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Loin des mutilations, des profanations, du sang et des excréments chers au
Marquis de Sade,
Fanny Hill incarne des fantasmes masculins très - trop -sages – et par là-même, presque décevants:
---- le mythe du sauveur: pauvre Fanny! Orpheline à 16 ans, la voilà seule au monde. Elle n'a de cesse de tomber entre les griffes de mères maquerelles qui cherchent à abuser de sa faiblesse pour en tirer profit – soit dit en passant, inquiétante analyse de la psychologie et de la solidarité féminine.
Heureusement pour la jeune fille, des gentilshommes pleins de compassion se relayeront pour lui assurer une vie digne et confortable. Merci messieurs, car selon
John Cleland, la gent féminine ne ferait pas long feu livrée à elle-même.
Rassurez-moi, les hommes ne croient pas vraiment qu'une femme tombe amoureuse parce qu'on lui offre gîte et couvert… si?
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---- le culte de la virginité: le sexe, dans
Fanny Hill, se résume à un dépucelage continu. Et puisque qu'on ne se fait déflorer qu'une fois, l'imagination de l'auteur a fait le reste et
Fanny Hill semble retrouver sa virginité avec chacun de ses amants. Chaque nouvelle conquête étant bien mieux dotée que la précédente, la jeune héroïne revit plusieurs fois la scène initiatique qui fit d'elle une femme. Et ces hommes plein de fatuité de jouir de l'illusion d'être le premier - chacun son tour.
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Pas de quoi grimper aux rideaux pour le lectorat féminin… Il y a fort à parier que les amateurs de littérature érotique trouveront ce roman un peu fade. Mais quelle écriture! On retrouve le style des classiques: des phrases élégantes, un vocabulaire choisi avec soin, un style imagé, des tournures châtiée.
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