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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il ne fait pas bon naître fille dans ce hameau de l'Etat de Guerrero, au Sud du Mexique. Sur cette terre infestée de serpents et de scorpions où la chaleur vous cloue sur place, la nature, hostile, l'est pourtant moins que les hommes. Les frères et les pères sont partis, à Acapulco ou en Amérique, et souvent, ne donnent plus de nouvelles. Ils ont laissé les filles à la merci des narco-trafiquants qui ont colonisé la montagne avec leurs champs de pavots. Dans leur 4X4 aux vitres teintées, ils viennent, armés jusqu'aux dents, pour voler les filles trop belles. Alors les mères rusent, elles enlaidissent leurs filles, cheveux courts, dents noircies, vêtements informes, les affublent de surnoms masculins et les enfouissent dans des trous creusés dans les cours quand vrombissent les moteurs des 4X4 qu'elles ont appris à entendre de très loin. C'est là que vit Ladydi et ses amies Maria, Estefani et Paula, la plus belle fille du Mexique qui sera volée, repérée dès son plus jeune âge, toujours magnifique malgré les efforts de sa mère.


A quoi rêvent les filles dans la jungle mexicaine ? Sur cette terre oubliée des dieux où le danger peut prendre la forme d'un scorpion albinos dont la piqûre est mortelle, où les fourmis rouges vous brûle la peau plus sûrement que le soleil qui pourtant fait fondre l'asphalte de l'autoroute qui coupe le village en deux et tue les imprudentes qui voudrait la traverser comme on change de trottoir, les filles sont aussi la cible des narco-trafiquants, prompts à les kidnappées pour en faire des esclaves sexuelles, battues, violées, emprisonnées, avilies. La police, corrompue, n'est d'aucun secours. Ladydi, élevée par une mère fantasque et alcoolique, abandonnée par un père qui s'est trouvé une nouvelle famille de l'autre côté du Rio Grande, raconte, dans un mélange de lucidité et de naïveté, une vie de misère entre jungle et champs de pavots. Les femmes subissent, plient mais ne rompent pas. On les voit solidaires, aimantes, lumineuses, débrouillardes dans l'adversité.
En donnant une voix à ces victimes d'une société régie par les hommes et la violence, Jennifer CLEMENT interpelle le lecteur sur le quotidien des femmes mexicaines, ici et maintenant. Son récit évoque les pires horreurs mais la dureté en est atténuée par la poésie et la fantaisie de ces femmes fortes et volontaires. On s'indigne, on se révolte, on compatit, mais surtout on savoure le courage, la tendresse et la gouaille des filles de Guerrero qui rêvent encore à un avenir meilleur.
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Quand on lit la presse ou qu'on écoute les médias, on se rend compte finalement que peu d'informations sur le Mexique ne parviennent jusqu'à nous. C'est un pays lointain, proche voisin du géant américain, avec de belles plages, des miss qui passent sous le bistouri de la chirurgie esthétique, c'est une terre d'émigration dont on ignore les raisons, la pauvreté sans doute, ah, et il y a les narcos aussi. Un portrait aux contours flous pour ce pays immense, un portrait à peine esquissé à cause de ses multiples visages Trouver des constantes est une tâche ardue, mais s'il y en a une qu'on ne peut nier, c'est la violence, souvent en lien d'ailleurs avec ces fameux narcos qui contrôlent le quotidien.

Jennifer Clement fait le pari ambitieux de nous immerger dans l'état de Guerrero, celui-là même qui abrite Acapulco et ses plages paradisiaques, ce même Acapulco qui est une sorte d'état dans l'état, un monde à part que la plupart des habitants de Guerrero ne verront jamais.

C'est un portrait sans concessions qu'elle nous livre, sans fioritures, âpre, dur, froid comme la terre qui couvre le sol des maisons. Parce que dans l'état de Guerrero, il y a deux délits de naissance: celui d'être une femme et celui d'être belle. L'on prie pour avoir un garçon, même si l'on sait éperdument qu'il finira probablement par grossir les rangs des narcos, mais au moins il aura une chance, une toute petite chance. Alors qu'une fille...

Une fille, c'est la rumeur qui court dans le vent pour arriver aux oreilles des tout-puissants, une fille c'est la peur de la voir enlevée, c'est la peur de la voir revenir sous la forme d'une ombre. Une fille c'est le trou qu'on creuse dans le sol pour la protéger quand les montagnes apportent le bruit des 4x4, une fille ce sont ces cheveux courts, cette peau que l'on tapisse de poussière, ces dents que l'on noircit. Il faut faire taire sa beauté, il faut la dissimuler, non, non, je n'ai pas eu de fille, un petit garçon, Monsieur, tout le monde le sait. Je vous promets, Monsieur, c'est un petit garçon...

