Je suis mitigée sur ce livre. L'histoire est des plus agréables à lire même si ce n'est pas jojo, mais niveau écriture là je suis par contre plus partagée. Il y a quelques répétitions qui sont un peu soûlantes et qui gâchent le plaisir de la lecture, et de plus, parfois, l'écriture est trop irrégulière pour vraiment transporter le lecteur dans cet enfer du Guerrero, ce qui est dommage car parfois on frôle des images très fortes servies par une écriture des plus sublimes.
Pour en revenir à l'histoire j'ai été là par contre un peu plus transportée, bien qu'elle ne soit pas à tomber par terre, j'ai été surprise par son contenu, puisqu'elle est assez choquante, car ici il est question de vol de femme, mais aussi de drogue, d'injustice, de machisme, d'abandon, de misère… Un quotidien dur à vivre, qui est un combat permanent pour la survie, que je n'ai pas pu m'empêcher de suivre avec une once de révolte. Comment ne peut-il pas en être autrement, quand la population est trahie par ses administrations, victime d'une justice expéditive, et victime des narcotrafiquants ?
Cela dit, malgré ces durs sujets, il ne faut pas non plus s'attendre à des descriptions terribles. Jennifer Clement reste assez en surface, laisse deviner les traitements, mais ne va pas dans le choc, et c'est peut-être finalement un bémol, car le fait qu'elle garde ses distances avec l'histoire fait que ça manque un peu de saveur ; surtout que l'écriture est un peu lente et répétitive, puis parfois pas toujours intéressante faut dire, comme quand la narratrice raconte des anecdotes par exemple. C'est sans doute un peu choquant ce que je dis, le sujet est trop grave pour dire cela, mais ça sonnait superficiel tout de même.
Heureusement cependant que les personnages rattrapent cela.
En fait surtout la mère de Ladydi qui est pour moi le personnage le plus fascinant de l'histoire. A titre d'exemple elle appelle sa fille Ladydi par vengeance des infidélités de son mari, fallait le faire !? Et même si ce n'est pas le personnage principal de cette histoire, cette femme qui renferme la haine, l'espoir, l'amour, la colère en elle, qui est faite de tout, m'a laissée bouche bée. Car malgré ses attentes déçues, elle n'en reste pas moins courageuse et affectueuse. Bien plus que Ladydi pour moi cette femme est le personnage de ce roman. Celle qui donne la vie à ce livre, Ladydi paraît fade à côté, banale, et ce même si c'est le personnage à qui tout arrive.
En résumé ce n'est pas le livre de l'année et une lecture formidable, je m'attendais à mieux, mais ça se lit bien. Maintenant une question me reste, où s'arrête la réalité et où commence le mythe ?
Merci aux éditions Flammarion et Babelio.
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