Peu à peu, avec une bonne dose de patience,
quelques mesures de persévérance,
plusieurs pincées d'obstination et un long zeste d'espérance,
le vœu de chacun put devenir réalité.
Quand il rentra à la maison, il trouva sa mère très fatiguée.
Toute la journée, elle avait nettoyé des vêtements tâchés,
les avait fait sécher, les avait repassés...
Quand son fils lui raconta que le sculpteur de rêves
avait donné forme à ses envies, elle se mit en colère
contre cet homme un peu étrange, certainement pas un vrai artiste.
Bref, en tout cas, un inutile qui tournait la tête à son fils.
L'enfant lui demanda :
- Maman, dis-moi : quel est ton rêve, à toi ?
Mais elle ne lui répondit pas.
Secrètement, elle pensait que, dès qu'elle en aurait le temps,
elle porterait plainte contre cet inconnu, ses idées saugrenues,
ses inventions biscornues, ses songes fous, bien trop têtus
et qu'on le jetterait sûrement hors de la ville, sans ménagement.
Chacun possède au moins un rêve, dit l'étranger. Mais pas grand monde ne s'en souvient.
Les jours suivants, l'enfant se rendit chez le sculpteur de rêves, de plus en plus souvent. Ensemble, avec une bonne dose de patience, quelques mesures de persévérance, plusieurs pincées d'obstination et un long zeste d'espérance, ils purent donner enfin vie à chacune de ses envies.
Un jour, il arriva dans une ville grise et ennuyeuse.
Sans se presser, il posa son maigre balluchon sur un banc de la place silencieuse.
Personne ne le connaissait.
Personne ne l'attendait.
Personne ne désirait qu'il reste.
- Quel est ton plus beau souhait, à toi ?
- Devenir musicien...
- Parle-moi de ce voeu-là. Je le sculpterai. Tu verras, il existera !
- Sculpter des rêves, c'est pure fantaisie ! La terre, elle, ne permet pas d'inventer des mensonges comme celui-là.
Cet homme était un peu étrange.
Peut-être bien un artiste...
Bref, en tout cas, un inutile.