Mais les voix portent par-delà les montages, elle surfent sur ce fichu vent, et ils savent. Ils viennent et repartent, emmenant avec eux le plus précieux des butins, votre fille.

Ladydi, María, Estafani et Paula font vivre ce récit. A travers la voix de Ladydi, apparaissent les peurs, les angoisses, la terreur, la tristesse, mais aussi l'amitié, la famille, les premiers émois, l'amour.
Il m'a fallu quelques chapitres pour m'immerger dans leur histoire. Si Ladydi est la voix qui narre, ses amies, sa mère sont très présentes et il y a beaucoup à assimiler dans les premières pages. Et puis la jungle a opéré et m'a fait prisonnière du drame que vit l'état de Guerrero. La langue qui m'avait semblé manquer de caractère dans ces premières pages a éclos, de façon telle d'ailleurs que j'en viens à me demander comment j'ai pu la trouver fade.

J'ai adoré ce portrait au vitriol d'une réalité souvent ignorée, derrière la fiction se cache le drame quotidien, la survie. Un roman à lire...
Lien : https://lelivrevie.blogspot...
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Dans un village du Guerreo, non loin d'Acapulco, Ladydi, Paula, Maria et Estefani vivent dans la peur avec leurs mères respectives : le village a peu à peu été déserté par les hommes car dans cette région où sévit la loi des cartels de la drogue, les hommes sont embrigadés par les narcotrafiquants ou fuient, à Mexico, Tijuana, ou plus loin.
Le père de Ladydi est parti tenter sa chance aux USA, abandonnant sa femme alcoolique et sa fille adolescente sur une terre hostile et brûlante, peuplée de scorpions, de serpents, d'araignées et d'iguanes, où les hélicoptères de l'armée déversent n'importe où un herbicide violent destiné aux plantations de pavot, une terre où même les instituteurs refusent de rester. Mais être une fille constitue un danger permanent car il faut échapper à la traque des narcotrafiquants qui viennent régulièrement enlever les filles trop jolies.
Un acccident de parcourt conduira Ladydi à la prison de Mexico.
Il ne s'agit pas là du scénario apocalyptique d'un film d'horreur mais du quotidien de la population de cette région déshéritée et entachée par la violence. S'il est de notoriété publique que l'insécurité et la drogue sont des fléaux au Mexique, cet aspect du narcotrafic et des ses victimes collatérales fait froid dans le dos.
Roman magnifique et sans pathos, roman-choc qui souligne le courage, la solidarité et la détermination de ces femmes quotidiennement confrontées au danger et à la violence : un livre qu'on n'est pas près d'oublier.
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Au Mexique, des mères abandonnées par leurs maris, cachent leurs filles pour leur éviter le pire.

Ces jeunes filles vivent dans un coin du monde où la nature est hostile et être une femme une malédiction. Malgré les stratagèmes pour les soustraire à la vue des trafiquants de drogue, les plus jolies sont kidnappées pour leur servir d'esclaves.

Certaines disparaissent définitivement, d'autres réussissent à s'échapper et, comme si leur destin était indissociable, unies par un passé douloureux et un avenir incertain, celles qui se retrouvent font preuve de la plus belle des fraternités.

Prières pour celles qui furent volées est le récit authentique d'une violence banale faite aux femmes, mais aussi une magnifique histoire de solidarité féminine.
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La narratrice Ladydi a quatorze ans et vit avec sa mère dans les montagnes du Guerrero au Mexique, entre Mexico et Acapulco.
Les mères, toujours sur le qui-vive , déguisent leurs filles en garçons ou les enlaidissent, pour qu'elles ne soient pas kidnappées par les barons de la drogue.
Bien sûr, dans ce pays où les hommes vont gagner leur vie aux Etats-Unis et ne reviennent pas, Ladydi et ses amies souhaitent une vie meilleure.

Un livre témoignage de la vie de ces femmes et ces filles courageuses, abandonnées dans ces montagnes.
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Ladydi a quatorze ans, elle vit avec sa mère dans les montagnes du Guerrero, au Mexique. Ici, il est dur de vivre, survivre quand on est une fille. Il vaut mieux se grimer pour cacher la beauté, se terrer dans des trous quand les voitures viennent chercher ces toutes jeunes filles, sinon on risque de ne plus revoir. Ladydi raconte son enfance par brides, les moments en famille, d'autres avec ses amies... Par petites touches, le lecteur arrive à se faire une idée de la vie de fille dans cet endroit qui ne ressemble à aucun autre par l'horreur et l'abandon qu'il en ressort.
Le ton adopté par la narratrice, Ladydi, semble étonnamment neutre face à ces moments fragiles avec ses amies, est-ce qu'après tant d'horreurs, on devient insensible ? J'ai été gênée par les souvenirs racontés pêle-mêle, de l'enfance en revenant vers son adolescence sans ordre précis. On perd un peu le fil de cette vie, on en retient qu'elle n'est pas facile, le danger est omniprésent. J'ai aussi du mal à imaginer les habitants de ce petit village, j'ai eu l'impression qu'ils étaient que peu nombreux, seuls sont mis en avant ceux qui prennent part à l'histoire. L'ensemble fait un effet un peu théâtre. Les personnages sont décrites de manière forte, surtout pour la mère de Ladydi, ivrogne et cleptomane assumée.
La seconde partie du roman est plus linéaire mais tout aussi incroyable, les cartels de drogue sont présents partout au Mexique et d'innocents, surtout les femmes, se retrouvent victimes. Malgré quelques défauts, j'ai apprécié ce roman. Un récit révoltant mais des femmes fortes qui donnent l'espoir d'un meilleur avenir.



