Aimer lire rend libre de lire ce qu'on veut. A son cœur, à son rythme; solitaire, solidaire; reliant les vies entre elles, en fratrie. (p.111)
Il y a une chaîne de conviction du livre. elle est invisible à qui ne sait pas lire. dès que plus investi, le lecteur la pressent à chaque niveau. Depuis la librairie d'où on lui parle jusqu'à la beauté intrinsèque de ce petit parallélépipède modeste, riche d'une photo appropriée, d'une vignette et d'un titre, unique comme son identité. Quant au texte, il peut éblouir, enthousiasmer, émouvoir. On n'en finirait pas. Sans conviction de part et d'autre, rien n'aurait été possible. On apprend en lisant. (p.49-50)
Risque
Etre libraire, dans pas mal d'endroits, sous le soleil éteint des juntes militaires, vous met strictement en danger. Les livres souffrent. Pour durer, "ils ont besoin des hommes", dit George Steiner. (p. 152)
Un abécédaire truculent qui dévoile, en partie, les joies du métier de libraire.
trouver ce qu’on ne cherche pas
Risque
Tenir une librairie reste une activité économiquement risquée. Encore qu'on n'aille plus en prison pour dettes, cela reste souvent pour les banques et les Chambres de Commerce le métier fantôme, le métier en trop. Une énigme. Au XVIe siècle c'était carrément un exercice périlleux. Roue, gibet, bûcher, oubliettes. La litanie des comparutions en justice de Villon éclaire les premiers temps de la librairie. Le libraire Augureau sera pendu puis brûlé en place Maubert. Il avait mis en vente quelques rimes licencieuses de Clément Marot. (...) Le métier s'installera lentement dans les activités normales de la cité. Il en reste quelque chose d'instable. (p. 151)
Civilité
Un bonheur sans mélange, comme il s'en trouve encore beaucoup en librairie. Le calme lui réussit, l'automne et la promenade, un petit -grain- à l'occasion, les heures creuses, l'inespéré. Au contraire du bruit et de la trop forte activité. (p. 37)
fuir les ennuyeux libraires -branchés- suffit quelquefois à se faire une autre culture. (p.38)
voir germer un jour, un texte porteur de joie là où on ne l’attendait pas
Les bonnes librairies agissent en alternative, en arc-en-ciel sous la pluie. Elles croient encore au conseil, à la connivence, aux vertus du ponton et de l'arche. Elles agrègent un public (c'est une chance à ne pas minimiser) en partie orphelin de sens et de signes. Ce sont nos "bons clients", ces nombreux lecteurs volontairement déconnectés des médias lourds.