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Citations sur Paris insolite (24)

Je n'ai pas de sympathie particulière pour les bonnes soeurs, principalement celles, les plus nombreuses, qui n'ont pas succombé à la foi mais à leurs complexes, physiques, moraux, héréditaires, poussées au couvent par leur face camuse, leur oeil bigle, leur nez pointu, leur bec-de-lièvre, leur petite taille, leur moustache, et se sont accrochées à cet état de vie latente, embryonnaire, finissant par s'y complaire, y subissant le charme équivoque du masochisme, y goûtant des plaisirs rares et soi-disant plus subtils...
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Quoique je ne prenne garde à ce qu'on appelle l'hérédité, mes père et mère étaient d'ascendance paysanne, et c'est ce qui m'a donné l'amour passionné et le grand respect de la soupe dont la privation est une catastrophe, comme ceux du pain coupé en petits cubes, préférant à tout, déjeuner d'un quignon de pain de seigle et d'un bout de lard d'une main et d'un couteau de l'autre, ce qu'il est convenu d'appeler manger vulgairement.
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Les seules parlotes ne sont qu'échanges de grognements ou d'aménités, et je regrette pourtant chaque fois de ne pas avoir de bigophone enregistreur pour capter et conserver ce boucan de soupe populaire et ces maigres conversations, telle celle de mes deux voisins d'un jour, un monsieur fort digne portant col cassé et lorgnons à ficelle noire, manches gluantes mais doigts ornés de chevalières qui, s'adressant à son vis-à-vis, clochard de la belle espèce : Je vous prie, mon bon ami, voulez-vous me passer la poivrière ? S'entendit répondre : Tiens, du con, sale-toi l'oignon.
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[...] il est de bon ton de ne pas trop attirer l'attention des ménagères, encore moins celle des maraîchères, dont il est difficile de prévoir la hargne ou la compréhension, leurs commentaires allant le plus souvent vers le : sale mendigot, que vers le : tiens mon gars.
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Rien n'est plus épouvantable que le repêchage en Seine de cadavres qui s'en vont à vau-l'eau couler des jours meilleurs dans un autre univers, gosses maltraités et incompris, filles engrossées et abandonnées, chômeurs inadaptables, follingues obsédés, tous ces types de roman-feuilleton qui ont la vogue des lectures populaires et dont le spectacle cramponne les badauds comme des insectes scatophiles sur des merdes neuves.
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Au troisième étage, on abandonne la grande cage tuilée et plâtrée mais bordée d’une magnifique rampe en bois, on atteint un deuxième escalier qui mène aux combles, six marches étroites, case-gueule pour ivrognes et un couloir de moins d’un mètre de large où le couloir courbe la tête et les épaules sur le ventre et donne envie de reptation, puis une porte close, sans serrure ni poignée apparente et qu’on enfonce d’un coup d’épaule, le grenier. Trois mètres carrés de carrelage paysan, rouge autrefois, dix mètres cubes d’espace entassés où vivent en permanence quatre, cinq, six individus de tout poil, deux lits de camp de l’armée miraculeusement hissés jusque-là un jour de fortune, trois tas de couvertures sur quoi l’orange d’un sac de couchage fait figure d’étoffe somptueuse
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Comme tous les gars de ma profession, qui est de n'avoir pas de métier, bon à rien et prêt à tout, j'ai travaillé aux Halles, de mes mains froides et de mes yeux brûlants, à l'heure où les cafés ordinaires fermaient, vidaient leurs clients et que par la passerelle du pont des Arts ou le pont Neuf... je gagnais la rive droite besogneuse, allais boire mon énième noir au comptoir du Pied de Cochon, contemplant là les bourgeois qui montaient, voitures devant la porte, avec des filles, au premier étage, bouffer des soupes à l'oignon brûlantes et croûteuses, trois fois plus cher qu'au ras du trottoir où j'étais, faisant le premier quatre-vingt-et-un de la nuit avec des laveurs de têtes en blouse et tabliers maculés qui, avant d'aller nettoyer à grands jets d'eau froide les ossements charnus des bestiaux qui serviraient faire de la douce charcuterie, essuyaient là le sang coagulé et le rinçaient de vin blanc sec.
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Durant la belle saison, tous les ponts de Paris, les quais, les berges, les canaux, sont lieu de grande lessive. Claquant au vent comme les draps des marinières, des chemises, des caleçons, des torchons, des pantalons de toile, des chaussettes dépareillées, crochés au premier fil de fer venu, aux basses branches d'un arbuste, collés au sol par des pavés sales, ou séchés sur soi, à même la peau quand l'heureux propriétaire n'a pas de garde-robe de rechange et doit se tourner alternativement pour présenter ses parties humides au soleil matinal.
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Mains au creux des fentes pantalonnières, le mégot basculant, l 'oeil plissé sous la fumée, un pied chassant l'autre, on se tape un gueuleton visuel, gratuit, pour soi seul.
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...On pourrait traverser Paris de part en part en ne suivant que des rues pittoresques, à condition de sauter les avenues, se boucher les yeux et les oreilles aux carrefours pour reprendre de l'autre côté le pas des caravanes, et cela sans avoir besoin d'évoquer l'histoire pour animer les vieilles pierres et émouvoir le coeur des visiteurs par des réminiscences plus ou moins factices ...
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