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Ladydi vit au Mexique. Comme ses amies, elle est obligée de s'enlaidir pour ne pas être volée par les gang. La vie suit son cours entre l'école, les amies et les mères qui sont souvent seules, les maris étant partis pour le travail. Mais un beau jour, une d'entre elle se fait enlevée et rien n'est plus comme avant. La vie de Ladydi va changer. Un très bon roman qui malgré le malheur du sujet est tinté d'humour et de scène pleine de vie.
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Une magnifique découverte.
Au Mexique dans un village la vie de plusieurs ados et amies, à savoir qu'elles doivent être élevées comme des garçons et se cacher car les bandes locales sinon les enlèvent et elles disparaissent à jamais.
Plein d'émotion, amitiés fortes, plein de choses se passent, belle relation de femmes aussi bien mères filles que amies…
Très bien écrit ne se lâche pas.
Un beau premier roman…
Auteur à suivre
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Ladydi est née fille dans un monde où c'est la pire des catastrophes. D'ailleurs, jusqu'à ce que ses seins commencent à se développer, sa mère a fait croire à tout le monde qu'elle était un garçon, ce qui d'ailleurs n'a réellement convaincu personne vu que les voisines font pareil pour leurs filles!
Dans les montagnes mexicaines du Guerrero, les hommes sont partis, généralement aux USA, ils ont envoyé de l'argent deux trois fois, et puis refait leur vie là bas, abandonnant épouses et enfants à leur sort. Quand des médecins viennent une fois de temps en temps à la clinique, c'est sous escorte militaire, et quand les pick-ups noirs des trafiquants de drogue s'alignent au bout des chemins, les filles courent se glisser dans les fosses dissimulées dans les jardins, sans compter qu'elles portent les cheveux courts et se noircissent les dents au marqueur...
C'est un monde très dur que nous décrit l'auteur, qui vit au Mexique depuis son enfance, mais sans jamais tomber dans le misérabilisme. J'avoue avoir dévoré ce roman avec un mélange d'empathie et d'horreur. A voir les progrès accomplis pour la condition de la femme en France, même si tout n'est pas parfait , on en oublie parfois les conditions auxquelles elles sont confrontés dans d'autres pays.
C'est dommage que le style ne soit pas un peu plus ambitieux, j'aurais mis cinq , mais cela forme tout de même une lecture très intéressante qui évite le pathos mais refuse de se voiler la face devant la violence engendrée par l'insécurité et la criminalité du trafic de drogues.
A recommander!
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Changement total de décor et de style avec Prières pour celles qui furent volées dont l'action se passe dans les montagnes de Guerrero au Mexique. Là-bas les femmes ont appris à se débrouiller toutes seules, sans les hommes qui finissent tous pour déserter ce bout de terre aride et hostile située pas loin d'Acapulco. Là-bas mieux vaut ne pas naître fille et jolie car la menace d'être un jour enlevée par les barons de la drogue est toujours présente dans les esprits. La chaleur humide, les scorpions et les serpents venimeux, les vautours qui tournoient dans le ciel avant de s'abattre sur le cadavre d'un chien errant, la force des mots de l'auteur est telle qu'on a vraiment l'impression de vivre dans cette jungle avec comme seul horizon un emploi chez les mexicains riches de la ville la plus proche. Les médecins viennent opérer bec de lièvre et autres malformations dues au pulvérisation de produits chimiques balancés par hélicoptère seulement deux fois par an et sous protection militaire. Les instituteurs qui « sentent la ville » ne restent jamais plus que quelques mois. Pourtant, l'écrivain ne tombe pas dans le piège de l'apitoiement ni de la complaisance, elle dresse au contraire le portrait d'une jeune fille, Ladydi, à la force de vie et à la pugnacité remarquables. Jennifer Clement a le talent de mêler réalisme et poésie pour raconter une histoire où il est question de famille, d'amour et d'amitié et marque les esprits avec ce monde violent, émouvant et parfois drôle aussi. Je ne veux pas trop vous en dévoiler mais rarement un livre m'a donné un tel sentiment d'emprisonnement, d'étouffement.
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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