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Critique de JacquesLarcher


Je m'interrogeais parfois sur le sort qu'avait réservé une partie des intellectuels français à ce peintre célèbre en oubliant de le citer ou en discréditant son travail, laissant se répandre parmi une grande partie de la population une image négative à son sujet.
J' admire Mme Cohen-Solal d'avoir pris un parti pris résolument favorable à l'homme dans sa globalité, sans appuyer sur le côté que certaines personnes aimeraient tant mettre en avant comme si cela reflétait réellement cet artiste, notre contemporain pris dans la tourmente de ce XXe siècle qui a vu alterner les périodes d'euphorie collective et les périodes sombres et terribles pour les familles.
Je m'explique sur mon enthousiasme envers cet ouvrage. J'ai lu, il y a quelque temps maintenant, un livre sur la vie de Che Guévara intitulé « Che, une vie révolutionnaire » écrit par Jon Lee Anderson publié chez La librairie Vuibert fin 2020 illustré par José Hernandez et je n'ai pas aimé le parti pris de l'auteur et sa façon de travailler son récit. Je ne comprends pas comment on peut écrire une biographie en n'aimant pas son personnage. Avoir de l'empathie pour lui, procure certainement une envie d'en savoir plus sur sa vie, mais apparemment avoir de l'antipathie aussi. Dans ce récit illustré remarquablement (il est vrai), la vie du personnage est racontée à l'aune de documents issus uniquement des archives de sa famille et surtout d'après les archives de la C.I.A. Et c'est ce point de vue de policier et de parti pris « marcarthysant » qui est mis en avant. Non seulement ce livre a écorné les beaux espoirs de ma jeunesse, mais il me montre que les méthodes de recherches universitaires de ce côté de l'Atlantique ne sont pas les mêmes.
Alors quand je vois que la masse de documentations sur laquelle vous vous appuyez pour raconter la vie et l'oeuvre de Picasso votre ouvrage est beaucoup plus riche que les deux pauvres sources de cet Anderson.
De même, quand François Bon raconte l'histoire du groupe de rock Led Zeppelin (Albin Michel 2008),c'est avec passion pour la musique et les hommes. A sa lecture on ressent qu'il a aimé les musiciens et qu'il a pris plaisir à construire et écrire son récit.

J'ai envie de vous faire partager la joie que j'éprouve à la fin de chaque chapitre, en découvrant l'artiste, ce Léonard contemporain dans sa découverte de la vie parisienne au début du XXe siècle, de ses déconvenues, de ses rencontres capitales qui lui ont permis de vivre de son talent et surtout de son travail. Cette ode au travail du peintre est remarquable car il efface les « ragots populaires » que j'entends encore autour de moi quand un enfant peint maladroitement et que l'on dit alors qu'il fait du Picasso.
C'est vrai qu'il a été longtemps stigmatisé et pour sa peinture (incomprise par le public) et ses engagements politiques. Aujourd'hui il trouve sa place dans notre Panthéon intellectuel. Mais depuis quand ?
Je suis allé admirer l'exposition à Angoulême que le musée de la BD lui consacre cette année, ce qui traduit l'évolution de nos gouts depuis 100 ans, même si l'artiste n'est vu ici qu'à travers ses coups de crayon. Mais on y découvre son attachement à tout ce qui est dessiné quel que soit son origine géographique ou artistique.
Aussi je me dis que si Picasso est un génie en tant que peintre, il l'est aussi comme homme de bien.
Et puis, j'apprends à mieux connaitre son talent de peintre, d'artiste, je comprends comment il est devenu une figure incontournable de l'art contemporain.
Seul bémol le chapitre 3 qui m'a laissé sur ma faim concernant les anecdotes ou/et les rencontres qu'il a faites au cours de la période 1019-1939 et qui ne vont pas à leur terme, le lecteur étant censé connaitre l'issue de leur rencontre. Je pense aux demandes de Breton pour illustrer son oeuvre… Je ne sais pas si l'artiste a consenti à lui faire son portrait comme il le demandait….
Les chapitres suivants sont passionnants et terminer ce récit, en apothéose sur la très grande générosité de Picasso pour ses « frères », ses amis, ses camarades connus et inconnus et tous les gens qui ont visité la Cote d'Azur en passant par Vallauris avant et après sa mort fait du bien au lecteur que je suis.
Jamais plus je ne regarderai ses tableaux ou ses reproductions sans penser à cet ouvrage et aux excellents commentaires que vous avez su aller chercher au bon endroit et les mettre ainsi à notre disposition, nous permettant de comprendre et d'admirer tout simplement le dessin, la sculpture ou la céramique.
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