L’obscurité. D’écœurantes odeurs de sueur, d’urine et d’excréments empuantissent l’atmosphère confinée. La douleur brûle mes membres paralysés. Je suis ligoté et bâillonné, allongé nu sur la pierre glacée, vautré dans mes déjections. Le temps n’existe plus. J’ai soif, faim et froid. Mon nez, brisé et gonflé, permet à peine à l’oxygène d’atteindre mes poumons. Chaque inspiration est une lutte contre l’évanouissement. Résisterai-je encore longtemps ? Ils me harcèlent depuis ce qui me semble une éternité. Les heures et les jours se fondent en une continuité de souffrances. Et, toujours, ils reviennent avec ces questions auxquelles je ne peux répondre ; je ne les comprends même pas !
Mais quel humour ! Je ne comptais pas me faire trouer la peau régulièrement. Ça fait mal, au cas où il ne le saurait pas.
_ Qui êtes-vous vraiment ?
_ Je ne suis pas autorisé à vous révéler grand-chose.
Ça, je commençais à en avoir l'habitude.
_ Je vous écoute quand même.
La touche de respect que je perçus chez lui m'intrigua.
_ Qu'est-ce que ça change ?
_ Votre lignée est protégée.
Pas contre les ennuis !
_ Ces hommes sont des assassins. Si je ne leur obéis pas, ils me tueront.
_ Quelle ironie : si tu leur obéis, c'est moi qui te tuerai. Que préfères-tu ?
Quelle nouille ! Un jour, j'apprendrais à tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler. Dans l'intervalle, j'assumerais mes âneries