Citations sur Les ours s'embrassent pour mourir (9)
On ne peut pas garder quelqu’un prisonnier pendant des années, cela n’arrive que dans des faits divers exceptionnels même si tout le monde a entendu parler de cette jeune Autrichienne enlevée et séquestrée pendant douze ans par son ravisseur ou de ce père allemand qui avait retenu sa fille dans le sous-sol de sa maison pendant vingt autres années et lui avait fait une collection d’enfants.
Ces actes exceptionnels étaient le fruit de circonstances particulières et de cerveaux malades.
La police marchait sur des œufs parce qu’il était de notoriété publique qu’il vivait avec un mec connu. Pas people mais presque. Pas très célèbre mais journaliste ou producteur ou quelque chose comme ça à la chaîne de télé Seven. Alors on a d’abord abusé des vérifications, on a remonté toute la hiérarchie, ça a pris du temps. Tout le monde a voulu assurer ses arrières et on s’est planté, voilà la vérité.
En général, la ressemblance, ce sont les autres qui la voient. On est habitué à se regarder dans la glace, en portrait inversé, et on ne se voit jamais comme on est réellement.
C’était risqué mais jouable, je l’avais compris ce matin. Enfin, si on est très joueur et si on se fie au hasard. Celui de la roulette par exemple. Il y a trente-six numéros et la boule ne s’arrête que sur un seul. Pour moi, après ce qu’ils m’avaient expliqué, c’est à peu près à cette hauteur que je situais leurs chances de réussite. Pas plus.
Le cigare, symbole phallique un peu trop évident, n’est pour eux qu’un jouet sexuel avec lequel ils s’affichent fièrement sur les photos du site Bear.
Cette fois il était décidé à faire le grand saut, à partir à l’autre bout du monde, dans un pays, une culture qu’il ne connaissait pas mais où on lui avait dit que n’importe qui pouvait refaire sa vie, où il pouvait définitivement oublier son passé. Ou plutôt ses passés successifs. Ses vies antérieures.
La douceur, celle de l’atmosphère, celle de la ville apaisée, celle de la température caressante, celle de la liberté. Pas forcément la douceur des gens – ses collègues, ses amis. Même si leurs manières décontractées évitaient de trop voir les ambitions, les jalousies et les petites trahisons. Au fond, il pensait que les gens étaient partout pareils avec leurs désirs, leur séduction et leur ambiguïté.
En réalité, sur ces sites – bear veut dire ours et ces sites sont dédiés à des gars costauds, matures et en général poilus –, tous les mecs ne sont pas aussi exhibitionnistes que ce Bearbunny que je viens de citer. Il arrive que le profil décrit soit plein d’humour, plutôt bien écrit et que la photo soit décente. Cela arrive rarement mais ce n’est pas impossible.
Mes copains gay, en Australie, ont rarement des amies filles ou alors des couples de lesbiennes. Je n’ai jamais très bien compris pourquoi, ni cherché à comprendre leur manière de fonctionner. Le ghetto gay, comme un refuge un peu isolé du monde. Les filles hétéros, ils en voyaient dans leur boulot et ça leur suffisait.