une inception, à la fois onirique et littéraire, dans l'oeuvre de Flaubert. Madame Bovary, donc, mais aussi d'autres comme Un coeur simple, que j'ai lu il y a peu et beaucoup aimé. Comment survivre à une rupture ? Pourquoi pas en s'immisçant dans une oeuvre littéraire empoisonnée, à la fin fatale ? En la décortiquant jusqu'à l'atome pour mieux se diluer en elle, pour décider "quel souvenir anéantir avant de partir, et qui soit la fleur absente de tous ces bouquets pourris dont le vase de ma tête ne veut plus ?"
Peut-être faut-il avoir lu Madame Bovary pour saisir la quintessence de ce texte, peut-être au contraire vaut-il mieux en ignorer les détails pour mieux savourer cette oeuvre nouvelle : car il ne s'agit pas de Bovary, mais de la littérature, et de lecture, et de la façon dont on les pénètre ou dont on est pénétré par elles.
Par exemple, je me souviens avoir été à bout de souffle lors de ma lecture de L'esclave vieil homme et le molosse, alors que j'étais tranquillement allongée dans mon lit ; ou toutes ces fois où j'ai poussé des cris, pleuré, sauté sur mes pieds, lors de lectures très intenses. Mon corps réagit parce que la lecture est entré dans mon corps. Ici, le narrateur fait un voyage inverse, c'est lui qui entre dans la lecture, et le texte en est bouleversé.
Passionnant, je le propose à l'emprunt à mon public et je le poursuivrai dès qu'il sera disponible.
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Je me faisais un plaisir de découvrir Claro avec Madman Bovary. Quelle douche froide! Quel gâchis! Estée vient de quitter l'auteur qui se réfugie dans énième lecture de Madame Bovary. C'est l'occasion pour lui de démonter ce roman, sa relation et Flaubert. Excellent style pour un sujet mince. J'imagine cette même aisance d'écriture au service d'une vraie histoire et de personnages consistants...
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