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Critique de ATOS


« Sois heureux, petit-livre-fille.Il ne faudra pas te plaindre quand finalement tu paraîtras désuet et suranné, quand tu seras aussi démodé que les crinolines d'il y a une génération. Ne te lamente pas si de jeunes personnes te lisent en faisant pffff, des ah et des bof, se demandant de quoi tu peux bien parler. Réjouis-toi, petit-livre ! Car ce jour là nous serons libres. »
Joanna Russ, extrait, L'Autre Moitié de l'homme.1975
En attendant petit-livre fille, malheureusement, tu es bien d'actualité. Et je ne suis pas loin de penser qu'en France, du moins ( considérant les retards de plus en plus criant et nombreux que notre société s'acharne à produire et entretenir ) ce n'est pas demain que ton sujet tombera en désuétude. Alors, la colère est Manisfeste.
Le livre d'Alice Coffin a provoqué bien des remous dans la sphère médiatique. Et ce n'est pas son titre qui en est la cause, mais bien l'état du journalisme en France qui est dans cet ouvrage analysé.
Communautés…. Voici un mot qui depuis quelques temps tourne, virvolte, siffle, souffle dans tous les débats. Sexualité, religion, politique... Tout est amalgamé. Force est de constater que ce mot est devenu sur le champ des échanges publics une grenade ou une patate chaude selon l'éclairage des salles de rédactions.
Coffin explique clairement la différence qui peut exister entre un journalisme américain et un journalisme à la française, à notre époque. le fait de ne pas concevoir qu'un.e journaliste représentant une communauté ne serait pas légitime pour couvrir un sujet concernant la communauté à laquelle ielle appartient, est sans doute la pire erreur que nos médias s'évertuent à reproduire.
Ainsi doit-on se contenter d'un journalisme hors cadre, hors champ, totalement déconnectés, dont les investigations se trouvent biaisés, réduites, aseptisées.
Et je pense que cela explique l'appétence grandissante que les médias éprouvent pour les avis des «  experts ».
Comment sinon traiter d'un sujet lorsqu'on ne sait pas de quoi on est entrain de parler…. ?
Ce n'est pas la vision du lesbianisme qu'exprime Coffin qui a dérangé un certain monde médiatique, c'est la critique du monde auquel l'auteure appartient. Car elle connaît son sujet. Tous les sujets dont elle traite. Féminisme, hétérosexualité, homosexualité, communautés, féminicide, militantisme, engagement politique.
Oui c'est une activiste, militante , convaincue Elle connaît les chiffres des massacres des massacres de femmes à travers le monde. Elle en connaît la source. Nous la connaissons .
J'entends sa colère, son radicalisme. Certain.e.s crieront à l'exagération, à la folie d'un activisme féministe exacerbé. Mais regardons les chiffres, et ce sont des larmes de sang qui nous viennent. Héritière de Wittig, Alice Coffin est une Guérillère. Je ne crains pas son discours tranchant percutant. Je le reçois. C'est un combat. Et à le lire, je vois mieux pourquoi sa parution a pu susciter tant de haine parmi les rétrécis du cortex cérébral qui tentent par tous les moyens de s'accrocher, avec hystérie, à leur vieux monde.
Astrid Shriqui Garain



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